CALGARY — Les clients du Chemin de fer Canadien Pacifique demandent au gouvernement fédéral d’imposer un retour au travail aux employés du transporteur ferroviaire de Calgary, où un arrêt de travail se poursuivait lundi pour une deuxième journée de suite.
«Nous demandons à toutes les parties de trouver une solution très, très rapidement», a affirmé Brian Kingston, président et chef de la direction de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules.
«Nous apprécions le fait qu’elles soient de retour à la table aujourd’hui. (…) Cela dit, s’il devient évident qu’il n’y a tout simplement pas de résultat négocié possible, nous encourageons le gouvernement à envisager d’autres options.»
Environ 3000 chefs de train, mécaniciens et autres travailleurs du Canadien Pacifique (CP) ne travaillent pas depuis ce week-end. L’entreprise et le syndicat représentant les travailleurs, la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, se sont mutuellement accusés d’avoir causé l’arrêt de travail, bien que tous deux aient également affirmé qu’ils discutaient toujours avec des médiateurs fédéraux.
Plusieurs groupes industriels ont sonné l’alarme quant aux impacts économiques potentiels d’un arrêt de travail du CP, à un moment où de nombreuses entreprises sont déjà aux prises avec des difficultés de chaîne d’approvisionnement causées par la pandémie de COVID-19, les conditions météorologiques extrêmes et les récents blocages des passages frontaliers par des manifestants.
L’industrie agricole canadienne est particulièrement inquiète. Les dirigeants de l’Association canadienne des éleveurs de bovins et l’Association nationale des engraisseurs de bovins étaient à Ottawa lundi, exhortant le gouvernement à mettre immédiatement fin à l’arrêt de travail qui, selon eux, pourrait dévaster leur industrie.
«Si ces trains ne circulent pas, il ne nous reste peut-être que deux semaines d’aliments pour animaux», a affirmé le président de l’Association canadienne des éleveurs de bovins, Bob Lowe, expliquant que les éleveurs de bovins de l’Ouest canadien dépendaient cette année des expéditions d’aliments pour animaux par chemin de fer en provenance des États-Unis dans la foulée de la sécheresse de l’été dernier et de la pénurie généralisée de fourrage qui en a résulté.
«Il n’y a pas de plan B. Nous n’avons pas d’autre source d’alimentation.»
«Nous sommes, au Canada, à environ quatre à six semaines de la saison des semis (…) ce qui signifie que les agriculteurs pourraient ne pas obtenir tout l’engrais dont ils ont besoin», a déploré la cheffe de la direction de Fertilisants Canada, Karen Proud, ajoutant que la situation était particulièrement préoccupante cette année compte tenu de la guerre en Ukraine et de ses répercussions sur l’approvisionnement mondial en engrais ainsi que les prix du blé et d’autres céréales.
Mme Proud a ajouté que l’industrie des engrais jugeait qu’il était temps d’introduire une législation de retour au travail.
«Nous respectons certainement le processus de négociation collective, mais il est clair que ces deux groupes n’ont pas été en mesure de parvenir à un accord. Et maintenant, le gouvernement doit agir immédiatement», a-t-elle affirmé. «Certains de nos membres qui produisent des engrais n’ont pas la capacité de stockage si le produit n’est pas expédié par rails, nous pourrions donc être à quelques jours de devoir potentiellement arrêter notre production d’engrais.»
Des opposants à une loi spéciale
La Chambre des communes a repris ses activités lundi après une pause de deux semaines, de sorte que la législation pourrait venir immédiatement si le gouvernement le souhaite.
Cependant, le ministre fédéral du Travail, Seamus O’Regan, était à Calgary lundi et a indiqué dans une déclaration transmise par courriel qu’il y resterait jusqu’à ce que les deux parties parviennent à un accord. Il a en outre souligné que le gouvernement jugeait que le meilleur accord serait conclu à la table des négociations.
«Nous ne pourrions pas être plus d’accord», a indiqué Bea Bruske, présidente du Congrès du travail du Canada, qui, dans un communiqué, a appelé le CP à «négocier de bonne foi» avec les Teamsters.
«Nous espérons que les négociations pourront se poursuivre avec la médiation et que nous éviterons l’intervention du gouvernement. Permettez-moi d’être claire, une législation de retour au travail n’est pas nécessaire.»
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a indiqué lundi aux journalistes à Ottawa que l’utilisation d’une législation de retour au travail de manière «cavalière» interférait avec le droit des travailleurs d’utiliser la capacité de grève comme outil de négociation pour améliorer leurs conditions de travail.
«Le fait que ce soit déjà quelque chose qui est soulevé avant que les travailleurs n’aient la possibilité de négocier envoie un message aux employeurs qu’ils n’ont pas à négocier», a déclaré M. Singh. «Et c’est faux.»
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