BROSSARD, Qc — Mason, le plus jeune fils de l’entraîneur-chef par intérim du Canadien de Montréal Martin St-Louis, a de nouveau patiné sur la patinoire du Complexe sportif Bell de Brossard environ 30 minutes avant le début de la séance d’entraînement du grand club vendredi. Accotés contre la rampe, les attaquants Cole Caufield et Joel Armia ont échangé de bon coeur avec lui — Caufield lui prêtant même son bâton pour qu’il tente quelques tirs au but.
Cette scène, impensable jusqu’à tout récemment chez le Tricolore, témoigne d’une certaine façon du changement de culture qui est en train de s’opérer au sein du club depuis l’arrivée de St-Louis, le 9 février. Une culture plus familiale et détendue, moins froide que jadis.
D’ailleurs, St-Louis ne s’en cache pas. L’approche entre les entraîneurs et les joueurs a beaucoup changé sur le plan humain à travers la LNH depuis quelques années. Et c’est tant mieux.
«Jusqu’en 2015, quand j’ai annoncé ma retraite, je peux t’assurer qu’il n’y avait pas beaucoup de communication (avec les joueurs). Quelques entraîneurs le faisaient, mais ils n’étaient pas beaucoup. La ligue est beaucoup plus jeune, et on a tous pris conscience que la santé mentale est importante. Il y a donc un côté humain dans le sport, qui n’existait pas auparavant», a d’abord expliqué St-Louis.
«Et c’est pour ça que je trouve important de ‘coacher’ des individus, en fonction de leur personnalité, pour maximiser leur potentiel. Ça ne veut pas dire qu’on doive être moins exigeants, mais le côté humain prend maintenant plus de place dans le développement des joueurs», a-t-il ajouté.
Cette approche se ressent à bien des niveaux. Il suffit de penser à la situation du défenseur Jeff Petry, un pilier à la ligne bleue qui a demandé à être échangé d’ici la date limite des transactions, lundi, afin de retrouver sa famille, restée aux États-Unis en raison de la pandémie de COVID-19. Une situation délicate, mais qui a démontré toute l’empathie de St-Louis.
«Ce n’est pas facile pour Jeff, car sa famille n’est pas ici avec lui. On parle encore du côté humain. Je ne juge pas mes joueurs, seulement moi, car je ne suis pas dans leurs souliers. Mais étant papa moi-même, et ayant moi-même une famille, je sais que ce serait très difficile mentalement d’être privé de ma famille. Je navigue donc là-dedans avec Jeff, mais il y a aussi le côté hockey qui doit continuer de progresser. C’est donc un équilibre, et on va continuer de le chercher», a évoqué le Québécois âgé de 46 ans.
Empathie ne veut toutefois pas dire laxisme. St-Louis a rappelé en ce sens qu’il continuera d’être intransigeant sur l’effort que ses ouailles déploient sur la patinoire jour après jour. Même pour Petry.
«Tous les joueurs de notre équipe doivent en arriver avec un compromis avec moi. Et ça touche différents aspects, pour chaque joueur. On a des standards d’équipe, mais on a aussi des attentes pour chacun d’entre eux. Je travaille là-dessus individuellement avec chaque joueur, et Jeff fait partie de ces gars-là. On espère que les choses se placeront pour lui, pour qu’on puisse avancer collectivement et que Jeff puisse s’améliorer comme joueur», a résumé St-Louis.
Hoffman a surpris St-Louis
L’approche de l’ex-joueur étoile du Lightning de Tampa Bay semble également rapporter auprès de ses autres joueurs, dont le vétéran Mike Hoffman.
St-Louis a d’ailleurs eu de bons mots pour le joueur âgé de 32 ans qui a marqué 11 buts et récolté 12 mentions d’aide en 46 matchs cette saison, même s’il traînait une mauvaise réputation avant de se joindre au Canadien l’été dernier.
«Mike joue un rôle très important dans le vestiaire, en tant que vétéran. Je pensais qu’il n’était qu’un tireur, et j’ai été surpris de constater qu’il a une bonne tête de hockey. (…) Ces gars-là ont beaucoup de valeur pour moi, car ils sont très rapides (dans leur tête). ‘Hoff’ nous amène ça présentement, et ça paraît dans ses statistiques. Il comprend la ‘game’ de ses coéquipiers, et il est capable de jouer la sienne. Il m’impressionne», a résumé St-Louis.
De son côté, Hoffman n’a pas caché que l’arrivée de St-Louis lui avait permis de s’exprimer plus librement sur la patinoire. Ce qui lui a permis de maximiser son potentiel.
«Je suis un joueur offensif, qui aime contrôler la rondelle et effectuer des jeux. Et c’est ce que nous enseigne ‘Marty’, donc selon moi ça profite à tous les joueurs offensifs de l’équipe. J’adore la philosophie de ‘Marty’, et la façon qu’il nous l’enseigne. Ça correspond à mon style de jeu, c’est certain», a admis Hoffman.
Et il n’est pas le seul, de toute évidence.
Caufield a amassé quatre buts et trois aides lors des cinq derniers matchs, tandis que son partenaire de jeu Nick Suzuki totalise quatre buts et une mention d’aide pendant la même période. Des chiffres qui ne mentent pas, et qui laissent entrevoir un avenir meilleur pour le Bleu-blanc-rouge.