Étudiants: une marche pour le climat sous le signe de la convergence des luttes

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Étudiants: une marche pour le climat sous le signe de la convergence des luttes

MONTRÉAL — Des milliers d’étudiants se sont mobilisés à travers le pays vendredi après-midi dans le cadre de la «Journée mondiale pour la justice climatique». Au Québec, des manifestations ont lieu à Montréal, Québec, mais aussi à Joliette, Sherbrooke et Rimouski.

Vers 14h, des centaines d’étudiants sont arrivés à la marche devant le mont Royal et se sont assis sur la chaussée en plein milieu de l’avenue du Parc pendant plusieurs minutes. Les policiers du SPVM les ont fait dégager pacifiquement et les étudiants se sont déplacés devant le monument de George-Étienne Cartier pour écouter des discours sur la justice climatique, mais aussi la défense des territoires autochtones.

«Il n’y a pas de justice climatique sans solidarité avec les premiers peuples», a souligné Camille Fogelson-Ballard, porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES), un des groupes qui a organisé la manifestation.

Le printemps s’annonce occupé pour plusieurs étudiants comme Camille Fogelson-Ballard. Mardi, elle a participé à la manifestation pour la gratuité scolaire, et le 1er avril, elle ira marcher pour la justice climatique.

«Il y a plein d’étudiants qui se mobilisent à travers le Québec, à travers le Canada, puis toutes ces luttes-là, elles s’entrecroisent vraiment», a expliqué Camille Fogelson-Ballard à La Presse Canadienne.

Convergence des luttes

Plusieurs manifestants avaient peint des carrés rouges sur leur visage, comme Laurence Pageau.

«Je porte des carrés rouges, car je fais un lien entre l’éducation et l’environnement. Le coût des droits de scolarité doit rester modeste, rester accessible, pour améliorer le monde de demain», a expliqué l’étudiante à la maîtrise en gestion de l’environnement.

Contrairement à Camille Fogelson-Ballard, qui s’attend à un «printemps mouvementé», elle se dit un peu déçue que cette manifestation n’ait attiré que des centaines d’étudiants au pied du mont Royal.

«Autant la convergence des luttes est indispensable selon moi, autant je pense que ça mélange les gens, certains se demandent pourquoi on est ici», souligne l’étudiante en ajoutant que les citoyens de tous âges qui ont participé aux grandes manifestations de 2019 «ne veulent peut-être pas tout à fait s’associer aux différentes luttes sociales» du mouvement étudiant.

«Peut-être que la mobilisation contre la crise environnementale bénéficierait de revenir aux dimensions de 2019 ou les revendications étaient beaucoup plus claires», se demande celle qui manifeste notamment contre le projet pétrolier Bay du Nord au large de Terre-Neuve et qui réclame l’arrêt complet des subventions aux industries qui exploitent les combustibles fossiles.

Avec le «printemps et les beaux jours qui arrive», Thomas Lécuyer, qui porte une pancarte sur laquelle il est écrit »j’ai peur», croit «qu’il y aura de plus en plus de mobilisations».

«Je participe à toutes les manifestations pour le climat parce que j’ai peur de l’avenir», explique celui qui se considère comme un écoanxieux.

Il a expliqué que cette anxiété le «ronge tous les jours dans tous les projets» auxquels il participe.

«Avec la convergence des luttes, il y a toujours un danger que les gens à l’extérieur nous regardent et se demandent pourquoi on manifeste, mais moi je sais pourquoi je manifeste et une partie importante de la jeunesse soutient les autres luttes», a expliqué l’étudiant à l’Université du Québec à Montréal avant d’ajouter qu’il est «fataliste», persuadé que le monde court à sa perte en raison du dérèglement climatique.

Enseignement autochtone

Les organisateurs de la manifestation ont invité des orateurs des Premières Nations pour témoigner des différentes luttes que mènent certaines communautés à travers le pays.

Parmi eux, Kuekuatsheu, de la nation innue et membre du collectif Mashk Assi, qui a témoigné de la lutte de son peuple pour protéger le caribou forestier, une espèce en voie de disparition qui est menacée par l’industrie forestière.

«De voir autant de jeunes qui ont soif de mieux connaître nos réalités, ils ne vivent pas sur le territoire, mais ils sont sensibles à ce que l’on vit et ils veulent contribuer au changement, alors c’est merveilleux», a indiqué Kuekuatsheu à La Presse Canadienne.

Avant qu’il ne s’adresse aux manifestants, la jeune Yuna Godefroid, coporte-parole de «Pour le futur Montréal», a pris la parole devant la foule.

Chaque vendredi depuis le mois de novembre dernier, la militante de 13 ans «fait la grève» et marche pour «la justice climatique», avec d’autres jeunes.

«Je n’ai pas de principale revendication, j’ai juste 13 ans, je suis un enfant, je demande seulement que  les gouvernements écoutent la science», a candidement expliqué Yuna Godefroid à La Presse Canadienne.

Les groupes Justice climatique Montréal, Pour le futur MTL, Extinction Rebellion, Mobilizing For Milton-Parc, la CEVES et Mashk Assi font partie des organisateurs de la manifestation qui avait lieu au pied du mont Royal.

Ces organisateurs soutiennent notamment la lutte des manifestants Wet’suwet’en contre les pipelines Coastal Gaslink et Transcanada en Colombie-Britannique, et la bataille que livrent des membres de la communauté Pacheedaht qui s’opposent aux coupes de forêts anciennes sur l’île de Vancouver.

La liste de leurs doléances inclut également la construction d’une mine de graphite à Saint-Michel-des-Saints, un minerai utilisé dans la fabrication de certaines batteries lithium-ion pour les véhicules électriques.

Les organisateurs de la manifestation demandent également un moratoire sur la chasse à l’orignal dans la réserve faunique de La Vérendrye.

Selon la CEVES, près de 75 000 étudiantes et étudiants du cégep et de l’université étaient en grève vendredi.

Des manifestations avaient également lieu à Ottawa, Calgary et Vancouver.

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