L’ex-joueur de la LNH Mike Bossy est décédé à l’âge de 65 ans

La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Mike Bossy, l’un des meilleurs francs-tireurs de l’histoire de la LNH, est décédé d’un cancer du poumon. Il était âgé de 65 ans. La nouvelle a été confirmée par sa famille dans un communiqué, vendredi matin.

«C’est avec un immense chagrin que je vous annonce le décès de mon père, Mike Bossy. Il nous a quittés dans la nuit du 15 avril, et il ne souffre plus», a écrit sa fille Tanya au nom de toute la famille Bossy.

«Mon père aimait le hockey, certes, mais d’abord et avant tout, il aimait la vie. Et jusqu’au bout de son périple, il s’est accroché. Il voulait vivre plus que tout. Cette vie, qu’il tenait au bout de ses bras, en a décidé autrement, pour des raisons qui nous échappent.

«Nous tenons à remercier chacun d’entre vous qui lui avez transmis vos douces pensées et votre amour: sa famille et ses amis, ses collègues de TVA et ses partisans.»

La triste nouvelle a aussitôt donné lieu à de nombreux témoignages de sympathies.

«C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès de Mike Bossy ce matin, a réagi le Canadien de Montréal sur Twitter, qui affronte justement son ancien club des Islanders de New York en soirée au Centre Bell. Nos pensées accompagnent ses amis, sa famille, ses anciens coéquipiers et ses collègues chez TVA Sports. Véritable légende de notre sport, il nous manquera beaucoup.»

L’état de Bossy s’était aggravé ces derniers mois et, plutôt que de se soumettre aux effets indésirables d’un traitement agressif supplémentaire, il avait décidé de rentrer chez lui au début du mois et de profiter de ses derniers moments entourés des membres de sa famille.

Carrière impressionnante

Bossy a révélé son diagnostic au public en octobre 2021, annonçant qu’il prendrait congé de son rôle d’analyste pour TVA Sports afin de lutter contre sa maladie.

Dans une lettre ouverte à la communauté du hockey publiée à l’époque, Bossy avait promis de lutter contre son cancer avec toute son énergie.

«Je peux vous assurer que j’ai l’intention de me battre avec la détermination que vous m’avez vu afficher sur la glace et dans mon jeu, avait-il écrit. Cette même détermination qui m’a aidé à réaliser mes rêves», avait-il confié. 

La carrière de 10 saisons de Bossy dans la LNH, écourtée en raison de blessures et de maux de dos, restera l’une des plus impressionnantes de tous les temps. Il a totalisé 573 buts et 1126 points en 752 matchs en plus de jouer un rôle de premier plan dans la dynastie des Islanders, qui ont remporté quatre coupes Stanley consécutives dans les années 1980.

Il a également remporté le trophée Calder (1977-78) décerné à la recrue de l’année, un trophée Conn Smythe (1981-82) saluant le joueur par excellence de la LNH et trois trophées Lady Byng (1983, 1984, 1986) remis au joueur démontrant le meilleur esprit sportif. Il a aussi obtenu huit sélections au sein de la première équipe d’étoiles.

En 1991, il a été admis au Temple de la renommée du hockey; en 1995, au Panthéon des sports du Québec; et en 1998, au Temple de la renommée de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. À l’occasion du centenaire de la LNH, en 2017, il a été honoré à titre d’un des 100 plus grands joueurs de l’histoire.

Bossy a aussi été un précurseur dans le mouvement pour réduire les bagarres au hockey. En 1979, il avait annoncé aux médias qu’il n’allait plus jamais se battre sur une patinoire.

La terreur des gardiens

Né le 22 janvier 1957 à Montréal, Michael Dean Bossy a joué son hockey junior avec le National de Laval de la Ligue de hockey junior majeur du Québec de 1973 à 1977. Chez les juniors, il a totalisé 532 points, dont 309 buts, en 262 matchs.

Bossy est arrivé dans la LNH à l’âge de 21 ans avec un palmarès impressionnant. Mais il avait beau être devenu la terreur des gardiens de la LHJMQ à ses quatre saisons juniors, la mauvaise réputation de la ligue en matière de hockey défensif a incité plusieurs équipes à lever le nez sur lui. Le Canadien de Montréal lui a ainsi préféré l’ailier Mark Napier au 10e rang. On lui reprochait aussi d’être négligent défensivement en plus d’être peu enclin à la bagarre.

Il lui a donc fallu patienter jusqu’au 15e rang avant que les Islanders ne prononcent son nom lors du repêchage de 1977, une opportunité inespérée pour le directeur général d’alors Bill Torrey.

Les hommes de hockey des Islanders avaient pourtant Bossy à l’œil. Le dépisteur en chef, Henry Saraceno, l’avait dirigé au hockey midget et il estimait que Bossy était le meilleur marqueur junior depuis Guy Lafleur. Comme les Islanders avaient désespérément besoin d’attaque, Arbour a imploré le département de hockey: «Obtenez-moi le marqueur. Je peux lui apprendre le jeu défensif, mais personne ne peut apprendre comment mettre la rondelle dans le filet.»

À sa première négociation de contrat, Torrey a demandé à Bossy combien de buts il s’attendait à marquer à sa première saison. «Cinquante» a été la réponse, même si aucune recrue de la LNH n’avait jamais atteint ce chiffre. Le record était de 44.

Mais Bossy aimait fixer et atteindre ses objectifs, bien qu’il ait confié dans son autobiographie qu’il n’était pas vraiment certain que 50 buts étaient possibles. Son agent lui avait suggéré cette réponse, croyant qu’une démonstration de confiance impressionnerait Torrey. Pour sa part, le sceptique directeur général avait poliment ricané.

Au camp d’entraînement, l’entraîneur Al Arbour a utilisé Bossy à l’aile droite avec deux futurs membres du Temple de la renommée, le polyvalent centre Bryan Trottier et le robuste ailier gauche Clark Gillies, décédé le 21 janvier dernier.

Surnommés le «Redoutable trio», les trois joueurs se complétaient à merveille. Bossy a retenu les leçons d’Arbour en matière de responsabilité défensive et l’avalanche de buts a commencé. Il a égalé le record pour une recrue de Richard Martin au 59e match des Islanders, puis, après une léthargie inhabituelle, a atteint le cap des 50 buts au 76e match. Il en a ajouté trois de plus cette saison-là et a remporté le trophée Calder remis à la recrue de l’année.

Et ce n’était que le début. Il a enchaîné avec plusieurs autres prolifiques campagnes, y compris sa deuxième de 69 buts, un sommet en carrière. En 1981-82, il a récolté 83 passes et 147 points, les meilleures statistiques pour un ailier droit de la LNH.

Il est d’ailleurs devenu en 1981 le deuxième joueur de la ligue à réussir 50 buts en 50 matchs, soit 36 ans après Maurice Richard.

Au fil de sa carrière, il s’est révélé le franc-tireur le plus redoutable de sa génération. Il a marqué plus de 50 buts neuf fois d’affilée, un exploit de régularité qu’aucun autre joueur de la LNH n’a égalé, pas même Wayne Gretzky qui l’a fait huit saisons consécutives.

Bossy et Gretzky partagent le record du plus grand nombre de saisons de 60 buts ou plus (cinq), mais Bossy revendique le meilleur pourcentage de but par match (76%), devant Mario Lemieux.

«Il est ultra dangereux devant le filet, a déjà décrit Arbour. Ses mains sont comme l’éclair et il a un formidable instinct avec la rondelle.»

Ce qui semblait aux yeux de tout le monde comme le fruit d’un talent exceptionnel résultait en fait d’heures et d’heures d’entraînement. Dès ses débuts, Arbour a noté ses solides poignets et son tir puissant et a déclaré: «C’est aussi l’un des travailleurs les plus acharnés du club.»

Un autre facteur a contribué au brio de Bossy: «J’ai probablement développé ce que les dépisteurs appellent mes mains rapides et ma rapidité d’exécution plus par autodéfense qu’autre chose, a expliqué Bossy dans son autobiographie, ‘Boss: l’histoire de Mike Bossy’. La LNH était nettement plus rapide par rapport au junior. J’ai appris à faire des passes rapides et à prendre des tirs rapides pour éviter de me faire frapper chaque fois que j’avais la rondelle.»

Persévérance et travail

Il y a quelques années dans une lettre publiée sur le site «The Players’ Tribune», Bossy a reconnu que ses succès dans la LNH ont aussi été le fruit de la persévérance et du travail.

«Quand ma mère vantait mes mérites auprès de tout le monde, elle oubliait d’importants détails, écrivait alors Bossy. Comme, par exemple, le nombre de temps que j’ai passé seul sur la patinoire dans ma cour arrière à lancer des rondelles sur un panneau de bois. Je n’avais pas de vrai filet, donc je visais toujours la même marque noire jusqu’à ce que je ne sois plus capable de sentir mes pieds dans mes patins.»

Dans cette lettre, il a aussi souligné à quel point les efforts et l’influence de son entourage, notamment sa conjointe Lucie, ont été d’une importance capitale pendant toute sa vie.

«La fille qui travaillait à la cantine de l’aréna était mignonne, a-t-il rappelé. J’étais trop gêné pour lui parler alors j’allais lui acheter une palette de chocolat tous les jours avant la pratique (…) Cette fille, Lucie, n’a pas seulement été à mes côtés pour le reste de ma vie, mais elle a également été la plus grande partisane de hockey. Personne, même pas moi, n’était aussi dur qu’elle en ce qui concerne mes performances.»

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