L’Ontario met «plus d’argent sur la table» pour l’usine de batteries de Stellantis

Allison Jones et Mia Robson, La Presse Canadienne
L’Ontario met «plus d’argent sur la table» pour l’usine de batteries de Stellantis

Le gouvernement de l’Ontario met finalement «plus d’argent sur la table» afin d’empêcher Stellantis de renoncer à construire son usine de batteries pour véhicules électriques à Windsor, a confirmé vendredi le premier ministre Doug Ford.

Le constructeur automobile Stellantis et LG Energy Solution avaient annoncé en grande pompe l’année dernière la construction d’une usine de 5 milliards $ à Windsor. Mais les deux entreprises ont récemment stoppé les travaux au chantier et indiqué qu’elles mettaient en œuvre des plans d’urgence, parce que le gouvernement fédéral n’avait pas respecté l’entente de financement.

À la suite des commentaires du premier ministre Ford, le ministre fédéral de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré vendredi que «nous faisons des progrès» pour finaliser l’accord et remettre le projet sur les rails.

M. Champagne a déclaré qu’il avait eu une «rencontre productive» de deux heures avec le président de LG Energy Solutions, Kwon Young Soo, lors d’une visite à Séoul cette semaine. Le ministre a ajouté que M. Kwon lui avait répondu vendredi matin.

«Je pense que nous avons une compréhension commune de la voie à suivre», a déclaré M. Champagne depuis Washington, où il assistait à des réunions.

L’accord initial avec Stellantis et LG, signé en mars 2022, prévoyait que l’Ontario et le Canada contribuent chacun 500 millions $ aux coûts en capital de la nouvelle usine de batteries de Windsor.

Mais les entreprises sont revenues frapper à la porte d’Ottawa, en août dernier, après que les Américains ont promulgué la Loi sur la réduction de l’inflation, qui offre aux entreprises des crédits d’impôt à la production allant jusqu’à 35 $ par kilowattheure pour chaque batterie produite.

Dans une lettre au premier ministre Justin Trudeau, le mois dernier, les PDG de Stellantis et de LG ont soutenu que le gouvernement canadien avait confirmé par écrit à cinq reprises qu’il égalerait les incitatifs américains à la production, mais qu’Ottawa n’avait pas tenu ses engagements.

Un «accord de contribution spécial» a été conclu en février dernier, mais le gouvernement fédéral a fait pression sur celui de l’Ontario pour qu’il verse également plus d’argent, affirmant que la province devait également payer sa «juste part».

Subventions à la production

M. Ford se disait déçu, plus tôt cette semaine, de la façon dont Ottawa a géré ce dossier, puisque son gouvernement n’avait pas pris d’engagements en matière de subventions à la production. Il a toutefois indiqué qu’il travaillait avec des responsables à Ottawa pour dénouer l’impasse.

Et vendredi, après une annonce distincte à St. Catharines, M. Ford a confirmé que son gouvernement mettait «plus d’argent sur la table» dans ce projet. «Il s’agit de sauver des emplois et de donner aux gens la qualité de vie qu’ils méritent dans le sud-ouest de l’Ontario», a-t-il expliqué.

L’usine de batteries de Stellantis à Windsor approvisionnerait ses usines de fabrication de voitures en Amérique du Nord et emploierait environ 2500 travailleurs. Les fabricants de pièces automobiles s’attendent à ce que l’impact total soit d’environ 10 000 emplois indirects.

Stellantis et LG ont écrit au premier ministre Trudeau à peu près au même moment où étaient rendus publics les termes d’un accord avec Volkswagen pour construire son usine de batteries pour véhicules électriques à St. Thomas, au sud de London. Mais le ministre Champagne a déclaré vendredi qu’il n’y avait aucune corrélation entre les deux ententes, qui étaient négociées en parallèle.

L’Ontario a également engagé 500 millions $ en capital dans le cadre de l’accord avec Volkswagen, mais l’offre du Canada comprenait 700 millions $ en capital et jusqu’à 13 milliards $ en «subventions à la production» pour les batteries qu’elle fabriquera au cours de la première décennie, afin d’offrir ce que le constructeur allemand obtiendrait en crédits d’impôt à la production grâce à la Loi sur la réduction de l’inflation aux États-Unis. Il existe une disposition qui réduit ou élimine ces subventions si la loi américaine est ajustée ou annulée.

L’Ontario n’a pas contribué aux subventions à la production pour Volkswagen, mais le Canada attend de la province qu’elle le fasse pour Stellantis. M. Champagne a esquivé une question sur la raison de cette disparité, mais il a soutenu que l’Ontario bénéficierait le plus de l’usine.

«Une grande partie des avantages profiteront aux travailleurs de l’Ontario, à l’industrie automobile de l’Ontario», a-t-il déclaré.

Des responsables fédéraux ont déclaré plus tôt cette semaine que l’Ontario avait fourni plus de 500 millions $ de capital à Volkswagen, soulignant ce que Ford a décrit comme des «centaines de millions» de dollars investis par l’Ontario dans les infrastructures pour soutenir l’usine Volkswagen, y compris pour les routes, les autoroutes et le réseau de distribution électrique.

La ministre des Finances, Chrystia Freeland, a déclaré mercredi que des députés fédéraux d’autres provinces et des gouvernements provinciaux qui voyaient Ottawa verser des milliards en Ontario avaient demandé ce que leurs provinces allaient obtenir. La ministre Freeland estime donc que les provinces qui bénéficient du Programme fédéral d’installations industrielles et manufacturières vertes, de plus de 120 milliards $, devraient «payer leur part» dans les projets soutenus par Ottawa.

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