Le PQ réclame 6 milliards $ du fédéral pour son plan de 7 milliards $ en santé

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Le PQ réclame 6 milliards $ du fédéral pour son plan de 7 milliards $ en santé

QUÉBEC — Le Parti québécois (PQ) a présenté lundi un plan de 7 milliards $ pour réformer le système de santé, qui repose sur un transfert additionnel du gouvernement fédéral de 6 milliards $. 

Le PQ a dû ensuite préciser qu’il allait réaliser ses engagements s’il est élu, même dans l’éventualité où Ottawa lui dit non. Le plan propose notamment un service de psychothérapie accessible et gratuit, ainsi que la gratuité des soins dentaires pour les jeunes de 10 à 18 ans et pour les aînés à faibles revenus.

En conférence de presse au parlement, flanqué de trois de ses candidats qui sont des professionnels du réseau de la santé, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a dévoilé un programme exhaustif de 30 pages, intitulé «La santé à votre porte», qui vise à rapprocher les soins des citoyens.  

«Un gouvernement indépendantiste va s’assurer de rapatrier ces sommes-là (6 milliards $ de fonds fédéraux) d’une manière ou d’une autre, parce que c’est à nous, cet argent, et on en a besoin», a plaidé M. St-Pierre Plamondon. 

«Le pays des licornes»

Cependant, les provinces tentent depuis des années d’obtenir d’Ottawa une hausse considérable des transferts fédéraux pour mieux financer le système de santé, mais en vain. Le gouvernement caquiste a également échoué dans sa tentative d’augmenter la part fédérale du financement du système de santé.

«Le pays des licornes, c’est la CAQ qui dit que le fédéralisme va permettre de rapatrier les 6 milliards $», ce que les caquistes n’ont pas obtenu au cours des quatre dernières années, a déploré le chef péquiste.  

Mais est-ce que le plan du PQ tient toujours si Ottawa lui dit non? 

Oui, ont par la suite tenu à préciser les attachés de presse du parti. La moitié des sommes, 3,5 milliards $, proviendrait d’une réaffectation d’enveloppes déjà existantes: fin du recours au privé et aux agences de personnel, révision du mode de rémunération des médecins, etc. 

«Depuis 2015, le recours au privé a rebondi de 306 %, et ça nous coûte 1 milliard $ de trop, de plus par année», a notamment fait valoir M. St-Pierre Plamondon. 

L’autre 3,5 milliards $ serait un investissement de fonds supplémentaires dans le budget de la santé. 

Les 7 milliards $ au total permettraient notamment de réinvestir massivement dans les soins à domicile, de doubler le crédit d’impôt pour les proches aidants, d’élargir les heures d’ouverture des blocs opératoires, de mieux financer les organismes communautaires, etc.   

CLSC

En vertu du plan péquiste, le CLSC redeviendrait la porte d’entrée des soins de première ligne au Québec, ce qui était prévu à l’origine lors de leur création. 

La CAQ n’a pas réalisé ses engagements en matière de première ligne, a martelé le chef péquiste. 

«On est très loin du 90 minutes d’attente dans les urgences; le pourcentage de patients sur une civière est passé de 17 % à 24 %; 60 % des consultations à l’urgence sont pour des urgences mineures; la prise en charge de la première ligne est nettement insuffisante; des services qui ont carrément fermé.»

Actes médicaux

En outre, pour désengorger le système, le plan propose de redistribuer des actes médicaux exclusifs réservés aux médecins pour les confier à d’autres professionnels.

«C’est des gens extrêmement compétents, qui sont coincés dans une espèce de cercle vicieux, où ils sont toujours dépendants du médecin, qui ralentit les procédures de prise en charge puis qui ralentit l’efficacité du réseau», a plaidé la candidate péquiste dans Hull, Camille Pellerin-Forget, qui est physiothérapeute au Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Outaouais. 

Elle a donné l’exemple d’une personne qui a subi une entorse à la cheville, qui actuellement doit patienter 12 heures à l’urgence. Mais si le CLSC est ouvert 12 heures par jour, le patient s’y présente, il est pris en charge par un physio, qui pourrait prescrire une radiographie. Si elle n’est pas fracturée, le physio prendrait tout de suite en charge le patient. Si oui, il est recommandé à un orthopédiste, tout cela sans avoir besoin de demander un avis du médecin. 

Enfin, s’il forme le prochain gouvernement, le PQ vise à ce que le réseau de la santé devienne le meilleur employeur au Québec, avec de meilleures conditions de travail, de la stabilité, la fin des heures supplémentaires obligatoires, etc. Cela permettrait d’assurer l’attraction et la rétention de la main-d’oeuvre, qui est un enjeu actuellement dans le réseau. 

«Ce sont vos professionnels de la santé qui vous parlent, a conclu Mme Pellerin-Forget. Il y en a plusieurs qui ont participé à ce projet-là. Donc, vraiment, faites-nous confiance puis écoutez-nous, ça vaut vraiment la peine.»

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