Le représentant des Inuits compte aborder des questions difficiles avec le pape

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne
Le représentant des Inuits compte aborder des questions difficiles avec le pape

WINNIPEG — Le chef de l’organisation nationale qui représente les Inuits au Canada affirme que la  rencontre qu’il aura la semaine prochaine avec le Pape François au Vatican ne sera pas une occasion de célébrer.

Natan Obed, de l’organisation Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), fera partie d’une délégation autochtone qui sera reçue par le souverain pontife.

Il compte soulever un point spécifique au cours de cette rencontre: que justice soit faite pour les victimes présumées d’un prêtre catholique romain accusé de crimes contre des enfants. 

M. Obed veut que l’Église tienne responsable un prêtre oblat, Johannes Rivoire, qui continue de vivre en liberté malgré de multiples allégations d’agressions sexuelles liées à son séjour au Nunavut.

Ce dernier a vécu au Canada du début des années 1960 jusqu’en 1993, année de son retour en France.

Un mandat d’arrêt a été lancé contre le prêtre Johannes Rivoire en 1998. Il a fait face à au moins trois accusations d’agression sexuelle dans les collectivités du Nunavut d’Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat. Plus de deux décennies plus tard, les accusations ont toutefois été suspendues. 

Le Service des poursuites pénales du Canada affirmait alors que c’était en partie à cause de la réticence de la France à l’extrader.

Les dirigeants inuits et des politiciens ont continué d’exhorter le prêtre, qui a maintenant 90 ans, à subir son procès. Ces appels sont devenus encore plus forts à la suite de la découverte de tombes anonymes sur les emplacements d’anciens pensionnats pour enfants autochtones gérés par l’Église catholique, a rappelé M. Obed. 

«Nous voulons obtenir de l’Église et du pape leur engagement à demander des comptes à toute personne associée à l’Église qui a commis des crimes, en particulier contre les enfants », a-t-il affirmé.

Pour le président de l’ITK, il n’est pas question de marcher sur la pointe des pieds autour de questions difficiles à l’occasion de cette rencontre avec le pape.

«C’est l’occasion de réclamer que justice soit rendue», a soutenu M. Obed.

Environ 150 000 enfants des Premières Nations, Inuits et Métis ont été forcés de fréquenter des pensionnats au Canada, dont plus de 60%  étaient dirigées par l’Église catholique. 

Les écoles qui y étaient associées étaient prédominantes jusqu’aux environs de 1950. Ces écoles étaient aussi connues pour les mauvais traitements subis par les enfants autochtones. 

M. Obed souhaite que l’Église catholique aide à identifier les enfants des sépultures anonymes découvertes au Canada sur les anciens sites de pensionnats pour enfants autochtones et qu’elle assume sa responsabilité morale en matière de dédommagement monétaire. L’an dernier, les évêques canadiens se sont engagés à recueillir 30 millions $ sur cinq ans pour les efforts de réconciliation.

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