NEW YORK — Malgré tout le vitriol que l’on sent dans les propos des propriétaires du Baseball majeur et des joueurs en lock-out, l’écart entre les deux camps s’est rétréci au cours des dernières semaines et les négociations se poursuivent à l’intérieur d’un cadre de travail commun dans le but d’obtenir une nouvelle convention collective.
Alors que lundi marquait le 96e jour du conflit de travail, les deux parties restent sur leurs positions dans trois enjeux majeurs, soit la taxe de luxe, la cagnotte de bonis réservée aux joueurs non admissibles à l’arbitrage salarial et le salaire minimum.
Le Baseball majeur a fait savoir au syndicat lundi, que mardi sera la dernière journée possible pour atteindre un accord qui permettrait de jouer une saison de 162 matchs, selon ce qu’a rapporté le site The Athletic. Cela permettrait aux joueurs de mettre la main sur l’entièreté de leur salaire et tout le temps de service prévu.
Jusqu’ici, le commissaire Rob Manfred a annoncé l’annulation de 91 parties du calendrier régulier et l’on s’attend à ce que ce nombre grimpe sous peu.
Lundi, sur la chaîne YES, associée aux Yankees de New York, le président de l’équipe, Randy Levine, a qualifié la situation «d’horrible». «Tout le monde chez les Yankees, tout le monde dans le Baseball majeur est à blâmer pour la situation où l’on se retrouve, les joueurs, les propriétaires, les dirigeants», a-t-il déclaré.
«Tout ça paraît très mal, particulièrement en tenant compte de ce qui se passe actuellement dans le monde, a poursuivi Levine. Nous paraissons tous très mal… c’est embarrassant d’en être rendu là.»
Dans une industrie où la masse salariale totale devrait s’élever autour de 4 milliards $, l’écart de points de pourcentage sur certains enjeux ne semble pas insurmontable.
Les deux camps seraient à quelque 15 millions $ d’écart sur le salaire minimum cette année, 20 millions $ pour 2023 et 25 millions $ pour 2024, c’est-à-dire moins de 1 % de l’ensemble de la masse salariale.
En ce qui concerne la nouvelle cagnotte proposée pour les joueurs qui surperforment, mais qui ne sont pas admissibles à l’arbitrage salarial, l’écart serait de 50 millions $ cette année et se creusent jusqu’à atteindre 70 millions $ pour l’année 2026. Encore là, ces chiffres ne représentent qu’une mince part de 2 % de l’ensemble de la masse salariale.
Finalement, l’enjeu le plus polarisant reste le plafond salarial et le taux de la taxe de luxe. Sur ce point, l’écart entre les deux camps varie de 18 millions $ pour cette année jusqu’à 33 millions $ en 2026.
Combien d’argent les joueurs touchent-ils pour chaque million de dollars ajouté au plafond salarial? Aucune formule précise n’existe sur le sujet.
En 18 saisons sous la règle de la taxe de luxe, on a connu trois saisons lors desquelles une seule équipe a été pénalisée, dix saisons avec deux clubs punis, deux saisons avec trois formations et une saison chacune avec cinq, six et sept organisations fautives.
Une estimation maximale de l’impact d’une hausse du plafond sur les revenus des joueurs serait un facteur multiplicatif de cinq. Mais l’histoire nous enseigne que l’impact réel est fort probablement moindre.
Le Baseball majeur craint qu’une hausse du plafond salarial en 2022 ne mène à d’autres hausses pour les saisons suivantes, ce qui augmenterait la disparité entre les marchés riches et les marchés moyens ou moins nantis qui ne parviendraient pas à retenir leurs meilleurs joueurs.
Mais la négociation impliquerait plus que ces éléments monétaires, elle doit maintenant composer avec un élément de perception et d’état d’esprit.
L’Association des joueurs considère avoir fait un pas vers les propriétaires en retirant ses propositions sur un marché de l’autonomie plus libre et sur un élargissement de l’accès à l’arbitrage salarial. Les joueurs disent aussi faire des concessions en acceptant la publicité sur les uniformes et les casques; l’imposition d’un chronomètre aux lanceurs; l’interdiction des permutations en défensive; et le changement de format des séries éliminatoires.
De son côté, la ligue estime qu’elle a déjà accordé plus d’argent aux joueurs avec l’ajout du frappeur désigné dans la Nationale, en éliminant les compensations pour la perte d’un joueur autonome, en augmentant la valeur des bonis versés aux joueurs repêchés, en augmentant la cagnotte des bonis de séries éliminatoires et en bonifiant le fonds de pension.
Les équipes croient avoir répondu aux critiques des joueurs qui plaidaient que les jeunes joueurs vedettes n’étaient pas rémunérés à leur juste valeur, mais le syndicat maintient qu’elles ne vont pas assez loin.
Malgré les concessions de part et d’autre, les deux camps semblent se diriger vers une saison perdue à moins qu’ils acceptent de faire d’autres compromis.
«C’est une possibilité horrible et difficile à accepter, a soutenu Levine. Honte à nous si jamais on en arrive là.»