Le gouvernement autorise le projet de tramway en reculant sur les conditions

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Le gouvernement autorise le projet de tramway en reculant sur les conditions

QUÉBEC — Le gouvernement Legault a finalement donné le feu vert à la Ville de Québec pour lancer les travaux du tramway, en reculant sur toute la ligne sur les conditions qu’il voulait imposer. 

Le conseil des ministres a émis deux décrets mercredi après-midi qui autorisent la Ville à entreprendre les travaux, ont confirmé le ministre des Transports, François Bonnardel, et sa collègue responsable de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault. 

Maintenant les caquistes exigent que le fédéral s’engage à financer à hauteur de 40 % tout dépassement de coût de ce projet controversé qui frise déjà les 4 milliards $. Québec s’est déjà engagé à fournir 1,8 milliard $ et à assumer 60 % des dépassements de coût.  

Depuis plus d’une semaine, le gouvernement caquiste était engagé dans un bras de fer avec le maire Bruno Marchand. 

François Legault avait accusé le maire de ne pas écouter les citoyens et avait laissé entendre qu’il allait exiger une meilleure acceptabilité sociale avant d’autoriser le projet.

Finalement le décret n’impose aucun seuil d’acceptabilité sociale, a assuré M. Bonnardel. 

«On voyait qu’il y avait un déficit communicationnel», a-t-il néanmoins justifié en conférence de presse à l’Assemblée nationale. 

«Le constat qu’on fait, c’est que le maire doit faire un travail, pour la Ville de Québec, pour améliorer l’acceptabilité sociale. Donc on dit aujourd’hui au maire de Québec: « c’est dans votre cour ».»

Chacun a sa définition de l’acceptabilité sociale, a fait valoir M. Bonnardel, qui a refusé de donner la sienne. 

Un décret autorise l’appel de propositions pour les deux volets, matériel roulant ainsi qu’infrastructures, et permet également des travaux préparatoires additionnels de 124 millions $. L’autre décret porte sur le volet environnemental.

En conférence de presse en fin d’après-midi, M. Marchand a salué le geste tant attendu du gouvernement qui lui permettra de respecter son échéancier dans un dossier où chaque retard entraîne des dépenses supplémentaires.

L’opposition libérale rappelait la semaine dernière que chaque jour de retard augmente de 274 000 $ le facture du projet. 

La semaine dernière, dans un autre épisode de ce feuilleton qui dure de plusieurs années, le gouvernement avait pris la défense des automobilistes en s’opposant à une portion partagée du tracé. Finalement, le premier ministre avait concédé que l’aménagement relevait des compétences de la Ville.  

Plusieurs ministres, François Bonnardel, Éric Caire et Geneviève Guilbault, étaient également sortis pour s’en prendre au maire et au projet dans l’état actuel. 

Mme Guilbault demandait au maire de tenir compte des opinions des banlieusards qui vivent à Saint-Apollinaire et Portneuf.  

M. Marchand avait rétorqué qu’il avait été élu par les citoyens de Québec, et que des consultations avaient déjà été menées et se poursuivaient. Les partis d’opposition, qui ont tous pris sa défense, soulignaient que les citoyens avaient voté pour les partis pro-tramway au dernier scrutin municipal.

Les caquistes, qui détiennent la majorité des circonscriptions dans la région, accusaient le maire de ne pas partager leur «vision régionale» du transport.

Des informations laissaient entendre que par cette «vision régionale», le gouvernement faisait du chantage pour obtenir un appui clair du maire au «troisième lien», ce projet controversé de tunnel autoroutier Québec-Lévis. 

M. Marchand a été catégorique et s’est opposé à un marchandage: il n’a jamais voulu ainsi appuyer le «troisième lien» pour ensuite pouvoir obtenir ses décrets de tramway.

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