Le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau démissionne, Cecchini lui succéderait

La Presse Canadienne
Le commissaire de la LHJMQ Gilles Courteau démissionne, Cecchini lui succéderait

Sous les projecteurs depuis quelques semaines en raison d’allégations d’inconduites sexuelles dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, le commissaire du circuit Gilles Courteau a remis sa démission, dimanche, tandis que le président par intérim des Alouettes de Montréal, Mario Cecchini, aurait été choisi pour lui succéder.

M. Courteau a dévoilé publiquement sa décision dans une lettre publiée par le biais de Twitter.

«Aujourd’hui, j’ai communiqué avec monsieur Richard Létourneau, président du conseil d’administration de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, pour lui annoncer ma démission, effective immédiatement, a écrit M. Courteau. Je ne suis plus le commissaire de la LHJMQ. 

«Quand on a consacré l’essentiel de sa vie à une organisation, c’est difficile de réaliser que le moment est venu de passer le flambeau. Malgré que ce ne soit pas une décision facile à prendre, elle s’impose. De surcroît, les événements récents ont pris une ampleur telle que les membres de ma famille étaient éprouvés. Persister aurait été de l’entêtement.»

Le commissaire adjoint Martin Lavallée assurera l’intérim jusqu’à la nomination d’un successeur à M. Courteau, qui avait déjà annoncé qu’il prendrait sa retraite après 37 ans à la tête du circuit au terme de son mandat en 2024.

Selon Le Soleil et le Journal de Québec, Mario Cecchini a été choisi comme successeur à M. Courteau.

M. Cecchini a longtemps oeuvré dans le monde des télécommunications avant de devenir président des Alouettes en 2020.

«Rappelons qu’un processus de recrutement pour la nomination d’un nouveau commissaire était déjà en place dans les dernières semaines, a mentionné la LHJMQ dans un communiqué. Ce processus, qui est à l’étape finale, poursuit son cours. Une annonce sera faite ultérieurement.

«Les propriétaires de la ligue se réuniront au cours des prochaines heures afin de discuter de la suite des choses, notamment en ce qui concerne les actions à prendre en matière de sécurité des joueurs», a ajouté le circuit.

Semaines tumultueuses

Vendredi, le premier ministre du Québec, François Legault, avait remis en question sa confiance envers M. Courteau, sans toutefois demander sa démission, comme l’opposition l’avait fait.

M. Legault avait plutôt laissé entendre qu’il avait une «préoccupation» en raison de «déclarations contradictoires». 

Dimanche, la ministre québécoise responsable des Sports, Isabelle Charest, a dit prendre acte de la décision de M. Courteau. 

«Nous entendons travailler en étroite collaboration avec son successeur pour nous assurer que le développement de nos jeunes se fasse dans un contexte sain et sécuritaire», a-t-elle fait savoir via une déclaration écrite fournie par son cabinet.

«Il était devenu très clair après son passage en commission parlementaire que Gilles Courteau n’avait plus la légitimité ni la marge de manœuvre pour rester en poste», a quant à lui affirmé le responsable en matière de sports et de loisirs chez Québec solidaire, Vincent Marissal, dans un communiqué. 

«Je salue sa décision de passer le flambeau immédiatement. Quant à nous, parlementaires, le travail a à peine débuté avec cette commission parlementaire et nous devons poursuivre ce travail afin de nous assurer de trouver les solutions pour protéger l’intégrité des jeunes qui pratiquent des sports au Québec», a-t-il ajouté.

M. Courteau a été accusé de s’être parjuré lors d’une commission parlementaire au sujet d’un problème d’initiations violentes dans la LHJMQ. Il avait alors affirmé qu’aucun cas rapporté dans sa ligue n’était similaire à ceux décrits dans un jugement rendu par un tribunal ontarien.

Or, Stephen Quirk, le seul joueur de la LHJMQ impliqué dans la demande d’action collective déposée devant le juge Paul Perrel, de la Cour supérieure de l’Ontario, a rapporté avoir été victime de traitements dégradants et scabreux.

En mêlée de presse, M. Courteau avait indiqué qu’il n’y avait aucune connotation sexuelle dans le témoignage de Stephen Quirk. A contrario, le joueur a bel et bien dit avoir subi des sévices sexuels.

Jeudi, Mme Charest avait émis le voeu que la commission parlementaire qui avait entendu M. Courteau une première fois le convoque de nouveau, à la lumière des événements révélés par les médias. Les partis d’opposition réclamaient aussi un nouveau témoignage du commissaire.

Une carrière bien remplie

Originaire de Trois-Rivières, M. Courteau a été nommé directeur administratif de la LHJMQ en 1985. Il a par la suite pris la relève de Guy Morissette, qui a démissionné de son poste de président du circuit au milieu de la saison 1985-86.

Sous la gouverne de M. Courteau, la LHJMQ a mené à bien plusieurs expansions pour faire passer le nombre d’équipes de 10 à 18.

Pendant son mandat à titre de président, huit joueurs de la LHJMQ ont été sélectionnés au tout premier rang du repêchage de la LNH, soit Pierre Turgeon (1987), Alexandre Daigle (1993), Vincent Lecavalier (1998), Marc-André Fleury (2003), Sidney Crosby (2005), Nathan MacKinnon (2013), Nico Hischier (2017) et Alexis Lafrenière (2020).

À l’extérieur de la patinoire, M. Courteau a mis en place plusieurs programmes pour les joueurs et il s’est assuré que la LHJMQ puisse les encadrer pendant leur stage junior afin qu’ils deviennent des professionnels et de bons citoyens.

«Beaucoup de choses ont changé dans l’encadrement des joueurs, dans l’accompagnement aux études, dans les règlements, dans les valeurs, dans la formation des entraîneurs et du personnel. La ligue que je quitte aujourd’hui est très différente de celle que j’ai découverte à mon arrivée, dans les années 80», a-t-il rappelé dans sa lettre annonçant sa démission, dimanche.

«J’ai agi tout au long de ces années en bon père de famille, pour aider les joueurs à vivre pleinement leur passion d’athlète et les préparer à une vie citoyenne épanouissante. Mon parcours n’a pas été sans fautes, mais il a été guidé par la volonté de donner le meilleur de moi-même aux jeunes.»

Malgré tous ces progrès, «il y a encore des risques de pratiques nocives» dans le hockey. M. Courteau affirme donc: «Faisons en sorte qu’il n’y en ait plus, ni dans le hockey, ni dans les autres sports de compétition. Posons les gestes nécessaires pour le bien de nos jeunes et la beauté du sport.»

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