Un troupeau du Québec possiblement touché par la grippe aviaire

Michel Saba, La Presse Canadienne
Un troupeau du Québec possiblement touché par la grippe aviaire

OTTAWA — Après avoir été détecté en Ontario et en Alberta au cours des deux dernières semaines, le virus de la grippe aviaire a possiblement frayé son chemin jusqu’à un troupeau de volailles du Québec, a révélé lundi l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA), qui se fait avare de détails.

«Nous sommes en processus d’investigation au Québec. Nous n’allons rapporter que les cas confirmés», a dit Nancy Rheault, la directrice principale et vétérinaire en chef adjointe, lors d’une séance d’information à l’intention des médias.

Les Éleveurs de volailles du Québec, qui sont sur un «un pied d’alerte», ont indiqué qu’il s’agit d’un site qui n’est pas sous quota. Autrement dit, un petit élevage.

«La situation n’a jamais été aussi critique pour les éleveurs de volailles au Québec», a déclaré leur président, Pierre-Luc Leblanc, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Les éleveurs craignent que la maladie entre dans leurs bâtiments, ce qui pourrait causer des ravages.

«On pourrait retrouver des taux de mortalité allant jusqu’à 50, 60, 70 %, a estimé M. Leblanc. Le site au complet deviendrait probablement tout euthanasié. On parle de pertes majeures, beaucoup d’effets psychologiques pour nos éleveurs.»

L’influenza aviaire, communément appelée «grippe aviaire», touche plusieurs oiseaux destinés à la consommation – les poulets, les dindes, les cailles et les pintades notamment –, les oiseaux de compagnie et les oiseaux sauvages.

L’ACIA indique qu’aucun remède n’existe contre cette maladie et que le taux de mortalité des oiseaux atteints de la maladie est élevé. Déjà, plus de 260 000 oiseaux sont soit morts ou ont été euthanasiés au pays, a-t-on précisé.

Transmission «sans précédent»

Il y a une propagation «sans précédent» du virus dans le monde, selon les experts fédéraux. Ottawa implore les éleveurs et producteurs de redoubler de prudence face à cette «menace importante».

Les risques sont liés à la migration des oiseaux sauvages. La situation devrait donc perdurer durant «plusieurs mois» et l’ACIA dit s’attendre à de nouvelles éclosions partout au pays.

«La transmission peut être directe, d’oiseau à oiseau, a déclaré Mme Rheault. Elle peut également se propager indirectement par contact avec des surfaces contaminées par le virus provenant d’oiseaux infectés, comme les vêtements, les chaussures, la litière, la nourriture et l’eau.»

Les oiseaux excrètent le virus dans leur salive, leurs sécrétions nasales et leurs excréments. Il est essentiel «d’appliquer à tout moment des mesures de biosécurité strictes», insiste l’agence.

«On a fait tout notre possible», a maintes fois répété M. Leblanc des Éleveurs de volailles du Québec, rappelant les bonnes pratiques, notamment de changer les bottes et les vêtements en entrant dans un bâtiment, et de désinfecter les entrées aussi souvent que possible.

Selon lui, les consommateurs pourraient observer une hausse des prix s’il y a une diminution de l’offre, d’autant plus que la demande est accrue.

«Actuellement, déjà les marchés sont à court. Les importations américaines tardent à rentrer. (…) Déjà, il y a une pénurie de poussins qui est annoncée parce que des élevages américains ont été touchés. Donc, on a réduit notre production de 3,5 % en dessous de la demande des consommateurs.»

À la Fédération des producteurs d’œufs du Québec, le président Paulin Bouchard indique que le virus est «à nos portes» et que les mesures de biosécurité sont accentuées sur les fermes afin d’éviter que la maladie n’entre dans les cheptels.

De façon préventive, les certificateurs n’exigeront pas de ceux qui font de la production biologique de donner accès à l’extérieur à leurs poules, a indiqué M. Bouchard. En fait, ils demanderont précisément le contraire.

Et à ceux qui ont des poules à la maison, M. Bouchard recommande d’être «très prudents» en empêchant les contacts avec les oiseaux sauvages, notamment en les gardant dans un enclos avec un toit et un grillage.

Lundi dernier, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec avait annoncé que trois premiers cas de grippe aviaire avaient été détectés dans la province. Il s’agissait d’une bernache du Canada, à Granby, et de deux oies des neiges, l’une à Saint-Jean-sur-le-Richelieu et l’autre à Saint-Isidore-de-Laprairie en Montérégie.

Des cas de grippe aviaire avaient été détectés en décembre dernier dans des troupeaux à Terre-Neuve-et-Labrador, puis en Nouvelle-Écosse et en Ontario.

Il y a une corrélation entre le niveau de risque et les voies migratoires, ont expliqué des experts. Les cas qui sont survenus en Atlantique étaient probablement liés à «la voie de migration de l’Est» et les cas actuels arrivent des États-Unis à travers «la voie centrale de migration du Mississippi».

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