Les émissions de GES du Canada ont chuté pendant la première année de la pandémie

Mia Rabson, La Presse Canadienne
Les émissions de GES du Canada ont chuté pendant la première année de la pandémie

OTTAWA — Les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Canada ont chuté à leur plus bas niveau en près de trois décennies en 2020, au moment où les restrictions pandémiques réduisaient considérablement les déplacements en voiture — et clouaient même au sol les avions, pendant des mois.

Mais une nouvelle méthode, plus précise, de mesurer les émissions de méthane de l’industrie pétrolière et gazière signifie que le Canada a aussi émis beaucoup plus de tonnes de GES qu’on ne le pensait auparavant au cours des 25 dernières années.

Cette donnée vient atténuer les quelques bonnes nouvelles du Rapport d’inventaire national des émissions de GES, présenté par Ottawa jeudi aux Nations unies.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a écrit dans un communiqué que, dans l’ensemble, le rapport sur les émissions de 2020 constitue une bonne nouvelle pour la planète.

Cette année-là, le Canada a émis 672 millions de tonnes de gaz carbonique ou son équivalent en méthane, oxyde nitreux et autres fluorocarbures, ces gaz qui emprisonnent la chaleur dans l’atmosphère et contribuent au réchauffement climatique.

Il s’agit d’une réduction de 66 millions de tonnes, ou près de 9 %, par rapport à 2019. C’est aussi à peu près ce qui est produit par 20 millions de véhicules de tourisme au cours d’une année, ou par environ huit véhicules de tourisme sur 10 au Canada.

«Dans la lutte contre les changements climatiques, les progrès se font étape par étape. Et le rapport que nous présentons cette année aux Nations unies montre que le Canada est sur la bonne voie», a estimé jeudi le ministre Guilbeault.

Loin des nouvelles cibles 

Il reste toutefois beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre le nouvel objectif du Canada, qui est maintenant de réduire, d’ici 2030, les émissions de GES à au plus 60 % de ce qu’elles étaient en 2005. Pour atteindre cet objectif, le Canada devra émettre moins de 445 millions de tonnes en 2030, comparativement à 672 millions de tonnes en 2020.

Les émissions n’avaient pas été inférieures à ce qu’elles étaient en 2020 depuis le milieu des années 1990. Mais M. Guilbeault prévient que la forte baisse ne se maintiendra pas en 2021, car les mesures sanitaires se sont assouplies et l’activité économique a retrouvé une certaine normalité.

Les émissions du transport routier avaient chuté de plus de 14 % en 2020, ce qui représente les deux tiers de la réduction totale au Canada. Les émissions du secteur de l’aviation ont été réduites de près de moitié. Les émissions ont également diminué dans les secteurs de la fabrication et de l’extraction de pétrole et de gaz, dont la plupart peuvent être attribuées aux fermetures et aux ralentissements liés à la pandémie.

Mais toutes les baisses en 2020 ne peuvent pas être attribuées à la seule pandémie. Les efforts continus de l’Alberta pour abandonner les centrales électriques au charbon ont contribué à réduire les émissions de la production d’électricité et de chaleur de plus de 11 % en 2020 — une réduction qui se maintiendra à l’avenir. L’élimination progressive du charbon en Alberta devait être terminée d’ici 2030, mais la province a sept ans d’avance sur son calendrier.

Depuis 2005, les émissions totales d’électricité et de chaleur ont diminué de plus de moitié, alors que toutes les provinces abandonnent le charbon.

Nouveau calcul du méthane

Autre grand changement dans le rapport sur 2020: la nouvelle méthode de calcul des émissions de méthane. 

Ce changement est conforme aux normes établies par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) des Nations unies. Il a été apporté après de nombreuses études qui ont montré que les fuites de méthane des sites de production de pétrole et de gaz étaient plus élevées qu’on ne le croyait auparavant.

Des ajustements ont également été apportés à la manière dont on comptabilise les émissions provenant des terres agricoles.

Les changements ont été appliqués non seulement pour 2020, mais les émissions révisées remontent jusqu’en 2005. Entre 2015 et 2019, les ajustements signifient que le Canada a émis 47 millions de tonnes de plus qu’on ne le pensait auparavant.

Le ministre Guilbeault estime toutefois que les efforts en cours pour réduire les fuites de méthane montrent des progrès et sont en bonne voie pour atteindre l’objectif de réduire d’ici 2025 les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier d’au moins 40 % par rapport aux niveaux de 2012.

Le changement a également montré qu’au lieu d’augmenter en 2019, comme on le pensait auparavant, les émissions ont en fait commencé à diminuer.

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