On ne pourra pas accuser Steven Butler d’avoir manqué de courage. Mais Zhanibek Alimkhanuly lui a chèrement fait payer sa présence dans le même ring que lui, au Stockton Arena.
Butler (32-4-1, 26 K.-O.) a visité trois fois le tapis au deuxième round avant que l’arbitre ne mette fin aux hostilités et qu’Alimkhanuly (14-0, 9 K.O.) ne conserve son titre des moyens de la World Boxing Organization (WBO).
Le Kazakh a d’abord terrassé Butler d’un puissant uppercut de la gauche au visage au début du deuxième round. Butler est resté debout, mais il n’était plus là. Alimkhanuly l’a ensuite touché d’une série de coups en puissance, dont un autre uppercut au visage, avant que le Montréalais de 27 ans ne touche finalement le canevas.
Encore ébranlé après le compte de huit, Butler n’a plus été en mesure de revenir dans ce duel. Deux combinaisons l’ont renvoyé au tapis une deuxième fois.
L’arbitre Jack Reiss lui a généreusement laissé une dernière chance. C’est à se demander s’il n’aurait pas dû arrêter immédiatement le combat: Butler n’a plus semblé solide sur ses jambes après la première chute et n’était plus en mesure de bloquer les attaques de son adversaire.
«Je pense que l’arbitre avait de bonnes intentions, a déclaré à La Presse Canadienne Camille Estephan, président d’Eye of the Tiger Management. Je trouvais que ses jambes ne suivaient plus, mais son haut du corps disait autre chose. Il montrait encore de la hargne et voulait encore se porter en attaque. L’arbitre doit avoir vu cela et il a voulu donner la chance à Steven de revenir.»
Le Kazakh est revenu à la charge et n’a pas tardé à provoquer une troisième et dernière chute.
Butler n’avait pourtant pas mal amorcé le combat, livrant un premier round honnête, au cours duquel les deux adversaires se sont étudiés. Butler a placé quelques bons jabs et sa stratégie, de se déplacer autour de son adversaire pour tenter de le surprendre en contre-attaque, semblait la meilleure.
Mais Buddy McGirt, l’entraîneur d’Alimkhanuly, a bien lu le jeu de Butler et les quelques ajustements techniques qu’il a exigés de son protégé, notamment de couper la distance entre Butler et lui, ont rapidement porté fruit, avec le résultat que l’on connaît.
«On n’a pas d’excuse: Steven était en grande forme et il a fait tout ce qu’il faut pendant ce camp d’entraînement, a indiqué Estephan. Zhanibek est un boxeur très spécial.»
Estephan était surtout soulagé de l’état de santé de Butler après ce duel à sens unique.
«On est très déçus du résultat, mais on est très heureux que Steven ait bien répondu aux questions du médecin. On était inquiet: il a mangé beaucoup de coups.»
Alimkhanuly réussit ainsi une première défense officielle de son titre. Il avait remporté le titre intérimaire en passant le K.-O. à Danny Diggum en mai dernier. Il a confirmé sa place sur l’échiquier de la WBO en battant Denzel Bentley par décision unanime en novembre.
Butler a quant à lui obtenu une deuxième chance de mettre la main sur un titre mondial. Il s’était incliné par K.-O. technique devant Ryota Murata pour le titre des moyens de la World Boxing Association (WBA) en décembre 2019.
Il était classé sixième aspirant à la WBO et 11e à l’International Boxing Federation (IBF) avant le combat. Il faudra voir si cette défaite contre possiblement le plus redoutable pugiliste de la division actuellement le fera reculer.
En demi-finale, l’Australien Jason Moloney (26-2, 19 K.-O.) et le Philippin Vincent Astrolabio (18-4, 13 K.-O.) s’affrontaient pour le titre vacant des poids coqs de la WBO.
Moloney a mis la main sur la ceinture en remportant une décision majoritaire. Un des juges a estimé que le combat s’est soldé par un verdict nul de 114-114; les deux autres ont penché du côté de l’Australien, 116-112 et 115-113.