Un récent sondage de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec révèle un épuisement chez les vétérinaires de la province et, surtout, un manque de temps pour répondre à une demande grandissante pour leurs services. Une situation à laquelle n’échappe pas la région. La cause? La pandémie de coronavirus.
«Mon personnel permanent est très fatigué», confie la propriétaire de la Clinique vétérinaire Mont-Saint-Grégoire, Dre Marie-Claude Duval. Depuis le début de la pandémie, la clinique a dû s’adapter aux différentes mesures sanitaires exigées par la santé publique et l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec.
Dès mars, tous les rendez-vous ont été annulés ou reportés à une date inconnue afin de ne traiter que les urgences. Cette mesure a perduré jusqu’en juin, moment où les examens réguliers, rappels de vaccin et autres rendez-vous ont pu reprendre avec un encadrement strict. Aucun client n’était admis à l’intérieur de la clinique.
Retard important
Il a fallu attitrer du personnel uniquement pour aller chercher les animaux dans les véhicules des propriétaires, les maintenir en place lors des examens et les ramener une fois la procédure terminée. Il fallait également prévoir du temps entre chaque rendez-vous pour désinfecter les lieux et les instruments utilisés.
Il en a résulté un retard important dans les suivis réguliers des clients. «J’ai cinq mois de retard pour les rappels de vaccin», donne en exemple Dre Duval. Et ce n’est pas faute de mettre les bouchées doubles. La vétérinaire et chroniqueuse au journal <@Ri>Le Canada Français<@$p> a procédé à l’embauche de deux employées supplémentaires.
Nouveaux clients
À la Clinique vétérinaire Ami-Fidèle de Saint-Jean-sur-Richelieu, par souci de maintenir un suivi régulier avec des clients de longue date, la décision a été prise cet automne de refuser les nouveaux clients. Pourtant, de nombreux citoyens de la région ont procédé à l’adoption de chiots au cours des derniers mois. Plus que jamais, les animaux de compagnie ont la cote auprès du public.
«On avait des clients que ça faisait plusieurs années qui venaient chez nous et qu’on n’était plus capable de placer en dedans de deux semaines», explique Mme Frenette. Une situation qui n’a rien d’unique dans la région. Selon le sondage de l’Ordre, 90% des établissements soignant les petits animaux refusent actuellement des cas dans la province.
Une situation que la clinique explique par un ensemble de facteurs, dont les mesures d’hygiène énumérées précédemment ainsi que l’absentéisme lié à la COVID-19. La profession, rappelle Mme Frenette, est majoritairement féminine et plusieurs mamans ont dû se résoudre à rester à la maison à diverses occasions en raison des mesures de prévention liées au virus en garderie ou dans les écoles.
Essoufflement
«On ressent un essoufflement, oui. L’équipe commence à vouloir des vacances», ne cache par Annic Frenette. Pour mettre un chiffre sur la situation, le sondage de l’Ordre révèle que 87% des vétérinaires sondés sont à bout de souffle. Une donnée qui inquiète d’ailleurs le président de l’Ordre, Dr Gaston Rioux.
«Sachant qu’il s’agit d’une situation qui risque de se prolonger dans le temps, l’Ordre craint que la situation s’empire et mène à de plus importants bris de services, voire à des situations de détresse chez ces professionnels, particulièrement dans les régions éloignées qui sont déjà en pénurie de main-d’œuvre», dit-il.
Ce dernier appelle d’ailleurs le public à être compréhensif. Même chose pour Dre Marie-Claude Duval qui invite les gens à être patients et à garder le sourire le temps que la situation revienne à la normale.