Le président du CF Montréal prend le blâme et présente ses excuses

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Le président du CF Montréal prend le blâme et présente ses excuses

MONTRÉAL — Lors d’une conférence de presse mardi après-midi, le président et chef de la direction du CF Montréal, Gabriel Gervais, a présenté ses excuses et pris le blâme pour le faux pas commis par l’organisation en annonçant l’embauche de Sandro Grande comme entraîneur-chef de l’équipe de réserve.

La classe politique québécoise avait vivement dénoncé la nomination de Sandro Grande, et la décision du club de soccer de se rétracter quelques heures plus tard a suscité la même unanimité auprès des politiciens, qui ont salué cette volte-face.

Gabriel Gervais a indiqué que «l’embauche de Sandro avait été faite de bonne foi et la décision avait été motivée par ses excellentes compétences techniques, ses relations professionnelles et l’expérience et la maturité acquises au cours des 10 dernières années». 

Il a toutefois ajouté qu’il avait sous-estimé l’ampleur des réactions que la décision provoquerait.

«Notre jugement a été altéré par notre volonté de donner à Sandro Grande une deuxième chance, force est d’admettre aujourd’hui que ce fut une erreur. Nous regrettons les répercussions négatives qu’elle a causées. De toute évidence, nous avons manqué de sensibilité et avons largement sous-estimé la portée des propos tenus par Sandro.»

Gabriel Gervais a admis que les membres du comité de sélection qui ont pris la décision controversée étaient bien au fait des propos tenus par l’ex-joueur il y a dix ans.

En 2012, lors de l’attentat meurtrier au Métropolis à la suite de l’élection du Parti québécois et de la première ministre Pauline Marois, le message suivant avait été publié sur le compte Twitter de Sandro Grande :

«La seule erreur que le tireur a commise la nuit dernière, c’est de rater sa cible!!! Marois!!! La prochaine fois mon gars! J’espère!».

Joey Saputo était au courant

Au sein du comité de sélection, «c’était unanime d’aller de l’avant» avec la décision d’embaucher Sandro Grande, a indiqué le président et chef de la direction du CF Montréal en précisant que le propriétaire Joey Saputo était au courant de l’embauche.

Les Québécois «ont été blessés et choqués et je suis personnellement désolé», a réitéré Gabriel Gervais en présentant «ses excuses les plus sincères» à Pauline Marois, aux «différents partis politiques et membres du Parti québécois, à nos partenaires, à nos partisans».

Jointe par La Presse Canadienne mardi matin, l’ancienne première ministre Pauline Marois a brièvement commenté la décision de l’équipe montréalaise de faire amende honorable au lendemain de sa décision très controversée.

«La seule chose que je peux vous dire, c’est que ce sont des propos inadmissibles et condamnables, je ne veux pas faire d’autres commentaires, la solution a été trouvée et c’est tant mieux», a indiqué l’ancienne première ministre.

Les commanditaires ont réagi

Lors de la conférence de presse, Gabriel Gervais a indiqué que les réactions négatives suscitées sur les réseaux sociaux ont forcé la direction de l’équipe à communiquer avec ses principaux commanditaires.

«Je ne vais pas entrer dans les discussions confidentielles avec nos commanditaires, mais c’est clair que c’était important pour eux et pour nous qu’on prenne une décision là-dessus», s’est contenté d’expliquer le président du CF Montréal.

La directrice des relations médias de la Banque de Montréal (BMO), l’un des principaux partenaires de l’équipe, a réagi dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne, avant la conférence de presse de Gabriel Gervais.

«Nous avons pris connaissance de la décision du CF Montréal de ne pas retenir ses services. Il s’agit de la bonne décision», a écrit Marie-Catherine Noël.

En matinée, quelques minutes avant la volte-face du CF Montréal, le député péquiste Pascal Bérubé invitait les principaux commanditaires de l’équipe «à se faire entendre».

Le premier ministre salue la décision du CF

Sandro Grande aura été entraîneur de l’équipe de réserve du CF Montréal pendant quinze heures, une durée suffisante pour unir les principaux acteurs politiques de la scène provinciale contre la décision du club.

Après que l’équipe eut reconnu son «erreur» mardi matin, et «regretté les répercussions causées par cette décision», le premier ministre François Legault a réagi sur les médias sociaux.

«Je salue la décision du CF Montréal de mettre fin à son entente avec Sandro Grande. Cette histoire doit nous rappeler l’importance de ne jamais banaliser l’attentat du Métropolis survenu en septembre 2012.»

La mairesse de Montréal Valérie Plante a également indiqué que le onze montréalais avait «pris la décision qui s’imposait» en précisant que «les propos envers Mme Marois demeurent inacceptables.»

«La haine, le racisme et la misogynie n’ont pas leur place dans nos sociétés, et j’espère que le club continuera d’incarner les valeurs montréalaises de respect et d’inclusion.»

Le chef de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a indiqué que «tout ceci aurait pu être évité si le Club avait fait preuve de bon sens élémentaire», ajoutant qu’il demandait au club de trouver «un entraîneur qui sera un modèle pour la jeunesse du Québec».

C’est Patrick Viollat qui assumera finalement le poste d’entraîneur-chef de l’équipe de réserve.

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