Les organisations syndicales se montrent déçues du budget Girard. Elles voient le montant de 500 $ offert aux contribuables comme une mesure temporaire, qui ne résoudra pas à moyen terme les difficultés que vivent les gens à faible revenu, dans le contexte inflationniste actuel.
En entrevue, le président de la FTQ, Daniel Boyer, s’est dit déçu du peu de mesures récurrentes pour épauler les plus démunis, encore plus durement frappés que les autres par l’inflation.
«Le 500 $, c’est un « one shot deal ». On aurait souhaité des mesures plus récurrentes, comme une augmentation du salaire minimum à 18 $ l’heure, une augmentation du crédit de solidarité ou une augmentation des allocations familiales. Ça, ça aurait aidé vraiment les plus démunis et à plus long terme. Le 500 $, une fois qu’il est dépensé…» a commenté M. Boyer.
Le président de la FTQ critique aussi le ministre des Finances pour avoir choisi de mettre encore autant d’argent dans le Fonds des générations dans le contexte économique actuel.
«C’est bien beau ne pas vouloir laisser de dettes aux générations futures, mais il faut aussi laisser des services publics de qualité. Et là, on risque de se retrouver avec des services publics en piteux état», a déploré Daniel Boyer.
Même si le budget Girard hausse le budget de la Santé de 6,3 % et celui de l’Éducation de 5,4 %, M. Boyer ne croit pas que cela sera suffisant, puisque cela dépasse à peine les coûts du système, fait-il valoir. Or, il manque de personnel, les listes d’attente sont longues, les besoins en services à domicile sont très grands et le personnel en place est épuisé.
Le président de la CSQ, Éric Gingras, critique aussi l’argent versé au Fonds des générations, alors qu’il y a tant de problèmes à régler dans les services publics. Le tout manque de vision à long terme, soutient M. Gingras.
Quant au 500 $ versé aux contribuables qui gagnent moins que 100 000 $, «il est difficile de ne pas voir ces 3,2 milliards $ versés directement dans la poche des 6,4 millions de Québécois comme un cadeau qui tombe drôlement bien à l’approche des élections», déplore le président de la CSQ.
«L’année prochaine, que restera-t-il?» demande M. Gingras.
L’APTS, qui représente 60 000 membres dans la santé et les services sociaux, craint que davantage de travailleurs quittent vers le privé, parce qu’il n’y a pas de mesures pour retenir et attirer des travailleurs dans le réseau public.
La vice-présidente de l’APTS, Émilie Charbonneau, aurait aussi aimé qu’avec une inflation aussi élevée, le gouvernement adopte des mesures pour ajuster les salaires des travailleurs dans la santé et les services sociaux à l’inflation, puisque les augmentations obtenues en 2021 et 2022 ne font pas le poids.
La Fédération de la santé et des services sociaux déplore également le manque de réinvestissement dans les réseaux publics de la santé, de l’éducation et des services de garde.
«Il aurait fallu aller chercher les revenus nécessaires», a soutenu Réjean Leclerc, président de la FSSS, affiliée à la CSN.
La CSD aussi trouve le budget trop timide. Son président Luc Vachon trouve qu’il y manque de mesures structurantes pour soutenir les travailleurs, alors que la situation budgétaire est bonne.
Du côté des groupes sociaux, le Front populaire en réaménagement urbain, qui défend des locataires, déplore le fait qu’il n’y ait pas de nouvelles unités de logement annoncées dans le cadre du programme Accès-Logis, alors que le Québec vit une hausse du coût des loyers et un manque de logements abordables.