Ouvrir davantage la porte au privé dans la santé, comme l’envisage le gouvernement Legault, est «extrêmement inquiétant» et ne fera qu’affaiblir davantage le réseau public, prévient la FIQ.
La Fédération interprofessionnelle de la santé et la FIQP (privé) rencontraient la presse, mardi, pour faire part de leurs attentes envers le budget du ministre des Finances Eric Girard, qui doit être déposé la semaine prochaine.
La FIQ et la FIQP plaident pour un réinvestissement dans les soins à domicile, dans les services aux aînés, pour une loi sur les ratios infirmière-patients. Elles veulent une amélioration des conditions de travail des infirmières et autres professionnelles en soins pour les maintenir dans le réseau public, notamment par la fin du TSO — le temps supplémentaire obligatoire.
Or, à la suite de récentes déclarations du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, dans différents médias, il semble de plus en plus évident que le gouvernement veut plutôt faire davantage de place au privé dans la santé.
La présidente de la FIQ, Julie Bouchard, croit qu’en agissant ainsi, Québec va plutôt décharner le réseau public.
«Le but premier du gouvernement, c’est de diminuer les listes d’attente. qui sont très, très élevées depuis le début de la pandémie. Maintenant, même si on voulait diminuer ces listes d’attente-là, les professionnelles en soins sont manquantes. Il en manque beaucoup trop dans le réseau de la santé. Alors on doit faire autrement. Est-ce que le privé est la solution? La réponse est non, puisqu’on vient diviser, encore une fois, le réseau public», a commenté Mme Bouchard.
«C’est extrêmement inquiétant. Plus on tend vers le privé, plus on ouvre la porte au privé… Actuellement, on sait combien ça peut coûter au contribuable d’aller vers le privé. Et c’est d’autant plus inquiétant, alors qu’on pourrait prendre ces sommes-là et les réinvestir dans de réelles conditions de travail pour les professionnelles en soins et prendre tous ces montants et faire en sorte que la pénurie de main-d’oeuvre diminue de manière assez considérable», a plaidé Mme Bouchard.
Dans le budget
Tout au contraire, la FIQ pense qu’il faut investir davantage dans le réseau public pour qu’il redevienne attrayant et offre un meilleur accès aux soins pour les citoyens.
La «crise des conditions de travail» doit être résolue et cela passe par une conciliation travail-famille, «respecter la journée de travail» en n’imposant plus d’heures supplémentaires, en ayant des quarts et des postes attrayants.
Mme Bouchard rappelle que 5,3 milliards $ ont été octroyés à des primes COVID temporaires, durant la pandémie. Elle croit que cette somme devrait maintenant demeurer dans le réseau public de la santé pour des «mesures pérennes».
Elle souligne par exemple que le Québec affiche un taux d’institutionnalisation des personnes âgées de 75 ans et plus de 18,4 %, comparativement à 6,1 % en moyenne dans les autres provinces.
Garder les aînés à domicile devrait être une priorité du budget Girard, a plaidé Mme Bouchard. La FIQ vise une cible de 40 % de couverture publique des services à domicile.