Construction: les femmes représentent maintenant 3 % de la main-d’oeuvre active

Lia Lévesque, La Presse Canadienne
Construction: les femmes représentent maintenant 3 % de la main-d’oeuvre active

MONTRÉAL — Le progrès a été lent, mais l’objectif de 2015 vient d’être atteint: les femmes représentent maintenant plus de 3 % de la main-d’oeuvre active dans l’industrie de la construction au Québec.

C’est cet objectif d’«au moins 3 pour cent» de femmes que s’était donné la Commission de la construction du Québec dans son Programme d’accès à l’égalité en 2015. Elle visait alors à atteindre ce seuil d’au moins 3 % en 2018, ce qui équivalait à doubler la proportion de femmes dans l’industrie.

L’objectif de 3 % n’avait pas été atteint en 2018. Il l’a été en 2021, selon les données préliminaires de la CCQ, qu’a pu consulter La Presse Canadienne.

Plus précisément, en 2021, il y avait 6224 femmes actives dans les chantiers de construction du Québec, soit 3,27 % de la main-d’oeuvre active.

En 2020, elles étaient 4849, soit 2,73 % de la main-d’oeuvre active.

Ce sont ainsi 3898 entreprises de construction qui ont embauché des femmes, soit 14,7 % des entreprises dans l’industrie. En 2020, on dénombrait 3294 entreprises à l’avoir fait.

«Je suis ravie, optimiste, mais lucide», s’est exclamée en entrevue la présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec, Diane Lemieux.

«Ça a pris du temps, c’est clair. Il y a vraiment quelque chose qui s’est passé», lance Mme Lemieux, qui croit même que le phénomène est «irréversible».

Elle admet que la rareté de main-d’oeuvre dans l’industrie de la construction y est sans doute pour quelque chose, les employeurs ayant «épuisé leurs talles traditionnelles» à cause de la baisse du nombre de diplômés dans le domaine. «On ne peut nier que la pénurie a forcé le jeu», admet Mme Lemieux.

Mais «au-delà des statistiques, je pense qu’on a assisté à une adhésion beaucoup plus grande. Je me souviens, au début, quand on parlait de ça (…) on était encore dans ‘les femmes ne veulent pas’ ou ‘les femmes ne sont pas capables’. On était dans les clichés de base. Maintenant, je vois des associations patronales qui ont développé des prix pour des entrepreneurs qui ont été particulièrement exemplaires quant à l’intégration des femmes. Et là tu dis: oups, il y a quelque chose qui s’est vraiment passé», résume Mme Lemieux.

Les cinq métiers ou occupations comptant le plus de femmes sont ceux de peintre, charpentière-menuisière, manoeuvre, électricienne et plâtrière.

Le métier où il y a la plus grande proportion de femmes est celui de peintre, avec 23 %.

Et après?

Maintenant que l’objectif d’au moins 3 % de femmes a été atteint, la CCQ va-t-elle se doter d’un objectif plus ambitieux? 

La CCQ envisage un programme «version 2.0» d’ici la fin de l’année. Mme Lemieux ne peut dire avec certitude s’il inclura effectivement un pourcentage précis.

Chose certaine, elle veut d’abord analyser ces données plus à fond. «On regarde les gains faits, où demeurent les noeuds, pourquoi elles sont moins présentes dans certains métiers», par exemple.

Elle se montre aussi préoccupée par le taux de rétention dans l’industrie de la construction, qui est traditionnellement plus bas pour les femmes que pour les hommes. «Oui, on entre plus de femmes, mais qu’est-ce qu’on fait pour les maintenir?»

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