OTTAWA — Néo-démocrates et conservateurs ont chacun mis de l’avant lundi leur approche pour atténuer les affres de l’inflation sur les familles canadiennes.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) croit qu’Ottawa devrait imposer une surtaxe sur les «profits excessifs» des magasins à grande surface, y compris les épiceries, des pétrolières et des banques.
Les conservateurs, eux, réclament un retrait de la TPS sur l’essence et le diésel, craignant les effets de l’arrêt de travail au Canadien Pacifique sur le coût de la vie.
Le NPD a profité de sa journée d’opposition aux Communes pour mettre sa proposition à l’agenda et forcer la tenue d’un vote sur le sujet.
Plus précisément, la formation politiquesouhaite que le prochain budget fédéral soumette ces entreprises à une surtaxe de 3 % sur leurs profits dépassant le milliard de dollars.
Lors d’un point de presse en matinée, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a affirmé que l’augmentation du coût de la vie aide les grandes entreprises et fait mal aux gens.
«Ceux qui exploitent les gens, qui profitent excessivement de cette période difficile, ne devraient-ils pas payer leur juste part etcontribuer en retour pour rendre la vie abordable pour les gens?», a-t-il lancé.
Questionné sur le sujet lors de la période des questions, le gouvernement Trudeau a répliqué que les néo-démocrates sont ceux qui s’attaquent à «l’abordabilité» et a décoché des flèches à leur endroit.
«Nous avons baissé les impôts pour la classe moyenne deux fois, nous les avons augmentés pour les 1 % plus riches. Ils ont voté contre. Nous avons créé l’Allocation canadienne pour enfants indexée à l’inflation. Ils ont voté contre», a offert le ministre associé des Finances, Randy Boissonault.
Il s’est gardé de mentionner au passage des propositions propres au NPD visant à alléger le coût de la vie, comme celles de taxer les ultra-riches et d’instaurer une couverture en soins dentaires pour les Canadiens non assurés.
Le NPD estime que la nouvelle surtaxe qu’il a détaillée lundidevrait être utilisée pour aider ceux qui peinentle plus à «joindre les deux bouts» en envoyant directement un chèque aux familles ou en investissant dans des programmes qui diminueraient le coût pour les familles, par exemple au chapitre du coût des médicaments, des soins dentaires ou du logement.
Lors de la campagne électorale de l’automne, les libéraux avaient promis de taxer davantage les banques et les compagnies d’assurances, suscitant les foudres du secteur financier du pays.
«Nous disons: mettez en place cette taxe comme vous avez promis de le faire et élargissez-la pour inclure les sociétés pétrolières et gazières et les supermarchés (…) qui réalisent des bénéfices records en cette période difficile», a dit M. Singh.
Le NPD craint également que le gouvernement ne tienne pas sa propre promesse électorale. Les libéraux ont cependant assuré lundi qu’ils s’engagent à respecter cet engagement de leur plateforme électorale.
Proposition conservatrice
Le vote sur la motion du NPD devrait avoir lieu mardi, selon le parti. Déjà, le conservateur Adam Chambers a signalé que «des parties» de celle-ci rendront «difficile» un appui de sa part.
Son collègue et chef adjoint Luc Berthold a mis de l’avant l’approche conservatrice durant la période de questions: réclamer du gouvernement Trudeau qu’il retire «immédiatement» la TPS sur l’essence et le diésel afin d’éponger les effets de l’inflation.
Le député québécois de Mégantic-L’Érable a présenté cette proposition comme une façon d’«un peu soulager le fardeau des Canadiens».
Il a soutenu que l’arrêt de travail au Canadien Pacifique ne fera qu’empirer les effets de l’inflation, déjà gonflée par deux ans de pandémie.
«Chaque jour, des agriculteurs, des entreprises, des millions de Canadiens sont affectés par ce conflit», a insisté M. Berthold, sommant les libéraux de faire part de leur plan pour une résolution du conflit de travail.
Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, a maintenu que le gouvernement Trudeau souhaite que l’employeur et le syndicat en viennent à une résolution négociée.
«Les parties travaillent fort et personne n’a quitté la table. Ils sont parfaitement conscients de ce qui est en jeu», a dit celui qui ne s’est pas avancé sur la proposition de retrait de la TPS.