L’OMS devrait écarter le vaccin de Medicago, à cause de liens avec les cigarettiers

La Presse Canadienne
L’OMS devrait écarter le vaccin de Medicago, à cause de liens avec les cigarettiers

OTTAWA — L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’attend à rejeter le vaccin candidat de Medicago contre la COVID-19 en raison des liens de la pharmaceutique avec l’industrie du tabac.

Le vaccin «Covifenz», de la société Medicago, établie à Québec, a été homologué par Santé Canada le mois dernier.

La docteure Mariângela Simão, directrice générale adjointe de l’OMS pour l’accès aux médicaments, les vaccins et les produits pharmaceutiques, a déclaré jeudi que la demande déposée par Medicago pour obtenir une licence d’utilisation d’urgence du Covifenz sera probablement refusée, car les politiques de l’organisation sont très strictes concernant les liens des fabricants avec les cigarettiers. 

«Le processus est donc suspendu, a déclaré Mme Simão lors d’un point de presse de l’OMS. Il est très probable qu’il ne sera pas accepté pour la licence d’utilisation d’urgence.»

Le président de Medicago, Takashi Nagao, a écrit dans un communiqué de presse que la pharmaceutique n’avait pas reçu de «communication officielle» de l’OMS.

«Nous comprenons que cette décision est liée à l’actionnaire minoritaire de Medicago et non au profil d’innocuité et d’efficacité démontré de notre vaccin contre la COVID-19», a-t-il déclaré.

Un porte-parole de Medicago a indiqué que la société avait seulement été informée que la demande était en suspens. Il rappelle par ailleurs que la décision de l’OMS n’est pas liée à l’innocuité ou à l’efficacité du vaccin contre la COVID-19.

Le Canada a signé un contrat pour acheter jusqu’à 76 millions de doses du Covifenz, mais sa stratégie vaccinale repose désormais uniquement sur les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et de Moderna.

Si l’OMS refuse la demande de Medicago, le Canada ne pourra pas donner des doses de Covifenz à l’organisme COVAX.

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a souligné jeudi que «la décision de l’OMS n’est pas encore prise» et que le gouvernement fédéral travaille avec Medicago afin de «s’assurer que ses relations avec l’OMS se fassent correctement» et que les informations soient «parfaitement partagées».

M. Duclos a refusé de dire si le Canada a demandé à l’OMS de faire une entorse à ses règles.

Il a insisté que le vaccin de Medicago a été homologué par Santé Canada, «une agence de réglementation reconnue partout sur la planète», et qu’il pourrait être «bon pour beaucoup d’autres êtres humains à travers la planète».

Le Canada a investi 173 millions $ dans Medicago en 2020 pour soutenir le développement du vaccin Covifenz et aider Medicago à agrandir son usine de production au Québec. Il a également signé un contrat pour acheter au moins 20 millions de doses, avec des options pour 56 millions de plus.

M. Takashi a confirmé que le Canada est actuellement le premier et le seul client de Medicago, mais il a ajouté que des discussions sont en cours avec d’autres entités. Medicago n’a pas encore précisé si elle avait demandé une approbation ailleurs dans le monde.

«Nous ne pouvons pas commenter davantage ces discussions car elles sont confidentielles», a-t-il déclaré.

L’utilisation du vaccin de Medicago a été autorisée par Santé Canada le 24 février pour les personnes de 18 à 64 ans. L’innocuité et l’efficacité de ce vaccin chez les personnes de moins de 18 ans et de plus de 64 ans n’ont pas encore été déterminées.

Santé Canada a approuvé jeudi l’utilisation du vaccin de Moderna contre la COVID-19 pour les enfants âgés de 6 à 11 ans.

Le vaccin connu sous le nom de Spikevax avait déjà été approuvé pour les 12 ans et plus. La version pédiatrique pour les enfants de 6 à 11 ans est constituée de deux doses de 50 microgrammes. Le vaccin pour les 12 ans et plus consiste en deux doses de 100 microgrammes.

Le Canada avait prévu de faire don de toute dose excédentaire de vaccin aux pays à faible revenu par l’intermédiaire de COVAX.

COVAX ne peut utiliser que des vaccins pour lesquels l’OMS a accordé une licence d’utilisation d’urgence, de sorte qu’un rejet de Medicago pourrait limiter les pays dans le monde où le vaccin peut être utilisé.

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