MONTRÉAL — General Motors (GM) fait un retour au Québec, 20 ans après avoir fermé son usine de Boisbriand. Le constructeur automobile américain et son partenaire coréen POSCO Chemical établiront une usine qui fabriquera des composantes de batteries de véhicules électriques, à Bécancour, dans le Centre-du-Québec.
L’usine traitera les matériaux actifs de cathode, un matériau de batterie clé composé notamment de nickel traité, de lithium et d’autres matériaux représentant environ 40 % du coût d’une cellule de batterie.
GM et POSCO prévoient que le chantier coûtera 400 millions $ US, environ 500 millions $. L’investissement entraînera la création de 200 emplois.
Les deux entreprises veulent entreprendre la construction de l’usine «immédiatement» et l’établissement devrait commencer sa production «au début de l’année 2025», a précisé Scott Bell, président et directeur général de GM Canada, lors d’une conférence de presse à Montréal, lundi. «Une des raisons pour laquelle nous aimons le site est qu’il nous donne l’occasion de prendre de l’expansion. Nous avons la possibilité de le faire si nécessaire.»
Même si GM entame ses travaux dès maintenant, le processus environnemental en cours sera respecté, assure le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette. Le ministère a déjà fait des «travaux préalables» pour les terrains visés. «Ce qu’il fallait identifier dans un premier temps, c’était les terrains disponibles. C’est un travail qui a été fait avant même d’identifier quels étaient les partenaires qui allaient s’installer sur ces sites-là. Ce travail-là nous permet d’aller plus rondement aujourd’hui.»
Le ministre n’a pas voulu s’avancer à savoir quelles seront les prochaines étapes de l’évaluation environnementale. «Pour ce qui est des projets à venir, il y a une procédure qui est bien établie au Québec et on va s’y conformer, c’est bien certain, selon la nature des projets qui vont se développer sur ces terrains-là.»
En décembre, GM et POSCO Chemical avaient annoncé qu’elles créaient une coentreprise afin d’établir une usine en Amérique du Nord. GM a comme objectif de construire près de 1 million de véhicules électriques, annuellement, en Amérique du Nord d’ici la fin de l’année 2025. L’entreprise veut que la majorité des composants, en termes de valeur, soient fabriqués en Amérique du Nord.
La filière québécoise
L’annonce démontre les avantages concurrentiels du Québec dans la filière de la batterie, juge le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. «Ce que nous offrons au Québec, qui est particulier, c’est la proximité. Quand vous parlez des grands joueurs dans le domaine de l’automobile, c’est la proximité aux ressources, aux usines d’assemblage et bien évidemment la proximité au marché.»
«Le Canada, est le seul pays de l’Ouest qui possède l’ensemble des minéraux critiques pour produire des batteries, que ce soit le cobalt, que ce soit le lithium, que ce soit le nickel ou le graphite, ajoute le ministre Champagne. Ça nous met dans une position fort enviable pour attirer des investissements prestigieux. »
Les modalités de la participation financière du fédéral et de Québec n’ont pas encore été déterminées. Les deux paliers de gouvernement doivent encore finaliser le montage financier avec GM.
Chez Unifor, dont l’un des syndicats fondateurs représentait les travailleurs de GM à Boisbriand, on voit d’un bon œil l’annonce de lundi. «En tant que plus grand syndicat du secteur automobile, nous suivons avec grand intérêt tous les développements liés à la filière batterie. C’est évidemment un groupe que nous souhaitons représenter», a commenté le directeur québécois du syndicat, Renaud Gagné, dans un communiqué.
M. Champagne et le ministre de l’Économie du Québec, Pierre Fitzgibbon, ont mentionné que l’aide serait similaire au soutien apporté pour d’autres projets comparables.
L’annonce survient quelques jours après que la multinationale allemande BASF a dévoilé son intention d’établir une usine de fabrication et de recyclage de batteries pour véhicules électriques à Bécancour, vendredi dernier. L’entreprise affirmait que la municipalité était un emplacement «idéal» pour des raisons logistiques et pour l’accès à l’énergie hydro-électrique.
L’investissement de GM s’inscrit dans les intentions du gouvernement Legault de promouvoir la filière de la batterie au Québec, a dit M. Fitzgibbon.
«Premièrement, on veut exploiter et transformer les minéraux du territoire québécois pour fabriquer des composantes de batteries. Deuxièmement, on souhaite produire les cellules qui alimenteront les usines d’assemblage. Troisièmement, on veut développer le recyclage des batteries à partir de technologies québécoises. Finalement, on souhaite augmenter la production de véhicules commerciaux électriques.»