La réalisation d’être l’une des 32 nations qui participera à la Coupe du monde de la FIFA se confirme, il appert, en plusieurs étapes. C’est un peu ce qu’a semblé dire Samuel Piette vendredi après-midi après avoir découvert quels seraient les premiers rivaux du Canada lors du prestigieux tournoi de soccer qui se tiendra en novembre et en décembre au Qatar.
«On est surexcités, et je pense que le tirage de ce midi est un événement qui nous a permis de prendre conscience encore plus qu’on fait partie de la Coupe du monde», a déclaré Piette lors d’une visioconférence avec quelques journalistes, vendredi après-midi.
«Quand on s’est qualifié, dimanche dernier, c’était tout simplement une victoire sur la Jamaïque et le ticket était ‘punché’, a ajouté le milieu de terrain québécois. À quel point tu le réalises à ce moment-là? Oui, tu le réalises. Mais tu as besoin d’autres événements, comme celui d’aujourd’hui, pour le réaliser.»
Le tirage au sort a fait languir Piette, probablement aussiles autres membres de l’équipe canadienne et tous ses supporters, car le nom du Canada a été le tout dernier à sortir du quatrième et dernier chapeau.
Et le hasard a voulu que le Canada se retrouve dans la case 2 du groupe F, tout juste sous le nom de la Belgique, et au-dessus de ceux du Maroc et de la Croatie.
Jusqu’à cette semaine, la Belgique occupait le premier rang du classement de la FIFA, avant de glisser au deuxième échelon, derrière le Brésil. La Belgique sera d’ailleurs le premier adversaire du Canada, 38e au monde, le 23 novembre lors de la phase préliminaire.
«C’est un groupe difficile. Avec des équipes comme la Belgique, la Croatie et le Maroc, c’est quelque chose. Ce n’est pas le Curaçao, sans rien enlever à ces équipes-là. Ce n’est pas la Barbade, ce n’est pas le Suriname», a souligné Piette.
Aux yeux de bien des observateurs, le Canada aurait probablement bénéficié d’un tirage plus favorable s’il avait battu le Panama, mercredi, lors du dernier match du tournoi de qualification de la Concacaf. Ce n’est pas une opinion avec laquelle Piette est nécessairement d’accord.
«Je ne suis pas de cet avis de dire ‘Ah, si on avait pu être dans le groupe avec le Portugal, l’Uruguay ou peu importe le groupe, ç’aurait été plus facile’. Je pense que ça va être difficile, peu importe le groupe. On va faire de notre mieux. C’est sûr que l’ambition, c’est de sortir du groupe. On sait que ce sera difficile, mais c’est l’ambition de cette équipe. Et honnêtement, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas faisable et possible.»
Un groupe costaud
Les propos de Piette ne sont certainement pas à dénigrer quand on sait ce que le Canada a été capable de faire pendant les qualifications de la Concacaf en terminant au tout premier rang de la ronde finale.
Et bien que des groupes auraient pu être plus éprouvants encore, celui dans lequel a abouti le Canada, vendredi, ne sera pas de tout repos, estiment quelques experts de soccer du Québec.
«Ce n’est pas le pire groupe, ce n’est pas le meilleur groupe. Il est quelque part dans le milieu. Toutefois, la Belgique et la Croatie seront très, très coriaces parce que, historiquement, ces deux pays ont toujours formé d’assez bonnes équipes», estime John Limniatis, un ancien joueur et entraîneur-chef avec l’Impact de Montréal et ancien porte-couleurs de l’équipe du Canada.
«Bien sûr, il peut y avoir des surprises. Il y a toujours des surprises à la Coupe du monde. Quand je regarde le groupe, je vois le Canada batailler pour la deuxième place et probablement terminer troisième. (…) Si le Canada obtient un match nul contre la Belgique ou la Croatie et qu’il gagne contre le Maroc, ses chances de franchir le premier tour ne sont pas mauvaises», a nuancé Limniatis.
Bien qu’il trouve dommage que le Canada n’ait pas réussi à améliorer son sort en vue du tirage, en raison de sa défaite contre le Panama, Francis Millien juge que la formation nationale ne s’en est pas trop mal tiré.
«Somme toute, c’est un tirage qui n’est pas trop catastrophique pour le Canada, et pour de multiples raisons», croit ce pionnier de la Fédération de soccer du Québec.
«Il reste sept ou huit mois pour préparer ce premier match, qui sera probablement le plus dur, si on juge les classements actuels des pays à travers le monde. La Belgique semble la grande favorite du groupe, et la Croatie a beaucoup d’expérience internationale, et sa façon de bien performer dans des matchs bien importants fait partie de son ADN», a-t-il notamment ajouté.
De son côté, Patrick Leduc, analyste de soccer de longue date et directeur de l’Académie du CF Montréal, ne néglige pas le Maroc.
«La Belgique, c’est un poids lourd, la Croatie a quand même été finaliste de la dernière Coupe du monde. C’est une équipe qui a un peu vieilli, et il y a peut-être là, un peu, une opportunité d’avoir une équipe qui est peut-être en changement de génération. Et pour moi, le Maroc, c’est une équipe en émergence. Il y a beaucoup, beaucoup de talent. Je pense que c’est l’un des pays d’Afrique qui pourrait, potentiellement, dominer sur le continent africain», analyse Leduc.
«Le modus operandi du Canada, c’est ‘surpassons les attentes, surprenons tout le monde.’ C’est certain que le défi est d’une grande ampleur, mais on ne s’attendait à rien de moins. Je pense que la préparation doit commencer dès maintenant. Et ça va être très intéressant, très excitant à suivre.»