AUGUSTA, Ga. — Jon Rahm est le champion du Tournoi des maîtres, et il peut dire qu’il avait prédit cet exploit en lisant le message provenant d’un biscuit chinois il y a près de 10 ans.
Rahm entamait sa deuxième année à l’Université Arizona State lorsqu’il est tombé sur ce biscuit chinois: «Vos talents seront reconnus et récompensés adéquatement». Il a alors pris une photo, qu’il a partagée avec son entraîneur Tim Mickelson sur Twitter, et ajouté: «Je vais gagner le Tournoi des maîtres!»
Si seulement tout était aussi simple, mais rien ne l’a été à ce ‘Masters’ avant que l’Espagnol âgé de 28 ans ne frappe un coup de cocheur au-dessus d’une fosse de sable, à trois pieds de la coupe, pour sa dernière normale du parcours. Il a ensuite signé une victoire par quatre coups devant Brooks Koepka et Phil Mickelson, le frère aîné de son entraîneur à l’université.
Rahm n’a pris les commandes du prestigieux tournoi qu’après que Koepka eut perdu son élan et sa touche sur les verts. Il aura fallu 42 trous avant que l’Espagnol se hisse en tête de classement, puis il a profité des bourdes de Koepka et misé sur son approche de combattant pour s’assurer la victoire à tout prix.
C’est comme ça depuis que Rahm a entamé son ascension dans l’univers du golf, et tout le monde le savait.
Phil Mickelson avait prédit une belle carrière à Rahm avant qu’il ne devienne un golfeur professionnel en 2016, et il avait déclaré que l’Espagnol se hisserait dans le top-10 mondial avant même qu’il ne remporte son premier tournoi. Bill Haas s’était incliné en demi-finales du Cgampionnat par trou en 2017 et avait ensuite déclaré: «Il est affamé. Il en veut plus. C’est évident. Il a ce qu’il faut pour voler la vedette».
Rahm est de retour au premier rang mondial après son triomphe au Augusta National — étoffant ainsi sa récolte de titres majeurs après sa conquête de l’Omnium des États-Unis il y a deux ans à Torrey Pines —, même si sa récolte de sept victoires depuis un an, tous circuits confondus, lui permet d’être au coude-à-coude avec Scottie Scheffler à ce chapitre.
Mais ce qui surprend le plus, c’est que tout le monde était conscient que Rahm allait un jour l’emporter au ‘Masters’, que ce soit avec ou sans biscuit chinois. Koepka a gagné son premier titre sur le circuit de la PGA à l’Omnium de Phoenix en 2015, tandis que Rahm terminait à égalité en cinquième place alors qu’il écoulait sa première année dans les rangs universitaires.
Il lui aura fallu quatre départs sur le circuit de la PGA pour obtenir sa carte de membre à part entière. Il a signé au moins une victoire à chacune de ses saisons depuis qu’il est devenu un golfeur professionnel, et totalise maintenant 20 victoires en carrière aux quatre coins de la planète.
Il ne faut pas passer sous silence son diplôme en communication de l’Université Arizona State, qu’il a décroché en quatre ans, après être arrivé sur le campus sans même être en mesure d’entretenir une conversation en anglais.
«Nous avons mis l’emphase sur les choses qui me permettraient de battre les meilleurs au monde. Peut-être que ce niveau d’intensité, et cette résilience, expliquent pourquoi les gens me considèrent comme étant un combattant, a évoqué Rahm. Je ne pourrais être fidèle envers moi-même si je ne donnais pas tout ce que j’avais sur chaque coup. C’est peut-être de là que ça vient.»
Et il a surmonté de nombreux obstacles dimanche — un déficit qui a atteint quatre coups à un certain moment pendant ce marathon de 30 trous dimanche, une météo récalcitrante, et toutes ces comparaisons avec les golfeurs espagnols —, sans jamais baisser les bras. C’est son style, et bien qu’il ne soit pas toujours très élégant, c’est ce qui lui permet d’être un golfeur aussi redoutable.
Il a été surpris lorsqu’on lui a mentionné qu’il était le premier golfeur européen à remporter le Tournoi des maîtres et l’Omnium des États-Unis. Et on lui a demandé s’il songeait au Grand Chelem.
«Ne mettons pas la charrue devant les boeufs», a-t-il répliqué.
Il n’est qu’à mi-chemin, et doit maintenant triompher au Championnat de la PGA et à l’Omnium britannique. Mais on ne peut plus le prendre pour un négligé, que ce soit avec ou sans biscuit chinois.