OTTAWA — Le gouvernement fédéral se donne une année et demie de plus pour concevoir et mettre en œuvre le programme de rachat d’armes d’assaut prohibées annoncé il y a bientôt deux ans.
La période d’amnistie, qui devait prendre fin le 1er mai, sera prolongée jusqu’au 30 octobre 2023, a annoncé mercredi le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino, en marge d’une conférence de presse sur la violence liée aux armes à feu.
«Nous y travaillons de toute urgence. Nous espérons lancer quelque chose à très court terme, y compris un régime d’indemnisation équitable», a déclaré le ministre en réponse à une question de la presse.
M. Mendicino a soutenu qu’il espère que le lancement du programme se fera bien avant la fin de l’amnistie, évoquant même qu’une annonce pourrait être faite au printemps.
«Il y a eu beaucoup de travail important qui a été fait dans la modélisation de celui-ci, a-t-il déclaré. Nous voulons être sûrs que nous communiquons des informations exactes. Nous devons nous assurer que ce système est fait et mis en œuvre de manière sûre et sécurisée.»
En mai 2020, le gouvernement fédéral a interdit 1500 modèles d’armes à feu de type d’assaut, ce qui signifie qu’ils ne peuvent être ni utilisés, vendus ou importés légalement au pays.
Le directeur parlementaire du budget avait estimé en juin dernier qu’il pourrait en coûter 756 millions $ à Ottawa pour racheter ces armes, une facture qui pourrait grandement varier en fonction du nombre d’armes à feu au Canada et de la façon dont les libéraux structurent le programme.
Dans un communiqué, le groupe PolySeSouvient dit espérer que ce sera «le premier et le dernier» prolongement de la période d’amnistie.
Le regroupement, qui comprend des étudiants et des diplômés de l’École Polytechnique de Montréal, où un homme armé a tué 14 femmes en 1989, dit comprendre que la mort du projet de loi C-21, la pandémie et les élections ont entraîné d’importants retards.
«Les décrets de mai 2020 combinés au programme de rachat obligatoire, bien qu’extrêmement positif, ne représentent toujours pas une interdiction complète des armes d’assaut», soutient le groupe militant.
Il demande qu’Ottawa élargisse dans un éventuel projet de loi la définition des armes prohibées de façon à inclure toutes les armes d’assaut qui ont «échappé» au décret et d’empêcher les fabricants d’en introduire de nouveaux modèles qui pourraient «déjouer» les critères actuels.
Les fabricants auraient, par exemple, mis sur le marché des «carabines semi-automatiques à percussion centrale sans restriction qui peuvent accepter des chargeurs de grande capacité», affirme PolySeSouvient.
Le ministre Mendicino prenait la parole mercredi à Markham, en banlieue de Toronto, pour annoncer qu’Ottawa versera 250 millions $ sur cinq ans à des organismes locaux, par l’entremise de municipalités, pour prévenir la violence liée aux armes à feu. Les fonds visent à s’attaquer à «la racine du problème», a-t-on expliqué.
Dans le cas du Québec, le financement ira au gouvernement provincial qui fera lui-même la redistribution aux municipalités.
M. Mendicino a expliqué avoir discuté du sujet avec la ministre provinciale de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, dans les derniers jours et qu’il travaille à obtenir «un engagement (…) qui respecte leurs compétences et leur juridiction».