MONTRÉAL — Les enfants et les adolescents qui sont victimes d’une commotion cérébrale augmentent ensuite leur risque de troubles de santé mentale, prévient la plus importante étude jamais réalisée sur le sujet.
Les chercheurs de l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) ont étudié quelque 450 000 jeunes Canadiens âgés de 5 et 18 ans pendant une période de dix ans. Un tiers des participants avaient subi une commotion cérébrale et les autres une blessure orthopédique. Aucun n’avait requis de soins pour des problèmes de santé mentale au cours de l’année précédente.
Les jeunes qui avaient subi une commotion cérébrale présentaient un risque accru de 40 % de problèmes de santé mentale, d’hospitalisation psychiatrique et d’automutilation comparativement à ceux qui avaient été victimes d’une blessure orthopédique, ont découvert les scientifiques.
L’anxiété, les troubles d’adaptation, les troubles du comportement, les troubles de l’humeur et de l’alimentation, la schizophrénie, les troubles liés à la consommation de substances, les idées suicidaires et les troubles du développement psychologique étaient aussi plus répandus dans la cohorte des enfants et adolescents ayant subi des commotions cérébrales que dans le groupe avec des blessures orthopédiques.
«Notre étude montre que les commotions cérébrales peuvent être beaucoup plus que des symptômes somatiques, comme des maux de tête, a expliqué la docteure Andrée-Anne Ledoux, l’auteure principale de l’étude et scientifique à l’Institut de recherche du CHEO. Il pourrait y avoir un impact émotionnel ou cognitif à long terme en santé mentale, sur la vie des enfants. Je pense qu’on doit commencer à prendre ça en considération.»
Et même si le pourcentage de 40 % est «élevé», ajoute la docteure Ledoux, il est important de retenir que tous les enfants ne sont pas condamnés à souffrir de troubles de santé mentale après une seule commotion, a-t-elle dit.
D’autres travaux seront toutefois maintenant nécessaires pour mieux comprendre quels enfants seront affectés et dans quelles circonstances ils le seront.
Pour le moment, a dit la docteure Ledoux, les experts ne comprennent pas vraiment si les changements biochimiques ou physiologiques constatés dans le cerveau après une commotion sont responsables des impacts sur l’humeur ou le comportement à long terme après la blessure. D’autres facteurs comme l’absence d’activité physique ou de stimulation sociale après la commotion; le milieu social ou familial de l’enfant; ou même sa génétique pourraient aussi être en cause.
Chose certaine, a dit la docteure Ledoux, il est important pour les médecins et pour les parents de savoir qu’une commotion cérébrale peut être à l’origine de problèmes de santé mentale chez un jeune, afin d’être à l’affût des symptômes qui pourraient émerger et de prendre les mesures nécessaires.
«Ça ne fait pas si longtemps qu’on encourage les médecins à procéder à un dépistage de santé mentale après une commotion cérébrale, a-t-elle souligné. On commence vraiment à voir qu’il y a une association et que c’est important de procéder à un dépistage de santé mentale ou de dépister les facteurs qui pourraient prédisposer l’enfant à avoir des problèmes de santé mentale.»
Outiller l’enfant et sa famille pour gérer les problèmes de comportement, les problèmes psychologiques ou simplement les symptômes de la commotion cérébrale, et assurer une bonne communication à ce sujet, vont aider l’enfant à récupérer plus rapidement, a dit la docteure Ledoux.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.