Deux nouvelles molécules contre la COVID, mais aussi contre le cancer

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
Deux nouvelles molécules contre la COVID, mais aussi contre le cancer

MONTRÉAL — Deux molécules identifiées par des chercheurs montréalais semblent en mesure d’empêcher le SRAS-CoV-2 d’infecter les cellules pulmonaires, mais la découverte pourrait avoir des implications beaucoup plus larges que la seule lutte à la pandémie.

Les molécules en question inhibent l’action de deux enzymes, la Furine et le TMPRSS2, que la protéine de spicule à la surface du coronavirus utilise pour se lier aux cellules humaines avant de les infecter.

En bloquant l’activité de ces enzymes, le professeur Nabil G. Seidah et ses collègues de l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) ont bloqué à plus de 95 % l’infection virale vivante des cellules pulmonaires.

«C’est extrêmement efficace», a tranché M. Seidah, qui a partagé ses travaux en primeur avec La Presse Canadienne.

Et le SRAS-CoV-2 n’est pas le seul virus à utiliser la Furine pour infecter les cellules humaines, a-t-il ajouté.

C’est donc dire que cette découverte, en plus d’aider à combattre cette interminable pandémie, pourrait un jour se révéler utile dans la lutte contre d’autres virus qui finiront par déferler sur la planète.

«C’est le même mécanisme, a dit M. Seidah au sujet des virus qui ont recours à la Furine pour entrer dans nos cellules. Alors, pourquoi ne pas se préparer à l’avance? On espère que non, mais si jamais il y a une autre pandémie ou un autre virus ou s’il y a des mutations dans un virus, eh bien on est prêts, on a déjà un arsenal pour bloquer ça dès le départ, avant que les vaccins n’arrivent.»

La Furine est même utilisée par certains cancers pour se multiplier, ce qui veut dire que les molécules inhibitrices identifiées par les chercheurs de l’IRCM pourraient éventuellement trouver une application en oncologie.

Il faudra toutefois encore de longs travaux avant d’identifier la bonne utilisation thérapeutique, a prévenu M. Seidah, puisque la Furine joue un rôle important dans le bon fonctionnement du corps, surtout lors du développement du fœtus et du bébé. À l’âge adulte, en revanche, d’autres enzymes pourraient potentiellement prendre la relève si on devait en bloquer l’activité.

Il y aurait aussi une différence entre inhiber la Furine pendant quelques jours le temps de guérir une infection et l’inhiber pendant plusieurs mois pour combattre un cancer, a souligné M. Seidah.

L’équipe du professeur Seidah a réalisé ces travaux en collaboration avec celle d’Éric A. Cohen, lui aussi de l’IRCM. Les conclusions sont publiées dans le Journal of Virology.

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