Les électeurs peu enthousiastes alors que la campagne tire à sa fin en Ontario

Allison Jones, La Presse Canadienne
Les électeurs peu enthousiastes alors que la campagne tire à sa fin en Ontario

TORONTO — À deux jours du scrutin en Ontario, le favori conservateur semblait mardi se diriger sans trop d’encombres vers la victoire, alors que celle qui pourrait arriver deuxième a laissé planer des doutes sur son avenir en tant que cheffe néo-démocrate.

Les sondages suggèrent que les conservateurs de Doug Ford sont sur le point de former un deuxième gouvernement majoritaire, jeudi. Par contre, ni les néo-démocrates ni les libéraux ne se démarquent suffisamment dans les intentions de vote pour que l’on puisse prédire déjà qui formera l’opposition officielle à Queen’s Park. Et les sondages n’ont à peu près pas bougé depuis le début de la campagne.

Les électeurs ne semblent pas particulièrement enthousiasmés par les différentes options offertes dans cette campagne, a déclaré Shachi Kurl, présidente de l’Institut Angus Reid.

Un récent sondage réalisé par sa firme a révélé que M. Ford est le premier choix pour le poste de premier ministre, mais avec seulement 35 % des intentions de vote, tandis que la cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Andrea Horwath, est statistiquement à égalité, autour de 20 %, avec les électeurs indécis.

«Dans quelques cas, vous voyez que les partis sont en fait en avance sur leur chef en termes d’approbation ou d’attrait, donc les gens s’en tiennent à leur base partisane, plutôt que de se sentir enthousiasmés ou inspirés par un chef», a-t-elle déclaré en entrevue.

«Le fait que la moitié des électeurs de l’Ontario soient aussi motivés à écarter un parti qu’ils n’aiment pas plutôt que de voter pour un parti qu’ils veulent vraiment voir gagner, voilà des indicateurs assez significatifs d’une sorte de ‘facteur bof’ que les électeurs ressentent.»

Pas une «élection de renouveau»

La dernière élection, en 2018, était ce qu’on appelle une «élection de renouveau», l’électorat dans son ensemble souhaitant chasser les libéraux du pouvoir après 15 ans. Dans cette campagne-ci, même si la majorité des électeurs ne sont pas particulièrement partisans de M. Ford, il n’y a pas de volonté écrasante de le remplacer par quelqu’un d’autre, a noté Mme Kurl.

Et l’équipe de M. Ford en est très consciente. Les conservateurs suivent un plan de match classique de meneurs, a déclaré Alex Chreston, ancien membre du personnel politique conservateur, et consultant principal de la firme d’affaires publiques Crestview Strategy.

«Depuis le début, je pense que les sondages sont restés à peu près les mêmes, avec peut-être un peu de mouvement pour la deuxième et la troisième place, et ça donne aux conservateurs toutes les raisons de jouer de prudence, a-t-il déclaré. Ils vont prendre le moins de risques possible.»

M. Ford a effectivement passé plusieurs jours pendant la campagne à ne tenir aucun événement public, ou bien à ne participer qu’à des «séances de photos» au cours desquelles les journalistes n’avaient aucune possibilité de poser des questions sur sa plateforme. Il a même annulé mardi une de ces séances de photos, sans aucune explication de son équipe de campagne.

Avenir incertain pour Mme Horwath

Pendant ce temps, les électeurs ont vu Mme Horwath diriger le NPD lors de trois autres élections générales et ne sont toujours pas suffisamment attirés par son message pour lui confier les rênes du pouvoir. Et ils ne semblent pas non plus estimer qu’il est temps pour les libéraux de revenir, a déclaré Mme Kurl.

«Habituellement, quand vous avez une ‘élection de renouveau’ après une si longue période, comme nous l’avons vu en 2018, ce n’est pas pour deux minutes sur le banc des pénalités: il s’agit généralement d’une pénalité de match, qui dure plus d’un cycle électoral», a-t-elle souligné.

Mardi, Mme Horwath n’a pas garanti qu’elle resterait à la tête du NPD après les élections, même si son parti devait former à nouveau l’opposition officielle à Queen’s Park mais avec un nombre réduit de sièges.

«Jeudi, les gens prendront leur décision et ce à quoi je m’engage à ce stade-ci, c’est que je me battrai toujours pour les gens et que je travaillerai toujours pour améliorer la vie des gens», a-t-elle déclaré lors d’un événement de campagne. «Après (le scrutin), ça déterminera ce qui se passera par la suite, mais je n’arrêterai jamais de me battre pour les gens, jamais.»

De nombreux observateurs s’attendent à ce que Mme Horwath démissionne si son parti ne forme pas le gouvernement cette fois-ci. Les experts avaient également évoqué la possibilité d’une démission en 2018 en l’absence d’une victoire du NPD – qui avait semblé possible pendant environ une semaine au cours de la dernière campagne. Mais elle est finalement restée en poste, lorsque le NPD est devenu opposition officielle, doublant presque son nombre de sièges, en partie grâce à l’effondrement des libéraux de Kathleen Wynne.

Mardi, le nouveau chef libéral, Steven Del Duca, a déclaré que l’équipe de M. Ford avait isolé le chef conservateur du public afin qu’il puisse «marcher comme un somnambule» vers une autre victoire. Mais les électeurs, dit-il, lui ont raconté une histoire bien différente pendant la campagne.

«Nous savons que Doug Ford est enfermé dans une bulle depuis, franchement, bien avant le début de cette campagne, a-t-il déclaré mardi lors d’un événement de campagne. Les conversations que j’ai avec les gens en ce moment, partout en Ontario, les foules que je vois à chacun de mes arrêts, ça m’indique que les Ontariens vont faire éclater la bulle de Doug Ford jeudi soir.»

– Avec des informations de Stephanie Taylor à Ottawa.

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