La levée de l’obligation de porter le masque ne sera pas devancée

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
La levée de l’obligation de porter le masque ne sera pas devancée

Devant la remontée des cas de COVID-19 au Québec et ailleurs dans le monde, les autorités de santé publique n’entrevoient plus de lever l’obligation de porter un masque dans les lieux publics avant la mi-avril.

Le directeur national de la santé publique par intérim, le docteur Luc Boileau, a expliqué que les augmentations de cas, liées à la montée du sous-variant Omicron BA.2 et à la levée des mesures sanitaires, étaient attendues.

C’est donc dire que l’espoir de lever cette obligation d’ici la fin du mois de mars, que le docteur Boileau avait laissé poindre par le passé, ne se concrétisera pas. 

Au-delà du 15 avril?

«On aurait voulu pouvoir retirer cette obligation-là plus hâtivement, mais les circonstances actuelles nous invitent à encourager les gens à le maintenir jusqu’au 15 avril», a dit le docteur Boileau en conférence de presse mercredi à Québec.

D’ailleurs, il ne ferme pas la porte à la possibilité de dépasser la mi-avril s’il le faut. «Pour l’instant, on n’a pas de suggestion d’aller au-delà du 15 avril. On verra s’il y a vraiment des circonstances qui nous invitent à recommander le port du masque encore après le 15 avril.»

La veille, le réseau canadien de surveillance et de réponse rapide aux nouveaux variants, CoVaRR-Net, ne cachait pas que les assouplissements, particulièrement la levée de l’obligation de porter le masque, présentaient un risque inutile devant la progression prévisible et déjà bien amorcée du variant BA.2 surtout dans les provinces où l’ensemble des restrictions étaient levées. Dans un avis publié mardi, un groupe d’experts du CoVaRR-Net indiquait que «nous ne voulons pas laisser tomber les masques tout de suite. (…) Même si l’obligation de porter un masque est levée, les messages du gouvernement devraient insister sur les avantages du port du masque en tant que bonne pratique».

Pas de retour du masque à l’école

À cet effet, Luc Boileau a rappelé que le Québec a toujours privilégié la prudence et qu’il était préférable de garder le cap. «On souhaite maintenir cette prudence et on juge qu’il serait même utile de maintenir le port du masque pour l’instant.»

Serait-il opportun de rétablir le port du masque dans les écoles dans ce cas? Non, a répondu la docteure Marie-France Raynault, conseillère stratégique au ministère de la Santé. «La bonne nouvelle, c’est que le taux d’infection n’est pas à la hausse dans les écoles présentement. Il est à la baisse. La croissance du taux que l’on voit maintenant touche seulement les adultes», a-t-elle dit.

«Nous ne craignons pas une sixième vague»

Par contre, la santé publique écarte l’idée d’une sixième vague dévastatrice, a affirmé Luc Boileau. «On sait qu’il va y avoir probablement encore des augmentations des hospitalisations, mais qu’on est capables de tenir ça comme système de santé. (…) Nous ne craignons pas actuellement une sixième vague» comme celle de l’hiver dernier. 

Ces assurances viennent du fait que le variant est connu, que la vaccination a beaucoup progressé et aussi du nombre très élevé de personnes infectées, plus de trois millions de Québécois selon les estimations. «L’Omicron BA.1, l’Omicron original, protégerait à environ 95 % contre le variant BA.2», a précisé à cet effet le microbiologiste Jean Longtin, qui agit comme expert-conseil auprès du ministère et qui était aux côtés du docteur Boileau.

Le sous-variant BA.2 représente désormais environ la moitié des nouveaux cas enregistrés au Québec, selon les évaluations de la santé publique. Il est de 30 % à 40 % plus contagieux que l’Omicron original, le BA.1, mais n’est pas plus virulent.

Appel aux employeurs

Devant la remontée des cas et, plus récemment, des hospitalisations, le docteur Boileau en a profité pour lancer un appel aux employeurs.

«On invite les employeurs à être conciliants avec les employés symptomatiques qui ne peuvent pas se présenter au travail. C’est la moindre des choses de ne pas se présenter au travail lorsqu’on a des symptômes, ne pas aller faire des activités, ne pas recevoir des gens. Restez prudents pour votre bénéfice, celui des autres et de ceux qui vous sont chers, comme pour le reste de la société», a-t-il dit.

Une quatrième dose dès mardi

La montée du sous-variant BA.2 amène par ailleurs la santé publique à commencer à préparer une campagne de rappel, soit une quatrième dose de vaccin, pour les personnes les plus vulnérables, soit celles qui sont en CHSLD, en résidence pour aînés, qui sont immunosupprimées ou qui sont âgées de 80 ans et plus.

Dans l’heure suivant la conférence de presse, le ministère de la Santé publiait d’ailleurs un communiqué confirmant que «dès le mardi 29 mars, une campagne de vaccination pour la dose de rappel (quatrième dose) de vaccin contre la COVID-19 débutera dans les milieux de vie. Les personnes de 80 ans et plus et les personnes immunodéprimées pourront également prendre rendez-vous pour cette nouvelle dose de vaccin à partir de cette date.»

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