Projet de loi 96: certains aspirants-chefs conservateurs se prononcent, d’autres non

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Projet de loi 96: certains aspirants-chefs conservateurs se prononcent, d’autres non

LAVAL, Qc — Trois des six aspirants-chefs conservateurs ont clairement exprimé leur opposition au projet de loi 96, mercredi soir dans un débat en français qui se déroulait à Laval, mais Pierre Poilievre et Jean Charest se sontdétournésde l’occasion d’afficher leurs couleurs sur la question.

Le maire de la ville ontarienne de Brampton, Patrick Brown, a qualifié la réforme caquiste de la Charte de la langue française de «pas correcte» puisqu’elle va selon lui à l’encontre de la Charte canadienne des droits et libertés.

Le candidat Scott Aitchison a affirmé que la législation qui sera bientôt sanctionnée «divise et est mauvaise».

Roman Baber est celui qui est allé le plus loin en promettant d’utiliser «tous les moyens légaux» pour contrer les effets de la loi 96 à être sanctionnée.

M. Brown n’a pas été jusque là lorsqu’il a été appelé, en mêlée de presse, à préciser s’il était prêt à intervenir contre la nouvelle mouture de la loi 101 aussi férocement que pour sa croisade contre la loi 21.

«Peut-être que c’est trop tôt pour avoir une décision sur ça maintenant parce qu’il y aura une élection provinciale et bientôt il pourra y avoir cette discussion et ce débat», a-t-il répondu.

De son côté, la députée anti-avortement Leslyn Lewis a semblé se positionner contre la loi 96. «Francophone ou anglophone, c’est la personne la plus qualifiée qui devrait avoir l’emploi», a-t-elle soutenu.

Tant celui qui est considéré comme meneur de la course, Pierre Poilievre, que l’ex-premier ministre québécois Jean Charest ont évité d’exprimer une quelconque opposition contre la loi 96.

Le premier s’est contenté de dire que la langue française lui était chère et qu’il souhaitait la promouvoir, durant un segment de la joute oratoire portant sur les langues officielles.

«Les Canadiens ont le droit de recevoir tous les services du gouvernement fédéral dans les deux langues officielles», a-t-il ajouté.

De son côté, M. Charest a soutenu en mêlée de presse qu’un gouvernement dont il serait à la tête se prononcerait seulement une fois que la Cour suprême serait saisie du dossier.

«Maintenant, il faut respecter le fait que c’est de compétence québécoise», a-t-il dit en plaidant qu’il revient aux tribunaux d’examiner si la pièce législative va à l’encore des droits et libertés de la population.

De pair avec Patrick Brown, il a reproché à Pierre Poilievre d’éviter d’indiquer en anglais – autant qu’en français – qu’il n’interviendrait pas dans la contestation de la loi 21.

«Êtes-vous bilingues ou vous ne l’êtes pas?», a raillé M. Charest en l’accusant de parler des deux côtés de la bouche.

«Je me suis prononcé contre la loi partout au pays et j’espère que le Québec va renoncer à la loi», s’est défendu M. Poilievre. Il a plus tard affirmé qu’il ne renverserait pas la position du ministre de la Justice, David Lametti, qui a annoncé qu’Ottawa interviendrait devant la Cour suprême.

M. Charest et M. Brown ont promis d’intervenir lorsque la cause serait entendue par le plus haut tribunal au pays. Le maire de Brampton est d’autant plus mobilisé dans le dossier qu’il a incité d’autres villes que la sienne à financer le mouvement de contestation.

M. Poilievre a dû essuyer un tir groupé de ses adversaires à plusieurs moments durant le débat. Il lui a une fois de plus été reproché d’avoir vanté les vertus de la cryptomonnaie afin de se protéger de l’inflation.

«Il est dans les patates!», a lancé Mme Lewis à son sujet, ce qui a aussitôt déclenché des rires dans la salle.

M. Charest n’a par ailleurs pas manqué de reprocher à Pierre Poilievre de s’être engagé à congédier le gouverneur de la Banque du Canada.

Le député de Carleton a riposté à M. Charest en l’accusant d’avoir haussé les impôts au Québec.

Sur un autre sujet qui touche la belle province, les candidats ont dû indiquer ce qu’ils comptaient faire pour juguler les arrivées irrégulières de migrants par le chemin Roxham.

«Je suis contre les entrées illégales, mais en même temps je suis pour l’immigration», a offert Pierre Poilievre au modérateur en soulignant que sa femme est d’origine vénézuélienne.

Il a mentionné qu’il avait l’intention de conclure des ententes avec les provinces, s’il devient premier ministre, pour que les compétences des nouveaux arrivants soient reconnues dans des délais de 60 jours.

Jean Charest a pour sa part insisté sur l’importance de renégocier l’Entente sur les tiers pays sûrs. Il a plus tard déploré les délais «trop longs» au ministère de l’Immigration. «Il faut faire un ménage dans le ministère pour donner un coup de barre décisif», a-t-il affirmé.

Patrick Brown n’a pas clairement indiqué ce qu’il comptait faire face aux entrées irrégulières. Tout en se posant en candidat du multiculturalisme, il a soutenu être «contre l’immigration illégale parce que ça rend (les choses) plus difficiles pour que les gens le fassent de façon légale».

Le débat de mercredi soirétait le dernier de ceux qui ont été annoncés par le PCC.

Les candidats ont jusqu’à la fin de la semaine prochaine pour convaincre des partisans d’acheter des cartes de membres du parti. Cela permettra à ces derniers de voter pour la personne qu’ils désirent voir succéder à Erin O’Toole. Le vainqueur de la course, élu au moyen d’un scrutin préférentiel, sera connu le 10 septembre prochain.

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