Un projet estimé à 21 M$ pour réduire les inondations

Par Marie-Pier Gagnon
Un projet estimé à 21 M$ pour réduire les inondations
Le Groupe d'étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu vient de présenter ses recommandations visant à limiter les dégâts lors d'inondations importantes comme celles survenues en 2011. (Photo : Archives - Le Canada Français)

Le Groupe d’étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu vient de présenter les conclusions de son rapport portant sur d’éventuelles mesures pouvant réduire les inondations. Une combinaison de trois actions est proposée, soit la création d’un réversoir submergé, la déviation de l’eau dans le canal de Chambly et l’enlèvement sélectif de matériaux dans le haut-fond de la rivière Richelieu, à Saint-Jean-sur-Richelieu. Coût de la facture: 21M$.

Créé cinq ans après les inondations historiques de 2011, le Groupe d’étude international du lac Champlain et de la rivière Richelieu (GEILCRR) a reçu le mandat d’évaluer les causes, les impacts, les risques et les solutions potentielles aux inondations dans le bassin du lac Champlain et de la rivière Richelieu. Mettant à profit l’expertise de nombreux scientifiques canadiens et américains, le Groupe en est venu à des conclusions qu’il présentera officiellement en avril.

Des rencontres virtuelles auprès du public et des instances concernées ont eu lieu en février pour présenter les grandes lignes du rapport. Les experts en viennent à la conclusion qu’il est possible d’éviter qu’une situation rappelant le scénario de 2011 se reproduise en ramenant le régime hydraulique du haut-fond de Saint-Jean-sur-Richelieu à un état plus naturel, celui-ci agissant comme un goulot d’étranglement et influençant les niveaux en amont.

Le Groupe d’étude mise sur des actions dans le haut-fond de la rivière Richelieu pour diminuer les impacts des inondations dans la région. On propose entre autres d’enlever les artéfacts (ex. pêches à anguille) et de créer un réservoir submergé entre le pont Gouin et le pont du CN.

Haut-fond
Co-président canadien du GEILCRR, Jean-François Cantin rappelle que des actions humaines ont modifié le lit de la rivière au fil des ans. Ce fut entre autres le cas lors de la construction du barrage Fryer avant la Seconde Guerre mondiale ou encore avec l’installation d’équipement pour permettre la pêche aux anguilles.

Inutilisés aujourd’hui, ces installations – qui inclus d’autres artéfacts – ont néanmoins pour effet de réduire la circulation de l’eau dans le Richelieu.
Pour remédier à la situation, le Groupe d’étude propose de procéder à l’excavation sélective du haut-fond pour éliminer les artéfacts et aplanir les zones affleurantes. M. Cantin précise que les pêches à anguille les plus apparentes ne seraient pas visées par la démarche puisqu’ils servent de repères pour les citoyens.

Tous les matériaux retirés seraient par la suite réutilisés pour créer un réversoir submergé reliant les deux rives entre le pont Gouin et le pont du CN.

Six pouces
En utilisant la référence de 2011, ces deux mesures combinées auraient pour impact de réduire le niveau de la rivière de six pouces et le lac Champlain de quatre pouces en période d’inondation. Plus concrètement, cela signifierait 596 résidences de moins de touchées par la crue, soit 15,5%. Parallèlement, en période de sécheresse, le retour d’un régime hydraulique plus naturel permettrait d’élever le niveau d’eau de 11 pouces par rapport à l’étiage record de 1965.

«Cette solution rendrait des services tout au long de l’année», de résumer M. Cantin. On parle ici de travaux de l’ordre de 8M$. Pour chaque dollars investi, 10$ seraient récupérés par l’évitement de dommages. À cet effet, le GEILCRR estime que les dommages engendrés par les inondations de 2011 étaient largement sous-estimés. Si on parlait à l’époque de 110M$, ils auraient plutôt été de l’ordre de 188M$.

Canal de Chambly
Ce n’est toutefois pas tout. Les experts recommandent d’ajouter un troisième volet aux actions, soit la déviation d’un débit d’eau modéré dans une portion du canal de Chambly, soit à la hauteur du haut-fond de Saint-Jean-sur-Richelieu. Il s’agirait d’une mesure réservée aux crues exceptionnelles. Des discussions ont eu lieu à ce sujet avec Parcs Canada et un débit modéré d’eau pourrait être acceptable moyennant des travaux.

M. Cantin ajoute que la possibilité de faire passer un débit d’eau élevé est exclu. Il faudrait alors prévoir des travaux dépassant 100 M$ afin de modifier le canal actuel et lui permettre d’absorber la pression d’autant d’eau. En optant pour une version modérée, les travaux seraient plutôt de l’ordre de 13M$ et, toujours en prenant la référence de 2011, la rivière s’abaisserait de 2,8 pouces supplémentaires alors que la lac Champlain baisserait de 1,8 pouce supplémentaire. On parlerait alors de 928 résidences sauvées (24,2%).

La suite
Une fois déposé, le rapport du GEILCRR sera analysé par la Commission mixte internationale qui remettra à son tour, d’ici la fin de 2022, ses recommandations aux différents gouvernements. Ce sera ultimement à eux de décider des actions qui seront prises.

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