Sébastien Bouchard ne veut plus faire du surplace et s’offre une dernière chance

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Sébastien Bouchard ne veut plus faire du surplace et s’offre une dernière chance

MONTRÉAL — Sébastien Bouchard estime faire du surplace depuis quatre ans. Le mi-moyen de Baie-Saint-Paul a besoin d’aller de l’avant et il souhaite prendre son élan ce vendredi, face à Fernando Altamirano Marquez.

Le 23 novembre 2019, Bouchard (19-2-1, 8 K.-O.) sentait qu’il allait passer à une autre étape dans son combat de championnat face à Ayaz Hussain, au Centre Vidéotron de Québec. Il se sentait presque toucher aux trois ceintures mineures à l’enjeu ce soir-là, quand tout s’est écroulé.

Au quatrième round, son biceps gauche s’est déchiré. Son combat venait de s’arrêter. La rééducation a été longue et la pandémie a frappé. Si bien que depuis près de quatre ans maintenant, il n’a livré que deux combats, dont un verdict nul contre Ricardo Lara, en mars 2022, qui lui a laissé un goût amer en bouche.

«Le combat allait très bien jusqu’à ce que je me blesse, a-t-il rappelé au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne. Les gens ne le savent pas, mais en 2017, j’ai eu la même déchirure musculaire au bras droit. On n’en a pas parlé parce que c’était à l’entraînement. Ensuite, j’ai eu une déchirure de la coiffe du rotateur. Ça fait maintenant deux ans que je suis en santé, mais ça fait deux ans que je ne boxe pas.»

À 35 ans, à la tête d’une famille de trois enfants et d’une compagnie dans le domaine de la construction, Bouchard veut se donner une dernière chance de vivre son rêve de boxeur.

«C’est clairement ça qu’on a décidé, mon partenaire Simon Auger et moi, a indiqué Bouchard. On est allé voir Yvon Michel et on lui a rappelé qu’au dernier combat, j’avais de la rouille et que ça allait bientôt faire 12 mois que je n’étais pas remonté dans le ring. On a été clair: si on ne se bat pas, on va ‘tirer la plogue’. 

«Ma vie est en fonction de la boxe depuis 20 ans. La famille et mon travail passent en deuxième; à un moment donné, il faut que je revoie mes priorités. Est-ce qu’on donne un dernier blitz? Est-ce que ça va être un, deux, cinq combats? Un an, deux ans, trois ans? On ne le sait pas, mais on a demandé à Yvon de nous mettre des combats sur la table et on va prendre tout ce qui passe. Mais si on n’a pas de combat, j’ai tellement d’obligations qu’on va passer à autre chose.»

Bouchard ne s’estime plus en droit de demander à son équipe — entraîneur, préparateur physique, etc. — de mettre leur vie sur pause pour l’aider dans la situation actuelle.

«Même si j’ai une belle hygiène de vie, l’âge nous rattrape ou tard, laisse-t-il tomber. Ça peut être 10 combats en cinq ans, mais ça peut aussi être deux combats dans un an et c’est tout. On a toujours dit, mon équipe et moi, que le jour où on n’irait plus nulle part, nous allions arrêter. Là, ça fait quatre ans que je fais du surplace.»

Michel a bien entendu ce cri d’urgence et s’est engagé à lui donner l’occasion d’aller jusqu’au bout de sa passion.

«On a été déçus de ce qui s’était passé (face à Lara) et ça lui a pris un certain temps à se regrouper, a expliqué le président de Groupe Yvon Michel. (…) Maintenant, on le ramène avec nous et on a un plan pour aller à Québec avec lui, pour au moins deux combats, et l’amener au maximum de son potentiel.

«Il y a deux raisons pour lesquelles on fait boxer quelqu’un: pour  l’amener en championnat du monde ou donner un bon spectacle. L’un n’empêche pas l’autre, a poursuivi Michel. Maintenant, Sébastien donne un assez bon spectacle pour que des gens aient envie d’acheter un billet pour le voir boxer et l’appuyer pendant que lui poursuit ses objectifs. Je ne sais pas s’il va se rendre en championnat du monde, mais on va lui donner la possibilité d’aller chercher les victoires requises.»

Imposer son style

À quelques jours de cet affrontement contre Marquez (11-1, 9 K.-O.), Bouchard admet ressentir une certaine nervosité.

«Oui, je suis un peu nerveux, puisque mon dernier combat n’a pas été à mon goût. Mais je suis convaincu qu’on va livrer la marchandise à 200%», a-t-il dit.

De toute évidence, Bouchard a encore de travers ce verdict nul contre Lara. Avec le recul, il est maintenant en mesure de comprendre ce qui n’a pas fonctionné. Il assure qu’il ne commettra pas les mêmes erreurs.

«On a vu que Lara tombait beaucoup par en avant. On était persuadé qu’on pourrait l’atteindre avec de bons uppercuts, a-t-il expliqué. On a fait de moi un contre-attaquant, on m’a fait boxer en fonction de son style, alors que mon pain et mon beurre, depuis 20 ans, c’est ma force physique, ma pression physique et mon intensité.

«Les deux ou trois premiers rounds, j’étais très lent. Je me faisais toucher par des trucs qui ne m’avaient jamais touché de toute ma carrière. Je revenais dans mon coin et je demandais si je pouvais le brasser, mais on me demandait un peu plus de temps. Ce n’est qu’au cinquième round qu’on m’a donné le feu vert. C’est là que je suis revenu à mes anciennes amours et ça a fini en verdict nul.

«Mon équipe et moi avons ensuite convenu que ce n’est pas à 35 ans qu’on va changer ma façon de boxer. Le plan de match (contre Marquez) risque d’être de fatiguer mon adversaire et de l’amener dans une zone où il n’est jamais allé.»

Ce qui devrait permettre à Bouchard de savoir jusqu’où lui pourra continuer.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
plus ancien
plus récent plus voté
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires