La COVID exerce une influence sur la course au Parti conservateur

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
La COVID exerce une influence sur la course au Parti conservateur

OTTAWA — La fois précédente: les conservateurs avaient choisi un nouveau chef en pleine pandémie de COVID-19.

Deux ans, nous y voilà, encore une fois. Mais cette fois-ci, la course conservatrice se déroule à la fin des restrictions mises en place pour combattre la COVID-19.

Ces 25 derniers mois, de la première vague de COVID-19 à la situation actuelle, exercent une certaine influence sur l’actuelle course à la direction du Parti conservateur.

«L’idée même de parler des libertés est assurément le résultat direct de la pandémie», constate Chris Chapin, un directeur du Upstream Strategy Group.

Le député Pierre Poilievre, aspirant à la succession d’Erin O’Toole, dit qu’il veut faire du Canada «la nation la plus libre sur la Terre». S’opposer à la vaccination obligatoire et au port du couvre-visage est une partie importante de son discours. Il l’a répété, notamment devant des foules fort importantes.

La semaine dernière, il a prononcé un discours devant une foule de plus de 250 personnes, dont plusieurs ne portaient pas de couvre-visage malgré la réglementation provinciale, dans une salle d’un hôtel de l’ouest du Québec.

Selon M. Chapin, le candidat Poilievre mise clairement sur l’angoisse et la colère ressenties par une partie de la population au cours de la pandémie. Cette colère a culminé par l’occupation du centre-ville d’Ottawa qui a perduré pendant plusieurs semaines en février.

Leslyn Lewis, qui a terminé au troisième rang lors de la course en 2020, mène elle aussi campagne contre les mesures obligatoires. Elle s’est aussi opposée à un traité de l’Organisation mondiale de la Santé visant à renforcer la prévention, la préparation et la lutte à d’éventuelles pandémies.

La députée de Haldimand—Norfolk refuse de dévoiler son statut vaccinal «par principe». Elle a promis de présenter un projet de loi afin de protéger les personnes non-vaccinée contre une prétendue discrimination si elle devient première ministre.

M. Chapin rappelle qu’un autre candidat, Patrick Brown, s’était fait le champion des libertés religieuses, ce qui pourrait attirer ceux qui n’ont pu aller à leur église à cause de la pandémie.

Selon lui et la stratège conservatrice Mélanie Paradis, l’idée de s’opposer aux diverses restrictions est de vendre de cartes de membre à de nouveaux membres, ce qui est toujours la clé d’une course à la direction d’un parti.

Les candidats ont jusqu’au 3 juin pour faire adhérer de nouveaux membres au parti.

Mme Paradis dit que se concentrer sur les restrictions est un moyen efficace pour trouver un élan dans la course à la direction. Toutefois, le parti risque de dépenser trop d’énergie sur des politiques qui ne seront plus en vigueur au moment du vote. Une grande partie de la population sera passée à autre chose. Elle rappelle que les conservateurs ont pourtant besoin d’élargir leur base électorale.

«Nous insistons beaucoup sur des enjeux qui n’importeront plus lorsque viendra le temps des élections générales, souligne-t-elle. C’est complètement à l’opposée d’une bonne stratégie.»

Le discours anti-confinement du député provincial ontarien Roman Baber lui a permis de gagner un nombre suffisant d’appuis pour lui permettre de demeurer dans la course. Celui qui a été expulsé du caucus progressiste-conservateur parce qu’il s’opposait publiquement et bruyamment contre les mesures de confinement de son gouvernement, est parvenu à obtenir les 300 000 $ et les 500 signatures nécessaires à sa présence sur le bulletin de vote.

«Mes détracteurs m’ont reproché de ne parler que de la COVID, a-t-il récemment déclaré sur Twitter. Vraiment? Des millions de Canadiens sont toujours sujets à une discrimination sans précédent.»

John Aladin, un immigrant haïtien âgé de 22 ans vivant au Québec, dit être attiré par la constance du message de M. Poilievre. C’est un changement important par rapport à ce qu’il considère comme la position «ambigüe» défendue par l’ancien chef Erin O’Toole pendant la pandémie.

«S’il avait été notre chef, la position de notre parti aurait été plus claire», avance-t-il.

M. Aladin est venu écouter le discours de M. Poilievre dans l’ouest du Québec. Convaincu, il a acheté une carte de membre et même offert de travailler comme bénévolat.

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