À compter de mai 2023, le Publisac ne sera livré qu’aux Montréalais qui le souhaitent

La Presse Canadienne
À compter de mai 2023, le Publisac ne sera livré qu’aux Montréalais qui le souhaitent

MONTRÉAL — La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a annoncé lundi que les circulaires des épiceries ne seraient livrées qu’aux résidants qui en manifestent l’intérêt par un autocollant, ce qui constitue une victoire pour les écologistes, mais suscite les critiques de l’entreprise derrière ces «Publisac». 

À compter de mai 2023, les Montréalais qui veulent toujours recevoir le Publisac devront l’indiquer par un autocollant sur leur porte, a expliqué Mme Plante. Actuellement, ce sont les résidants qui ne veulent pas recevoir les circulaires qui doivent le signaler sur le site internet du Publisac. 

Cette décision fait suite à une consultation publique menée par la Ville — et à des années de critiques de la part de groupes environnementaux, qui exigent l’interdiction des livraisons de Publisac. 

Mais l’entreprise d’emballage et d’impression montréalaise TC Transcontinental affirme que ce système d’adhésion volontaire mettra, de fait, un terme à la distribution de ses circulaires — une opération qui deviendrait «non viable à cause de sa complexité et des coûts prohibitifs». 

L’entreprise, fondée il y a 46 ans, affirme que le modèle actuel de retrait est «simple et efficace». Transcontinental soutient que le Publisac est actuellement distribué à plus de 200 000 Québécois, dont 120 000 foyers montréalais, permettant aux résidants de profiter d’aubaines dans les commerces de grandes surfaces. 

«En effet, le Publisac, en plus de donner accès à des rabais aux consommateurs, permet la distribution des journaux locaux à un coût avantageux, répond au besoin des commerçants d’attirer la clientèle en magasin et faire face aux géants du commerce en ligne, et génère des milliers d’emplois directs et indirects, a indiqué dans un communiqué Patrick Brayley, vice-président principal du Groupe Distribution de TC Transcontinental. Nous comptons faire valoir nos droits et ceux de nos clients si nécessaire.» 

Après Mirabel 

Une décision est d’ailleurs attendue dans une poursuite intentée par Transcontinental contre la Ville de Mirabel, qui a adopté en octobre 2019 un tel système d’adhésion volontaire pour la distribution du Publisac sur son territoire. 

La mairesse Plante indique de son côté qu’environ 800 000 circulaires et autres publicités non sollicitées arrivent aux portes des Montréalais chaque semaine, ce qui représente plus de 41 millions de circulaires par année — qui se retrouvent dans les centres de recyclage et les dépotoirs. 

«Les Villes doivent poser des gestes forts pour répondre à la crise climatique, et ce règlement nous permettra de réduire à la source une quantité importante de papier et de plastique en circulation à Montréal, a expliqué Mme Plante dans un communiqué. La Ville de Montréal s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir une ville zéro déchet d’ici 2030. Pour y arriver, le volume de matières enfouies doit être réduit de 85 %, ce qui représente une réduction de 10 kg de matière résiduelle, par personne, par année.» 

Transcontinental tire des revenus annuels d’environ 100 millions $ grâce à la distribution de circulaires dans tout le Québec, et Montréal représente entre 20 % et 25 % de ces revenus, selon l’analyste Adam Shine, de la Banque Nationale. Le chiffre d’affaires total de Transcontinental s’élevait à 2,64 milliards $ en 2021. 

«En tant que tel, l’impact sur ses revenus ne serait pas très important et l’impact sur ses bénéfices semble immatériel. Cela dit, l’entreprise ne voudrait pas voir d’implications collatérales de la décision de Montréal qui pourraient avoir un impact sur la distribution au détail et l’impression ailleurs dans son secteur d’activités», a écrit M. Shine dans une note aux investisseurs. 

La Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et ses syndicats affiliés (Unifor, Teamsters Canada) ont dit déplorer l’«absence de dialogue» avec les représentants des travailleurs et travailleuses qui risquent de perdre leur emploi par cette décision.

«Depuis 2020 nous réclamons d’être entendus par la ville, malheureusement l’administration Plante a refusé, malgré notre insistance de nous rencontrer, c’est décevant, très décevant», a affirmé le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc dans un communiqué de presse. 

Le directeur québécois du syndicat Unifor, Renaud Gagné, a soutenu qu’«encore une fois, ce sont les travailleurs qui vont faire les frais de cette décision».

Selon le président de la Section locale 1999 du syndicat des Teamsters, Michel Héroux, la décision de Montréal menace les emplois de 140 travailleurs dans les deux usines du Québec qui fabriquent le papier utilisé pour les circulaires. 

Les hebdos locaux 

Reste le volet des journaux locaux, qui sont distribués dans les quartiers montréalais par l’entremise du Publisac, et non par la poste. 

Métro Média, propriétaire notamment d’une vingtaine de journaux locaux, considère que la mise en place de cette nouvelle règlementation à Montréal «met à risque une industrie de première importance» pour la «vitalité du tissu social et démocratique». 

Andrew Mulé, PDG de Métro Média, a présidé un comité aviseur mis sur pied par la Ville pour se pencher sur cette question. «Nos rencontres et nos échanges nous ont permis de constater que la Ville de Montréal est consciente des impacts collatéraux découlant de son initiative», a-t-il  indiqué dans un communiqué. 

«Métro Média a bon espoir que les recommandations du Comité aviseur permettront à la Ville de Montréal de mettre en œuvre une aide spécifique pour compenser une partie du coût nettement plus élevé de la distribution des journaux locaux par la poste plutôt que par le Publisac.»

Entreprise dans cette dépêche: (TSX:TCL.A) 

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires