Un accès facilité pourrait augmenter le nombre de Canadiens avec une dose de rappel

Daniela Germano, La Presse Canadienne
Un accès facilité pourrait augmenter le nombre de Canadiens avec une dose de rappel

Un accès plus facile aux doses de rappel de vaccins contre la COVID-19 pourrait être un moyen de remédier au plafonnement de la proportion de Canadiens qui se font vacciner, selon des experts en santé publique et en immunologie.

Matthew Miller, professeur au Département de biochimie et de sciences biomédicales de l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario, affirme que des gens pourraient voir le recul des mesures de santé publique dans tout le pays comme un signal qu’ils n’ont plus besoin d’être aussi prudents face au virus causant la COVID-19.

«L’idée que le pire est derrière nous, je pense, conduit à une certaine apathie, dit M. Miller. Je pense que cela est également aggravé par le fait qu’il y a une proportion importante de personnes dans la population qui ne sont pas réticentes à se faire vacciner, mais qui ne sont pas non plus très enthousiastes à l’idée de le faire.»

Il souligne qu’il y avait une forte augmentation des taux de vaccination au Canada lorsque les gouvernements ont instauré des obligations de vaccination contre la COVID-19.

«Maintenant que ces restrictions sont également réduites et n’ont pas été appliquées aux troisièmes doses, je pense que l’incitation vient de diminuer», soutient M. Miller.

«Il y a un certain segment de la population pour qui je pense simplement que c’est de l’inertie et, sans ce genre de point de pression appliqué, ils ne souhaitent pas faire tout leur possible pour se faire vacciner, même s’ils sont en principe disposés à le faire», ajoute-t-il.

Il affirme que les gouvernements n’ont pas toujours à recourir à des obligations pour augmenter l’adoption des taux de vaccination. La réponse peut être d’éliminer les obstacles pour certaines personnes.

«Vous devez le rendre ultrapratique pour les gens, car les gens qui sont super enthousiastes aux vaccins ont leur troisième injection», dit M. Miller.

«Les personnes qui n’ont pas encore de dose de rappel n’en ont pas pour une série complexe de raisons, mais les personnes les plus faciles à attraper… sont celles pour qui la seule chose qui les empêche d’en avoir est un peu d’apathie», fait-il valoir.

Les chiffres du gouvernement fédéral montrent qu’environ 57 % des Canadiens de 18 ans et plus sont complètement vaccinés et ont reçu une dose de rappel, tandis que 47 % de la population totale a reçu une dose de rappel contre la COVID-19.

Terre-Neuve-et-Labrador, la province avec le taux de vaccination le plus élevé au pays avec 91 % de sa population avec deux injections, compte 55 % de sa population avec une troisième dose.

La Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, a exhorté les Canadiens de 18 ans et plus à recevoir une dose de rappel étant donné une récente augmentation des cas de COVID-19 attribuable au variant BA.2 plus transmissible.

«Que vous appeliez cela la sixième vague ou non… il y a une augmentation qui est observée dans la plupart des régions du Canada», a déclaré Mme Tam plus tôt cette semaine.

Elle a déclaré que le rappel est également recommandé pour ceux qui ont récemment été infectés par la COVID-19.

Convaincre les jeunes

M. Miller affirme que la plus grande apathie vis-à-vis des vaccins concerne les jeunes canadiens et que les gouvernements devraient faire davantage pour rendre les injections de rappel facilement accessibles à ce groupe démographique.

À l’approche de la saison estivale, il affirme que des cliniques mobiles pourraient être réorganisées lors d’événements en plein air pour aider à augmenter les taux de rappel.

Roman Pabayo, professeur à l’École de santé publique de l’Université de l’Alberta, soutient qu’il existe encore de nombreux obstacles qui empêchent les gens de se faire vacciner.

Il indique qu’un rapport de Statistique Canada publié le mois dernier montre qu’environ 86 % des personnes de 12 ans et plus étaient disposées à recevoir une dose de rappel – une grande différence par rapport au pourcentage de Canadiens qui ont reçu leur troisième dose jusqu’à présent.

«Donc, s’ils sont prêts, nous devons examiner les barrières qui sont mises en place», dit M. Pabayo.

Les heures d’ouverture des cliniques de vaccination ou des pharmacies, le manque de transport vers ces sites et même une garde d’enfants inadéquate peuvent jouer un rôle dans le plafonnement des taux de vaccination pour les doses de rappel, explique-t-il.

«Si l’accessibilité est un problème, il est important pour nous, en santé publique, d’aller vers eux», déclare M. Pabayo.

«Pour la plupart des gens, avec l’acceptation que l’idée des anti-vaccins inconditionnels est déjà faite, il suffit peut-être d’un professionnel de la santé pour leur parler.»

Mais, a-t-il ajouté, les professionnels de la santé sont épuisés.

«J’aime à penser que nous arrivons à la fin de la pandémie, mais en même temps, les gens sont épuisés, affirme M. Pabayo. Ce n’est pas seulement la population générale, mais aussi les professionnels de la santé et de la Santé publique.»

Cette semaine, Mme Tam a déclaré que les efforts initiaux des campagnes de rappel avaient été contrecarrés, car de nombreux vaccinateurs étaient infectés.

«Nous avons eu un absentéisme de la santé, de la santé publique et du système de santé, il n’est donc pas facile d’augmenter l’accès et de s’assurer que les vaccins sont accessibles à toutes les populations», a-t-elle déclaré.

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