Eifert donne une leçon de boxe à Pascal, qui n’est pas d’accord avec la décision

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Eifert donne une leçon de boxe à Pascal, qui n’est pas d’accord avec la décision

LAVAL, Qc — Jean Pascal avait promis un K.-O., mais il n’avait pas ce qu’il fallait pour défaire l’Allemand Michael Eifert, même si son clan n’est pas d’accord avec la décision.

Le jeune boxeur de 25 ans a donné une leçon de boxe à Pascal (36-7-1, 20 K.-O.) pour l’emporter par décision unanime sans équivoque: 118-110, 115-113 et 117-111.

Eifert (12-1, 4 K.-O.) est ainsi reparti de la Place Bell avec le titre d’aspirant obligatoire au titre des mi-lourds de l’International Boxing Federation (IBF), détenu par le Montréalais Artur Beterbiev.

«J’étais très bien préparé et j’étais certain de remporter ce combat. Ça a même été plus facile que ce à quoi je m’attendais, a déclaré Eifert. Je croyais que Jean Pascal allait être plus agressif, qu’il allait faire tout en son pouvoir pour faire de ce combat un combat endiablé, ce qu’il a tenté de faire, mais n’a pas pu.»

Eifert ne pourrait dire mieux.

Pascal, qui a paru ses 40 ans dans ce combat, a laissé Eifert s’installer, ce qui, assure l’ex-champion, faisait partie de sa stratégie.

«Je n’étais pas fatigué après le combat. Si on trouve que j’avais l’air de mes 40 ans, je trouve que c’est un beau 40 ans, a-t-il dit. Je suis celui qui a donné les meilleurs coups. Jamais je n’ai été en danger, alors qu’il (Eifert) s’est souvent retrouvé dans cette position.»

Son entraîneur, Orlando Cuellar, y est d’ailleurs allé d’un long diatribe sur le travail des juges.

«Certains juges s’endorment pendant un combat, a-t-il laissé tomber. Cette décision est injuste. C’est Jean qui lançait les meilleurs coups, particulièrement à la tête, et des incroyables coups au corps. (…) Il n’a que lancé de petits coups. Qu’est-ce que les juges veulent? Un combat d’amateurs où on donne des points ou un combat de professionnels, où on cherche à faire mal à l’adversaire?»

Selon Cuellar, les juges devraient donner la faveur au boxeur local en cas de décision. Sûrement qu’Éric Lucas n’est pas d’accord avec cette affirmation… 

Pascal s’est même placé en victime quand on lui a demandé pourquoi, alors qu’il tenté de voler les rounds dans les dernières secondes, il n’a pas été capable de le faire.

«Parce qu’on est au Québec, et qu’au Québec. on veut être différent des autres. Techniquement, quand un combat est serré, c’est le boxeur local qui a la décision. À 118-110, je n’aurais que gagné deux rounds? C’est moi qui a lancé les attaques, je le laissais venir à moi comme je voulais. (…) Je ne comprends pas la décision des juges.»

Clairement, le clan Pascal devra revoir le combat. D’ailleurs, le promoteur d’Eifert, Benedikt Pölchau, a plutôt louangé le travail des juges.

«Je veux remercier la commission du Canada (sic), car la décision a été la bonne. C’est rare que le boxeur local perd une décision, même quand il perd le combat. Quand je suis monté dans le ring, je ne savais pas si on allait nous donner la victoire, mais j’ai dit à Michael qu’il avait gagné, peu importe ce qui allait se dire dans les instants suivants.»

Jamais dans le coup

Dans les deux premiers rounds, avant de rebondir avec un très bon troisième, au cours duquel il placé de bonnes combinaisons et donné de bons crochets. Eifert, comme il l’a fait tout au long du combat, a toutefois encaissé sans broncher.

Les quatrième et cinquième rounds ont été l’affaire de l’Allemand, même si Pascal a tenté de «voler» les rounds dans les dernières secondes. En vain.

Après avoir remporté le sixième sur notre carte de pointage, la deuxième moitié du combat a été l’affaire d’Eifert, sauf peut-être le 11e. Avec l’énergie du désespoir — sentant sûrement le besoin de passer le K.-O. à son adversaire — Pascal y est allé d’une ultime poussée, mais n’a pas été capable d’ébranler le visiteur.

Eifert a assuré sa victoire avec un solide 12e. Une victoire qu’il n’a pas volée.

Dès les premiers instants, Pascal a semblé à bout de souffle. Malgré les encouragements des 4112 spectateurs sur place, dont certains qui criaient au vol après le combat, il n’a jamais su imposer son rythme.

Alors que plusieurs experts ont dit toute la semaine que l’Allemand n’était pas de taille face au vétéran, c’est Eifert qui fêtera jusqu’aux petites heures.

Pour Pascal, double champion du monde du World Boxing Council et de la World Boxing Association, le temps des grandes réflexions doit plus que jamais s’amorcer. 

Pascal ne s’était pas battu au Québec depuis cinq ans. C’est à se demander si on le reverra. Le combat de trop? La question est légitime.

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