Plusieurs pays inondés en même temps: bientôt la norme, selon certains

Isabella O'Malley, Brittany Peterson et Drew Costley, The Associated Press
Plusieurs pays inondés en même temps: bientôt la norme, selon certains

Des écoles de New Delhi ont été obligées de fermer leurs portes lundi après les fortes pluies de mousson qui se sont abattues sur la capitale indienne, avec des glissements de terrain et des crues soudaines qui ont tué au moins 15 personnes au cours des trois derniers jours. Plus au nord, la rivière Beas, en débordement, a emporté des véhicules en aval et inondé des quartiers.

Au Japon, des pluies torrentielles se sont abattues sur le sud-ouest du pays, provoquant des inondations et des coulées de boue qui ont fait deux morts et au moins six disparus lundi. La télévision locale a montré des maisons endommagées dans la préfecture de Fukuoka et l’eau boueuse de la rivière Yamakuni en crue semblant menacer un pont dans la ville de Yabakei. 

Dans le comté d’Ulster, dans la vallée de l’Hudson de l’État de New York et dans le Vermont, certains ont affirmé que les inondations sont les pires qu’ils aient vues depuis les ravages causés par l’ouragan Irène en 2011. On déplore au moins une perte de vie.

Bien que les inondations destructrices en Inde, au Japon, en Chine, en Turquie, aux États-Unis et ailleurs puissent sembler être des événements éloignés les uns des autres, les spécialistes de l’atmosphère affirment qu’ils ont un point commun : les tempêtes se forment dans une atmosphère plus chaude, ce qui fait des précipitations extrêmes une réalité plus fréquente aujourd’hui. Le réchauffement supplémentaire prévu par les scientifiques ne fera qu’aggraver la situation.

En effet, une atmosphère plus chaude retient davantage d’humidité, ce qui permet aux tempêtes de déverser plus de précipitations pouvant avoir des conséquences mortelles. Les polluants, en particulier le dioxyde de carbone et le méthane, réchauffent l’atmosphère. Au lieu de permettre à la chaleur de s’échapper de la Terre vers l’espace, ils la retiennent. 

Si le changement climatique n’est pas à l’origine des tempêtes qui déchaînent ces pluies, celles-ci se forment dans une atmosphère de plus en plus chaude et humide.

«Une température de 20 degrés Celsius peut contenir deux fois plus d’eau qu’une température de 10 degrés Celsius, a expliqué Rodney Wynn, un météorologue du Service météorologique national de Tampa Bay. L’air chaud se dilate et l’air froid se contracte. On peut le comparer à un ballon : lorsqu’il est chauffé, son volume augmente et il peut donc contenir plus d’humidité.»

Pour chaque degré Celsius de réchauffement de l’atmosphère, celle-ci retient environ 7 % d’humidité en plus. Selon la NASA, la température moyenne de la planète a augmenté d’au moins 1,1 degré Celsius depuis 1880.

«Lorsqu’un orage se forme, la vapeur d’eau se condense en gouttelettes de pluie et retombe à la surface. Ainsi, lorsque ces orages se forment dans des environnements plus chauds et plus humides, les précipitations augmentent», a expliqué Brian Soden, qui est professeur de sciences atmosphériques à l’Université de Miami.

Le long de la côte montagneuse et pittoresque de la mer Noire, les fortes pluies ont gonflé les rivières et endommagé les villes avec des inondations et des glissements de terrain. Au moins 15 personnes ont été tuées par des inondations dans une autre région montagneuse, dans le sud-ouest de la Chine.

«À mesure que le climat se réchauffe, nous nous attendons à ce que les épisodes de pluies intenses deviennent plus fréquents, c’est une prédiction très solide des modèles climatiques, a ajouté M. Soden. Il n’est pas surprenant de voir ces événements se produire, c’est ce que les modèles prédisent depuis le premier jour.»

Le climatologue Gavin Schmidt, qui dirige l’Institut Goddard d’études spatiales de la NASA, a rappelé que les régions les plus durement touchées par le changement climatique ne sont pas celles qui émettent les plus grandes quantités de polluants responsables du réchauffement de la planète.

«L’essentiel des émissions provient des pays occidentaux industrialisés et l’essentiel des impacts se produit dans des endroits qui n’ont pas de bonnes infrastructures, qui sont moins bien préparés aux extrêmes climatiques et qui n’ont pas de véritables moyens de gérer ce phénomène», a souligné M. Schmidt.

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