Francophonie: la ministre des Langues officielles évite les questions

Michel Saba, La Presse Canadienne
Francophonie: la ministre des Langues officielles évite les questions

OTTAWA — La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a évité de répondre lundi aux très nombreuses questions quant à la décision de son gouvernement de tenter de traîner des francophones de la Colombie-Britannique devant la Cour suprême.

S’agit-il d’un désaveu de votre travail? Justin Trudeau doit-il intervenir? Êtes-vous à l’aise avec la décision? Quelle est la logique? Saviez-vous que le ministre de la Justice allait interjeter appel?

Peu importe la question, la ministre esquivait en encensant son projet de loi qui vise à moderniser la Loi sur les langues officielles et expliquant que de protéger et promouvoir le français est «une priorité absolue» du gouvernement Trudeau.

«Je vais continuer de travailler d’arrache-pied pour m’assurer que nous allons tout faire pour protéger et soutenir nos langues», a notamment répondu Mme Petitpas Taylor lors d’une conférence de presse où elle annonçait du financement pour des projets de l’Université de Hearst, en Ontario.

Selon elle, les questions sur la décision d’interjeter appel d’une décision de la Cour d’appel fédérale qui protège le français devraient être posées au ministre de la Justice, David Lametti.

La Cour d’appel fédérale a tranché que le gouvernement fédéral n’a pas favorisé l’épanouissement des minorités francophones dans cette province de l’Ouest du pays, mais le gouvernement Trudeau a choisi de se tourner vers la Cour suprême.

M. Lametti avait déclaré vendredi que le gouvernement n’est «pas d’accord avec certains aspects de la décision qui pourraient mettre en péril le soutien à la formation et à l’emploi dont bénéficient chaque année plus de 80 000 Britanno-Colombiens».

Les oppositions déchirent leur chemise

Dans un communiqué transmis lundi, le Parti conservateur a qualifié d’«hypocrite» la décision d’Ottawa et estimé que Mme Petitpas Taylor «ne contrôle pas ses dossiers».

À la période des questions, le vice-président du comité permanent des langues officielles, le conservateur Joël Godin, s’est demandé «pourquoi» la ministre refuse de répondre aux questions et si elle est «capable de défendre les droits des francophones auprès de son propre gouvernement».

C’est le ministre David Lametti qui s’est levé pour répondre. Il a réitéré que le gouvernement va «réviser et considérer» les prochaines étapes.

Le leader à la Chambre du Bloc québécois, Alain Therrien, a pour sa part déclaré dans le foyer des Communes qu’avec le gouvernement Trudeau, «la différence entre les paroles et les gestes c’est toujours immense».

«Peut-être que la meilleure façon (…) que les bottines ne suivent pas les babines, c’est que les babines ne parlent plus. Elle, elle a trouvé cette solution-là. Devant la défense des francophones à travers le Canada, elle a décidé d’être silencieuse au lieu de se battre», a-t-il ajouté.

La décision d’Ottawa a suscité un fort mécontentement du commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge, qui s’est dit «consterné», et de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, qui est «abasourdie».

Le plus haut tribunal du pays devra déterminer, sur réception de la demande d’autorisation d’appel du fédéral, s’il accepte d’entendre la cause opposant la Fédération des francophones de la Colombie‑Britannique et Emploi et Développement social Canada.

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