Des funérailles nationales émouvantes soulignent le départ de Guy Lafleur

Pierre Saint-Arnaud et Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Des funérailles nationales émouvantes soulignent le départ de Guy Lafleur

MONTRÉAL — Le Québec a fait ses adieux mardi à un grand athlète, à un homme d’exception et à l’époque qui avait valu au Canadien de Montréal le titre de Glorieux.

C’est sous les applaudissements de la foule et les cris de «Guy! Guy! Guy!» que la dépouille du célèbre numéro 10, amenée de sa chapelle ardente au Centre Bell, a fait son entrée à la cathédrale Marie-Reine du Monde en fin d’avant-midi.

La présence des premiers ministres du Canada et du Québec, de nombreux ministres, sénateurs, chefs de partis et, bien sûr, de toute la grande famille du Canadien et du hockey en général, allant des anciens à la direction du Canadien et d’autres clubs jusqu’au commissaire Gary Bettman, témoigne de l’impact de ce départ.

Comme il se devait, c’est la voix du Centre Bell, celle de Michel Lacroix, qui a présenté tour à tour les personnalités venues lui rendre un dernier hommage.

Franc parler, générosité, humilité

Premier à prendre la parole, le propriétaire du Canadien, Geoff Molson, a évoqué «l’incommensurable influence» qu’avait eue Guy Lafleur, bien au-delà de celle du joueur de hockey. M. Molson, dont l’organisation n’a jamais été ménagée par le franc-parler du Démon blond, a reconnu que «parfois ses commentaires étaient difficiles à accepter, mais il avait généralement raison».

L’ex-capitaine de l’équipe et détenteur de 10 coupes Stanley, Yvan Cournoyer, a suivi en remerciant le directeur général de l’époque, Sam Pollock, d’avoir repêché la jeune vedette des Remparts de Québec. Le défenseur Larry Robinson, de son côté, a rappelé une phrase que Guy lui avait dite et qu’il mettait toujours en pratique: «Joue à chaque jour comme si c’était le dernier.»

Un autre ancien capitaine, Guy Carbonneau, a raconté avec le sourire sa première expérience intimidante de recrue au centre de Guy Lafleur et Steve Shutt, mais n’a pas manqué d’ajouter que «ce qui le rendait vraiment spécial, c’est comment il faisait se sentir les gens autour de lui».

Enfin, dernier ancien joueur à prendre la parole, l’ex-gardien Patrick Roy s’est attardé sur les qualités de l’homme, parlant de sa stature, sa prestance et son charisme, mais aussi du coeur, du respect qu’il avait des autres et de sa générosité sans bornes. Rappelant le célèbre match contre les Rangers de New York qui marquait le retour au forum de Guy Lafleur après une retraite de quatre ans, l’ancien cerbère a parlé d’une «soirée tellement magique que, quand il a scoré deux buts, j’ai eu une ovation!»

«Un peu de lui dans le coeur des Québécois»

Puis sont venus les hommages des proches, son fils Martin, et sa belle-sœur, Francine Barré. «Il y a tellement de choses que j’admire chez mon père», a d’abord déclaré Martin Lafleur. Il a rappelé comment celui-ci avait «toujours pris soin de sa famille malgré ses nombreux engagements», mais qu’en même temps «il voulait prendre soin de tout le monde, même les gens qu’il ne connaissait pas».

Avant de remercier les partisans, le club de hockey et le gouvernement du Québec pour cet hommage, il a raconté avec humour comment son père brûlait toujours les hamburgers sur le BBQ et blâmait systématiquement le BBQ.

Francine Barré, la belle-sœur de Guy Lafleur, a expliqué que, durant les 50 ans où ils avaient fait partie de la même famille, jamais avaient-ils pu aller au restaurant ou faire une sortie sans être abordés par des partisans en quête d’un autographe ou d’une photo, ce qu’il acceptait avec grâce chaque fois pour tout le monde qui le souhaitait.

«Je vais me souvenir longtemps, comme vous tous, du grand hockeyeur qu’il a été, avec son coup de patin tellement naturel, son sourire, sa chevelure au vent, mais surtout je vais me souvenir de l’homme humble, généreux, droit, intègre qu’il a été», a-t-elle affirmé.

«Il laisse un peu de lui dans le cœur non seulement des membres de sa famille, de sa belle-famille et de ses amis, mais aussi dans celui de chacun des Québécois et des Québécoises.»

La chanteuse Ginette Reno, qui entretenait depuis toujours une grande amitié avec le joueur étoile, a ensuite chanté l’Essentiel avant que ne se poursuive la cérémonie religieuse, présidée par l’archevêque de Montréal, Christian Lépine.

«Guy! Guy! Guy!»

Le cortège a ensuite quitté encore une fois sous les applaudissements de plusieurs centaines de personnes massées devant la cathédrale et scandant «Guy! Guy! Guy!» après le dernier salut d’un CF-18 des Forces armées canadiennes.

Guy Lafleur est décédé le 22 avril d’un cancer du poumon, à l’âge de 70 ans. Le natif de Thurso, en Outaouais, a disputé 17 saisons dans la LNH, dont 14 avec le Canadien, devenant le meilleur pointeur de l’histoire de la formation montréalaise.

Il a été intronisé au Temple de la renommée du hockey en 1988 et son numéro 10 a été retiré par le Canadien.

Des dizaines de milliers de personnes s’étaient préalablement recueillies devant son cercueil lors des deux derniers jours, alors que le Centre Bell s’était transformé en chapelle ardente.

Guy Lafleur laisse dans le deuil son épouse, Lise, ses fils, Martin et Mark, sa mère, Pierrette Lafleur, sa petite-fille, Sienna-Rose, ainsi que ses sœurs, Lise, Gisèle, Suzanne et Lucie.

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