Si la survie du Québec est en jeu, Legault doit pouvoir évoquer l’indépendance

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Si la survie du Québec est en jeu, Legault doit pouvoir évoquer l’indépendance

QUÉBEC — Si François Legault estime que la survie du peuple québécois est en jeu parce qu’il n’a pas les pleins pouvoirs en immigration, alors il doit pouvoir envisager l’indépendance.

Le Parti québécois a ainsi forcé le premier ministre à se prononcer jeudi sur la question nationale, en plus de susciter un malaise chez plusieurs élus caquistes, qui se sont contredits sur la menace à la nation. 

Samedi, M. Legault a fait du rapatriement des pouvoirs en immigration une question de survie pour la nation québécoise, qui risque avec le recul du français de devenir une «Louisiane», or son homologue fédéral, Justin Trudeau, a dit non à ses revendications.

Si c’est une question de survie, M. Legault doit être conséquent, selon le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon.

«Je lance le défi suivant, un appel au devoir à François Legault», a-t-il dit, ému.

«Je demande à ce que François Legault nomme cette possibilité-là, évoque explicitement la possibilité que, si Justin Trudeau ne change pas d’avis rapidement sur la question des pouvoirs en immigration, ce sera notre liberté, ce sera notre indépendance, qu’il le dise, des gens fédéralistes comme Robert Bourassa ont été capables de le faire.»

En mêlée de presse, François Legault a refusé de dire s’il était encore personnellement souverainiste, comme du temps où il était ministre et député péquiste.

Il a plutôt répété qu’il est «nationaliste à l’intérieur du Canada», ou encore, qu’«il n’y a pas d’appétit pour l’indépendance». 

«À l’aise dans le contexte»

Tous les élus caquistes ont répété à l’unisson le même discours: ils refusaient tous l’étiquette de fédéralistes, mais disaient tous qu’il fallait rester dans le Canada.

Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, a avoué qu’il était autrefois indépendantiste, mais qu’il est «tout à fait à l’aise avec le contexte actuel».

«Pas en péril»

«La nation québécoise n’est pas en péril», a pour sa part dit le député caquiste Sylvain Lévesque, contredisant son chef. 

«Il n’y a aucun défi à sortir du Canada et ce n’est pas dans les cordes de la CAQ», a-t-il ajouté.

«J’ai extrêmement confiance en la capacité de M. Legault de convaincre le premier ministre du Canada. (…) On travaille très fort avec le Canada.»

«Oui, on est menacé, on doit mettre son poing sur la table, réclamer ce qu’on doit réclamer, faut s’assumer, mais on peut très bien le faire à l’intérieur du Canada», a plaidé le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe. 

«Un beau pays»

«Moi j’aime bien le Canada, c’est un beau pays, le Canada, faire respecter le Québec, mais dans le Canada», a lancé la ministre déléguée à l’Économie, Lucie Lecours, en disant toutefois que quand elle «regarde la baisse du niveau de français, oui, je suis inquiète».

Il y a des indépendantistes à la Coalition avenir Québec (CAQ)? «Non, moi je vous dis qu’on est une coalition, il y a toutes sortes d’idées qui circulent.»

Appelée à définir le nationalisme de la CAQ, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a déclaré: «C’est ma fierté, personnellement, c’est d’être en train de mettre en place des Maisons des aînés, adopter un projet de loi sur les proches aidants, ça, ça nous définit comme nationalistes.»

Rappelons que dès ses débuts, la CAQ avait été constamment forcée de justifier sa position, ni fédéraliste, ni souverainiste. À l’époque, M. Legault appelait à sortir de ce clivage.

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