Girouard souffrait probablement de schizophrénie, selon le psychiatre de la défense

Caroline Plante, La Presse Canadienne

QUÉBEC — Le tueur au sabre Carl Girouard souffrait fort probablement de schizophrénie et était victime d’un délire lorsqu’il a assassiné deux personnes dans le Vieux-Québec à l’Halloween 2020.

C’est la conclusion à laquelle est parvenu le Dr Gilles Chamberland, un psychiatre qui a évalué Girouard après les meurtres et qui témoignait vendredi à son procès au nom de la défense.

Le Dr Chamberland a expliqué qu’il avait d’abord lu les documents qui existaient déjà sur Carl Girouard et sa famille, notamment un rapport de psychologue rédigé lorsque Girouard avait 12 ans. 

Avec en mains ce rapport, le Dr Chamberland a déclaré aux jurés qu’il soupçonnait Girouard d’être sur le spectre de l’autisme, de souffrir du syndrome Gilles de la Tourette et de schizophrénie.

L’accusé présentait un potentiel agressif et impulsif extrêmement important, en plus de se délecter d’idées de grandiosité pour changer la société, a-t-il dit. «À l’âge de 12 ans, on a déjà l’embryon de tout ce qui va arriver.»

Enfant, Girouard n’avait pas d’amis, faisait des crises de colère, tenait des propos vulgaires, dessinait des scènes de massacres, mais était très intelligent, selon l’expert de la défense.

Ses notes à l’école ont commencé à baisser, jusqu’à ce qu’il se mette à consommer du cannabis et des jeux vidéo en grande quantité et décide d’abandonner son parcours scolaire.

«C’est la descente de l’échelle sociale qui est typique chez les schizophrènes», selon le Dr Chamberland, qui croit que Girouard a «craqué» plus tard, alors qu’il touchait l’assurance-chômage et restait isolé chez lui.

Lorsqu’il a rencontré Girouard après les attentats du Vieux-Québec, celui-ci lui a expliqué qu’il n’avait jamais subi d’abus ni ressenti de colère envers les autres. 

Simplement, il avait une «mission» à accomplir, celle de faire du mal à des gens avec un sabre, pour que le monde entier le voie comme quelqu’un de fort et de courageux. 

«Si ce n’est pas un délire, je ne sais pas ce que c’est, a lâché lors de son témoignage le Dr Chamberland. Un moment donné, il faut arriver à une explication.»

Mais l’accusé lui aurait aussi confié qu’il se sentait moins confiant en arrivant à Québec le soir du 31 octobre 2020, «comme s’il n’avait pas d’affaire là». Il hésitait; il était «stressé et angoissé».

«Déçu» de lui-même, il avait dû «se fâcher» pour tuer sa première victime.

Carl Girouard a admis au tribunal avoir tué deux personnes, ainsi que d’avoir blessé cinq autres personnes, mais il soutient qu’il n’était pas criminellement responsable parce qu’il souffrait d’un trouble mental.

La Couronne plaide de son côté que Girouard était parfaitement capable de distinguer le bien du mal. Le procès reprendra lundi, au palais de justice de Québec, avec le contre-interrogatoire du Dr Chamberland.

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