Le chef d’état-major sonne l’alarme sur les coûts de l’habitation pour les militaires

Lee Berthiaume, La Presse Canadienne
Le chef d’état-major sonne l’alarme sur les coûts de l’habitation pour les militaires

OTTAWA — Le chef d’état-major de la défense affirme que les militaires ressentent durement la forte hausse des coûts de l’habitation et d’autres biens et services, en raison de leur mode de vie particulier, et qu’il faudrait plus de logements sur les bases.

Le général Wayne Eyre a déclaré jeudi que le manque de logements abordables et les difficultés croissantes à joindre les deux bouts sont apparus comme les principales plaintes des militaires à leurs supérieurs.

«Le problème numéro 1 qui surgit lorsque je voyage à travers le pays est le coût de la vie et les défis auxquels nos gens sont confrontés en termes de recherche de logements abordables», a déclaré M. Eyre lors d’un déjeuner-causerie organisé par le maire d’Ottawa, Jim Watson.

Le chef d’état-major a déclaré que bien que de nombreux Canadiens soient confrontés aux mêmes défis, les impacts sont particulièrement aigus sur les militaires, qui doivent fréquemment se déplacer vers différentes bases et emplacements à travers le pays.

Un rapport interne de l’unité des «services de bien-être et moral des Forces canadiennes» révélait en 2018 qu’un militaire sur quatre doit déménager chaque année en raison pour une formation ou en raison de besoins opérationnels des Forces armées.

Le général Eyre a particulièrement évoqué ce qu’il a décrit comme une pénurie de logements sur les bases militaires. «À l’heure actuelle, il nous manque entre 4000 et 6000 unités sur nos bases, ce qui accentue également le problème du logement», a-t-il soutenu.

Selon un rapport interne du ministère de la Défense sur les logements militaires, publié en décembre, il y avait environ 12 000 unités à travers tout le pays, qui fournissaient un logement à environ 20 % des membres des forces armées.

Bien que les taux d’occupation varient selon les endroits, le rapport a révélé que les logements étaient proches de leur capacité maximale, d’autant plus qu’entre 10 % et 15 % de toutes les unités sont indisponibles à un moment donné, en raison de l’entretien ou d’autres raisons.

Maintenir et recruter du personnel

Le rapport a également révélé que l’«indemnité différentielle de vie chère», versée dans certaines communautés, est insuffisante, car le taux actuel est gelé depuis 2009. 

Le général Eyre estime qu’à cause de ces problèmes de coût de la vie et de manque de logements abordables, l’armée a plus de mal à retenir du personnel formé et expérimenté, ce qui est apparu ces dernières années comme un problème clé.

Les Forces armées canadiennes auraient besoin actuellement de milliers de militaires de plus, un fait que le chef d’état-major a souligné lors de son allocution au déjeuner-causerie. Il a ainsi prévenu que l’élastique était étiré au maximum, alors que les demandes de contribution n’arrêtent pas de croître, au pays et à l’étranger.

Le général Eyre affirme que de nombreux militaires sont épuisés par le rythme incessant des deux dernières années. Il cite notamment le soutien aux Canadiens tout au long de la pandémie de COVID-19, ainsi que lors de différentes catastrophes naturelles et de nombreux déploiements à l’étranger.

À peu près eu même moment, jeudi, la ministre de la Défense, Anita Anand, annonçait d’ailleurs le déploiement de 150 militaires canadiens en Pologne pour aider à faire face à la crise des réfugiés. Il s’agit du dernier ajout à une liste croissante de déploiements en Europe.

Le général Eyre souligne également que si la Russie est actuellement au centre des préoccupations, les inquiétudes concernant l’agression chinoise dans la région indopacifique n’ont pas disparu, tandis que les groupes extrémistes et même le changement climatique restent toujours présents.

Le nombre croissant de menaces et de demandes au pays et à l’étranger est aussi survenu alors que les restrictions pandémiques limitaient le recrutement et la formation, sans compter les allégations d’inconduite sexuelle contre des officiers supérieurs, qui ont ébranlé l’image de l’armée.

Tout cela a souligné l’importance de changer la culture de l’armée pour en faire un lieu de travail plus attrayant, mais aussi le besoin pressant de garder ceux qui sont déjà en uniforme, a soutenu jeudi le général Eyre.

«Nous devons travailler plus dur et plus vite parce que l’environnement de sécurité international l’exige», a-t-il déclaré. «Un avenir dangereux et incertain se profile et il ne va pas attendre que nous soyons prêts. Nous devons donc être prêts maintenant.»

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