REM de l’Est: Valérie Plante a changé d’avis en 10 jours

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
REM de l’Est: Valérie Plante a changé d’avis en 10 jours

QUÉBEC — La mairesse Valérie Plante a changé d’avis en 10 jours sur le REM de l’Est de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ) et torpillé le projet, a laissé entendre mardi le président de la CDPQ, Charles Émond.

En commission parlementaire, il a rapporté qu’elle était ravie du projet il y a un mois, mais qu’elle l’avait ensuite rejeté. 

Le gouvernement ne sait même pas encore à qui il confiera le prochain projet, mais il pourrait lui coûter moins cher que celui élaboré par la Caisse, a suggéré le ministre des Finances, Eric Girard.  

Le grand patron de la Caisse s’exprimait pour la première fois depuis le rejet officiel annoncé lundi de son projet de train de banlieue léger privé pour servir l’Est de Montréal.

Le gouvernement Legault avait en effet confié à la CDPQ ce mandat il y a plusieurs années, mais devant la controverse et la grogne suscitée par le projet d’une voie ferrée en hauteur sur pilotis au centre-ville, il le reprend en main.  

«On ne sent pas de désaveu», a assuré Charles Émond.  

Il a raconté qu’il avait rencontré la mairesse Plante il y a un mois, pour convenir que la Caisse allait s’occuper du volet transport du projet, tandis que la Ville allait s’occuper de l’aménagement.

«Elle était ravie de cette proposition; une dizaine de jours après, elle a appelé le gouvernement pour dire qu’elle voulait un autre projet. Le gouvernement m’a dit qu’il ne pensait pas que la Caisse allait embarquer. Ils nous en ont parlé, il (le gouvernement) m’a dit: ça met fin au REM de l’Est.»

Il a assuré que la Caisse ne souffrirait pas sur la scène internationale de l’abandon de ce projet.

Selon lui, il ne sera pas plus difficile pour la Caisse de présenter son modèle de transport en commun privé clé en main à d’autres villes dans le monde. 

Mais c’est encore «trop tôt pour déterminer» qui sera responsable du prochain projet, a dit le ministre des Finances, Eric Girard, témoignant à son tour.  

«On revient à la conceptualisation du projet, on n’est pas à attribuer le contrat.»

M. Girard a en outre confirmé que le gouvernement aurait eu à verser une redevance à la Caisse pour lui garantir son rendement – autrement dit ses profits – sur le REM de l’Est, comme il le fait pour l’actuel REM de l’Ouest de l’île de Montréal qui est encore en construction, mais qui devrait entrer en fonction en partie en décembre. 

«La Caisse a un rendement préférentiel de 8 % dans le REM de la phase 1 (en construction actuellement) et aurait eu un rendement préférentiel dans le REM de l’Est, mais il n’est pas dit que le projet (futur qui remplacera le REM de l’Est) sera fait plus rapidement ou au même coût», a-t-il dit. 

Il pourrait coûter moins cher, car le tronçon centre-ville du REM de l’Est a été abandonné dans le futur projet. «Comme il était dans une densité plus importante, il était plus dispendieux», a-t-il résumé. 

100 millions $ remboursés

M. Émond a en outre confirmé que le gouvernement allait rembourser 100 millions $ dépensés en études par CDPQ pour planifier le REM de l’Est, comme l’avait rapporté La Presse.

«On va rembourser le fait que le gouvernement s’est trompé pendant quatre ans» en confiant le mandat du REM de l’Est à la Caisse, a résumé le député péquiste Martin Ouellet en commission parlementaire.  

«Pour Monsieur et Madame-tout-le-monde: mon impôt va servir à compenser la Caisse, expliquez ça aux Québécois», a-t-il lancé au ministre Girard, qui a justifié ce dédommagement versé à la Caisse en précisant que le gouvernement allait pouvoir récupérer ces études.

Le député libéral André Fortin a reproché au gouvernement caquiste de promettre plusieurs projets de transport en commun avant les élections, mais de ne pas les réaliser.

Il a rappelé le tramway qu’on faisait miroiter rue Notre-Dame à Montréal, ainsi qu’une antenne du REM à Chambly qui a été abandonnée.

«On nous a dit que la planète au complet regarde le projet de REM de l’Est et aujourd’hui, on nous promet un projet complètement différent.»

Pour sa part, le député Alexandre Leduc, de Québec solidaire, a soutenu que quatre années ont été perdues en confiant erronément le projet de REM de l’Est à la Caisse. 

Le REM de l’Est devait comporter une ligne qui allait de la station Robert-Bourassa, au centre-ville, jusqu’à Pointe-aux-Trembles, assortie d’une antenne qui monte vers le Nord jusqu’au cégep Marie-Victorin. La partie centre-ville a été abandonnée. 

Le chantier était fortement contesté dans plusieurs quartiers de l’est notamment parce qu’il s’agirait d’un train en hauteur, sur pilotis. 

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