Des agents de la GRC participeront à l’enquête sur la Russie pour crimes de guerre

Mike Blanchfield, La Presse Canadienne
Des agents de la GRC participeront à l’enquête sur la Russie pour crimes de guerre

OTTAWA — Le Canada prête des enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour participer à l’enquête de la Cour pénale internationale sur d’éventuels crimes de guerre commis par la Russie pendant l’invasion de l’Ukraine.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a indiqué mardi dans un communiqué que la «machine de guerre» du président Vladimir Poutine détruisait «aveuglément des maisons, des hôpitaux et des écoles».

«Face à la violation flagrante du droit international par Poutine et l’armée russe et à l’agression non provoquée, le Canada continuera de travailler pour veiller à ce qu’ils soient tenus responsables de leurs actes illégaux.»

Le Canada fait partie d’une liste de plusieurs dizaines de pays à avoir soumis la situation en Ukraine au Bureau du procureur de la CPI. M. Mendicino a déclaré mardi que le Canada envoyait des ressources policières supplémentaires à la demande du Bureau du procureur de la CPI.

M. Mendicino a indiqué que ces enquêteurs «ont une expérience sur le terrain et possèdent l’expertise nécessaire pour recueillir des éléments de preuve de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui peuvent être utilisés dans une poursuite ultérieure».

«Les enquêteurs canadiens seront affectés à des équipes qui travaillent pour mettre un terme à l’impunité des auteurs des crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale, dont le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.»

Cette décision intervient alors que les négociateurs russes et ukrainiens se sont rencontrés mardi, en Turquie, pour tenter de mettre fin à l’invasion qui a commencé le 24 février, forçant 10 millions d’Ukrainiens à quitter leur foyer, dont 3,8 millions ont fui le pays.

L’Ukraine a proposé de demeurer un pays neutre, mais sa sécurité serait garantie par un groupe de pays un peu comme le prévoit l’article 5 de l’OTAN, qui précise qu’une attaque contre l’un de ses membres constitue une attaque contre tous ses membres.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré mardi qu’il avait discuté de cette proposition lors d’un appel téléphonique, la veille, avec le président Volodymyr Zelensky. Mais il a éludé une question sur sa vision de cette proposition ukrainienne – et si le Canada avait un rôle à jouer en tant que garant.

«L’essentiel, c’est que le Canada continuera d’être là pour soutenir l’Ukraine et s’opposer à la Russie à chaque étape du processus, a-t-il dit. Nous sommes en pourparlers avec des alliés et des partenaires de l’OTAN et d’ailleurs sur la meilleure voie à suivre à cet égard.»

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a également éludé les questions sur le rôle du Canada dans ces pourparlers de cessez-le-feu, après s’être entretenue mardi avec son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba.

Elle a déclaré que les efforts canadiens se concentrent sur le renforcement de la position de l’Ukraine à la table de négociation, en dotant ses forces de plus d’armes et en imposant davantage de sanctions. «D’autres sanctions arrivent, et aussi plus d’aide létale et non létale», a déclaré Mme Joly.

«Cela renforce l’Ukraine à la table des négociations et notre objectif est de nous assurer qu’elle est en position de force alors qu’elle se bat pour sa liberté – et en même temps que la diplomatie se poursuit.»

Dans un message sur Twitter sur sa conversation avec Mme Joly, le ministre Kuleba a indiqué qu’il croyait que le soutien du Canada à son pays «restait à toute épreuve». 

«Nous avons convenu de la nécessité de renforcer davantage les capacités de défense de l’Ukraine et d’appliquer des sanctions plus sévères à la Russie.»

La ministre canadienne de la Défense, Anita Anand, a déclaré qu’elle s’était entretenue mardi avec son homologue américain, Lloyd Austin, afin de «coordonner leurs efforts pour fournir à l’Ukraine une aide militaire multiforme», a indiqué son cabinet dans un communiqué.

Retrait complet des Russes

Dans un discours plus tôt dans la journée, à Vancouver, M. Trudeau a déclaré que la fin des hostilités passait nécessairement par un retrait complet des troupes russes d’Ukraine.

«Les gens me demandent comment cela va se terminer. Je peux vous dire que ce n’est pas ce que demandent les Ukrainiens. Ils parlent de la façon dont cela doit se terminer: un retrait complet des troupes russes, et la paix, la démocratie, la liberté et la souveraineté restaurées.»

M. Trudeau a déclaré que le Canada et ses alliés resteraient inébranlables dans leur soutien à l’Ukraine, en continuant de fournir une aide militaire, économique et humanitaire, ainsi qu’un refuge sûr aux civils qui fuient le pays.

«Nous devons rester déterminés à punir cette invasion criminelle avec des sanctions désastreuses pour Poutine et son entourage, afin de les faire payer, aussi longtemps qu’il le faudra. Si Poutine pense que nous n’avons pas la force de persévérer, il se trompe complètement», a déclaré M. Trudeau.

Le premier ministre a également souligné qu’il y aura des défis et des sacrifices pour les pays démocratiques comme le Canada, car la guerre en Ukraine entraîne une hausse des prix des aliments et de l’énergie.

«Mais d’autres dans le monde pourraient être confrontés à des pénuries et à la famine. Et les Ukrainiens eux-mêmes se battent pour leur vie et paient de leur vie.»

La Russie, quant à elle, a annoncé qu’elle réduirait considérablement ses opérations militaires près de Kyiv et de la ville septentrionale de Tchernihiv afin d’instaurer une certaine dose de confiance lors des pourparlers, après plusieurs cycles infructueux. Les États-Unis et d’autres alliés ont accueilli cette nouvelle avec scepticisme.

La démonstration apparente de bonne foi de Moscou survient après que son avance sur la capitale ukrainienne ait effectivement stagné face à une résistance militaire qui a dépassé les attentes des envahisseurs, mais aussi des alliés occidentaux de l’Ukraine.

Sur Twitter, Lesia Vasylenko, une députée ukrainienne, a écrit que des sirènes de raid aérien retentissaient dans l’ouest du pays mardi soir. «C’est #Poutine qui se retire de l’Est pour vous (…) le bruit de la guerre est on ne peut plus clair.»

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