Pierre Polievre attire les foules, mais convaincra-t-il les membres du parti ?

Stephanie Taylor et Brenna Owen, La Presse Canadienne
Pierre Polievre attire les foules, mais convaincra-t-il les membres du parti ?

Les observateurs constatent que certains candidats à la direction du Parti conservateur du Canada réussissent mieux que d’autres à attirer les foules.

Le député de Carleton, Pierre Poilievre, est l’un de ceux-là. Un grand nombre de ses partisans assistent à chacun de ses rassemblements dans l’ensemble du pays.

«Sa capacité à faire sortir les gens est sans précédent», souligne Connor Hollingshad, le président de l’association conservatrice de l’Université Simon-Fraser, en Colombie-Britannique qui dit n’appuyer personne dans la course.

M. Poilievre a participé jeudi à un rassemblement auquel plus de 1000 personnes auraient participé, selon son organisation.

Le candidat tarde souvent à s’en aller du lieu de ses événements, acceptant de se faire photographier. Il accueille souvent ceux qui attendent dans de longues files d’attente pour le rencontrer. Et il n’oublie pas de vendre des cartes de membre.

Et c’est bien ce qui compte dans une course à la direction d’un parti: convaincre de nouveaux membres à adhérer, s’assurer qu’ils remplissent correctement leur formulaire de demande d’adhésion et qu’ils le renvoient à temps.

Il ne reste que moins de deux mois aux candidats pour faire adhérer de nouveaux membres. La date limite pour le faire est le 3 juin.

La campagne de M. Poilievre n’attire pas seulement l’attention des militants conservateurs. Des gens qui ne vont habituellement pas à ce genre de rassemblement s’y rendent, notamment des jeunes de moins de 40 ans.

«Le mouvement Poilievre a pris son essor partout au pays, et ce n’est que le début!», a écrit sur Tweeter, le sénateur Leo Housakos, co-président de l’organisation du député de Carleton.

M. Hollingshead l’a constaté de visu. Environ 150 personnes, la plupart des étudiants, ont été entendre le candidat lors d’un rassemblement universitaire qu’il a organisé. Selon lui, il s’agit de la foule la plus importante à s’être déplacé pour un tel événement depuis le discours de Kevin O’Leary en 2017.

«C’est vraiment un politicien d’un autre genre, dit-il. Il parle beaucoup des frustrations des jeunes de ce pays.»

Mélanie Paradis, une stratège conservatrice qui demeure neutre dans cette course, avoue être impressionnée par les foules que réussit à attirer M. Poilievre. Elle les compare aux partisans du premier ministre de l’Ontario, Doug Ford.

Elle prévient toutefois que ce qu’on peut observer dans les salles ne reflète peut-être pas la réalité du terrain.

«Andrew Scheer a gagné la course de 2017 dans les sous-sols d’église. Personne n’a photographié ses rassemblements, rappelle-t-elle. Quand on ne voit personne, cela ne signifie pas qu’il ne se passe rien. Les gens sont comme des canards. Ils sont calmes et sereins à la surface, mais ils remuent leurs pattes à toute vitesse sous l’eau.»

Une porte-parole de l’organisation de Jean Charest, Michelle Coates Mather, dit que l’ancien chef progressiste-conservateur — et ancien premier ministre du Québec —compte sur 1500 bénévoles et 400 organisateurs. Il aurait ramassé près d’un million de dollars de contributions pour sa campagne.

«La constante obsession pour notre campagne que certains affichent sur Twitter nous confirme que certains de nos adversaires craignent notre élan, écrit-elle dans un courriel. À la fin d’une journée, des gazouillis ne sont que des gazouillis, des photos de foule ne sont que des photos de foule. Ce sont les membres qui comptent.»

Mme Paradis dit que les membres aiment bien voter pour des gagnants. Des photos d’une salle pleine peuvent être des sources de motivation pour les partisans et les bénévoles.

Le maire de Brampton, Patrick Brown, est bien connu dans les cercles conservateurs pour son habileté à garder un profil bas tout en se démenant comme un diable dans l’eau bénite.

«Patrick a participé à quelque 200 activités au cours des trois dernières semaines. Il est emballé par le nombre de cartes de membre qu’il a vendues», déclare un porte-parole de son organisation, Jeff Silverstein.

Leslyn Lewis a terminé au troisième rang lors de la précédente course à la direction du Parti conservateur. Fort populaire auprès de l’aile sociale-conservatrice, elle a récemment annoncé qu’elle avait recueilli les 300 000 $ nécessaires pour pouvoir participer de nouveau en 2021.

Elle mène sa campagne dans des petites communautés des Prairies, à Calgary et à Red Deer. Elle attire parfois des centaines de partisans et vend des cartes de membre.

«Nous avons de grandes foules aux rassemblements de Leslyn. Nous sommes encouragés par ce niveau d’engagement dans toutes les organisations, souligne son directeur de campagne, Steve Outhouse. Voir de si bons candidats recruter de nouveaux membres est de bon augure pour les prochaines élections».

Un premier débat se déroulera le 5 mai. Pierre Poilievre, Jean Charest, Leslyn Lewis, Marc Dalton et Roman Barber ont déjà confirmé leur présence.

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