NASHVILLE — Le directeur général de l’EHC Kloten, Larry Mitchell, a rencontré un recruteur du Canadien en février et ce dernier lui a demandé ce qui allait empêcher David Reinbacher de jouer un jour dans la LNH.
Sa réponse? «Rien», a-t-il raconté mercredi soir à Nashville, après que le club montréalais eut jeté son dévolu sur le défenseur autrichien avec le cinquième choix du repêchage de la LNH.
«Ce recruteur a regardé quelques matchs et quelques entraînements, puis nous avons pris un café quelques jours plus tard. Il m’a avoué qu’il était d’accord avec moi», a ajouté Mitchell.
Reinbacher a finalement fait l’unanimité chez le Tricolore, a insisté le directeur général Kent Hughes.
«C’est sûr qu’il y avait plusieurs joueurs talentueux disponibles et il y en a qui vont demander (Matvei) Michkov, dont nous avons parlé plusieurs fois déjà. Mais David Reinbacher, c’est un joueur qui était très, très haut sur notre liste, a insisté Hughes. Peut-être que s’il avait été défenseur gaucher, ça nous aurait refroidis un peu. Mais du côté droit, je pense que nous avions moins de profondeur.»
L’énigmatique Michkov a été choisi au septième rang par les Flyers de Philadelphie.
Si certains observateurs affirmaient qu’il était le deuxième joueur le plus talentueux disponible après Connor Bedard, sélectionné au premier rang par les Blackhawks de Chicago, plusieurs facteurs ont mené quelques directeurs généraux à tourner le dos à l’attaquant russe.
«Un facteur était le fait que nous ne l’avions pas vu jouer en personne, a dit Hughes, ne voulant pas trop s’aventurer sur un terrain glissant. Nous croyons beaucoup dans le visionnement par vidéo, mais il ne faut pas juste du vidéo.»
Michkov est notamment sous contrat pour trois autres saisons avec le SKA Saint-Pétersbourg, dans la Ligue continentale de hockey. La situation géopolitique en Russie demeure précaire à la suite de son invasion de l’Ukraine. Il ne faut pas oublier non plus la mort du père de Michkov ce printemps dans des circonstances nébuleuses, quand son corps a été retrouvé dans un cours d’eau à Sotchi.
Hughes a noté avoir tenté de grimper d’un ou quelques rangs, mais il n’a pas trouvé de partenaire de danse. Il a aussi affirmé qu’il croit que les équipes qui l’ont contacté pour monter au cinquième rang le faisaient avec l’intention de prendre Reinbacher.
Surmonter les défis
Reinbacher a égalé la marque pour le rang de sélection d’un Autrichien. Thomas Vanek avait aussi été choisi au cinquième rang, en 2003 par les Sabres de Buffalo.
«C’est irréel, a dit Reinbacher. Ça me rend fier d’être Autrichien et de montrer aux jeunes que c’est possible d’être repêché aussi haut.
«J’avais le sentiment que je serais leur choix (celui du Canadien), oui, mais je devais ne pas trop y penser et profiter du moment», a-t-il ajouté.
Reinbacher a récolté trois buts et 19 aides en 46 parties avec le EHC Kloten l’hiver dernier, dominant le championnat suisse pour les points par un joueur âgé de moins de 20 ans.
«David a toujours excédé nos attentes, a souligné Jeff Tomlinson, qui était l’entraîneur-chef du EHC Kloten et de Reinbacher lors des deux dernières saisons. Je pense qu’il a du potentiel dans tous les aspects du jeu. Il a beaucoup progressé cette saison et mes attentes sont encore plus élevées pour lui.»
Reinbacher a nommé Tomlinson comme l’une des principales raisons qui lui ont permis d’être le cinquième joueur à monter sur la scène au Bridgestone Arena mercredi.
«Il a facilité mon chemin vers le repêchage, il m’a donné beaucoup de confiance», a dit Reinbacher.
«Quand je parlais avec les dépisteurs, ils me demandaient ce qui n’était pas correct avec son jeu, a raconté Tomlinson. En fait, son jeu est si équilibré et calme qu’il n’a pas beaucoup de faiblesses. Mais pour accéder au niveau suivant, nous allons devoir travailler en gymnase. Ça va améliorer sa puissance, qui sera nécessaire pour jouer dans la LNH.»
Hughes a aussi affirmé que le potentiel de Reinbacher était plus grand que celui d’un simple défenseur défensif.
«C’est sûr qu’il est très bon défensivement, qu’il est très bon avec son bâton. Mais il possède aussi un très bon coup de patin et il bouge très bien la rondelle, a mentionné Hughes. Il prend de bonnes décisions en sortie de zone avec la rondelle. C’est une question de le pousser à en donner plus de l’autre côté de la ligne rouge.
«Je ne suis pas certain qu’il dirigera la première unité d’avantage numérique dans la LNH, (…) mais il a le potentiel de jouer beaucoup de minutes pour notre équipe», a ajouté Hughes.
Le directeur général du Canadien a aussi vanté les qualités hors glace du jeune homme.
«La première chose qu’il a affirmée à la table, c’est qu’il a hâte de commencer à travailler, de mettre ses bottes de travail pour nous aider à gagner la coupe Stanley», a raconté Hughes.
«Martin (St-Louis, l’entraîneur-chef du Canadien) parle beaucoup de culture. Je pense qu’il cadre bien avec nous. Il n’attend pas que les choses lui soient données. Il va les gagner», a-t-il ajouté.
L’an dernier, le Canadien a choisi l’attaquant slovaque Juraj Slafkovsky au premier rang du repêchage, présenté au Centre Bell.
C’est la quatrième fois depuis 2012 que le Canadien possède l’un des cinq premiers choix au repêchage. Il a également choisi Alex Galchenyuk (2012) et Jesperi Kotkaniemi (2018) au troisième rang. La dernière fois que le Canadien a parlé au cinquième rang, c’était en 2005, quand il a sélectionné Carey Price.
Price devait d’ailleurs annoncer la sélection du Canadien, mercredi soir. Il a toutefois eu un trou de mémoire au moment de le faire. Hughes est finalement venu à la rescousse de Price.
Le repêchage se poursuit jeudi. Le Canadien commencera la journée avec un choix de troisième tour (69e au total), trois choix de quatrième tour (101e, 110e, 128e), deux choix de cinquième tour (133e, 144e), un choix de sixième tour (165e) et un choix de septième tour (197e).