OTTAWA — Les fournisseurs de services de télévision canadiens ne sont plus autorisés à distribuer la chaîne d’État de la Russie, RT, après que l’organisme de réglementation fédéral a découvert que la programmation prenait à partie les Ukrainiens depuis le début de l’invasion russe.
Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) retire RT, anciennement connu sous le nom de Russia Today, et RT France de sa liste «de services de programmation et de stations non canadiens autorisés pour distribution».
Le CRTC peut annuler l’autorisation d’un service de télévision s’il estime que le contenu viole les règlements qui s’appliquent aux diffuseurs canadiens titulaires d’une licence.
Le Conseil a précisé que si RT et RT France étaient canadiennes, il «leur aurait demandé de rendre compte de leur contenu».
Le CRTC a mentionné dans sa décision que le contenu de la chaîne constitue «un commentaire abusif puisqu’il tend ou est susceptible d’exposer le peuple ukrainien à la haine ou au mépris en raison de sa race, de son origine nationale ou ethnique».
Le gouvernement fédéral avait officiellement demandé au CRTC de revoir la présence du télédiffuseur soutenu par le Kremlin sur les ondes canadiennes le 2 mars.
Le premier ministre Justin Trudeau avait alors déclaré qu’il fallait agir pour lutter contre les mensonges et la désinformation de la Russie sur l’invasion de l’Ukraine, y compris sur les réseaux sociaux.
Le CRTC a conclu que les actions du gouvernement russe visant à limiter l’indépendance journalistique des agences de presse et à orienter le contenu de RT et d’autres services de radiodiffusion publics vont à l’encontre de la liberté d’expression et de l’indépendance journalistique, un principe clé de la radiodiffusion canadienne.
Rogers, Bell, Telus et Shaw ont déjà retiré RT de leurs listes de chaînes, ce qui signifie qu’à la connaissance du CRTC, aucun diffuseur canadien ne la distribuait au moment de l’analyse.
L’Union européenne a interdit RT ce mois-ci et le régulateur britannique sur la radiodiffusion a lancé plusieurs enquêtes sur l’impartialité de la chaîne.
Le Canada a également imposé des sanctions à la rédactrice en chef de RT, Margarita Simonyan, qui a été décrite par l’UE comme une figure centrale de la propagande du gouvernement russe.
La chaîne d’information soutenue par l’État russe a été fondée en 2005 et diffuse dans plus de 100 pays et de nombreuses langues.
Le CRTC a demandé des mémoires aux radiodiffuseurs et au public avant de prendre sa décision. Seules 16 des 373 interventions étaient contre l’interdiction de RT.
Le Conseil a indiqué que «plusieurs d’entre elles condamnaient fortement l’agression de la Russie en Ukraine» et l’incidence de ces médias d’État russes sur la perception des Ukrainiens.
Aucun des intervenants n’a contesté le fait que RT est contrôlée par le gouvernement russe et contient au moins une partie de la propagande gouvernementale.
Bien que certains aient soulevé des inquiétudes au sujet de la liberté d’expression et de la censure, le CRTC a affirmé que les Canadiens peuvent toujours accéder à RT en ligne s’ils le souhaitent.