MONTRÉAL — Félix Séguin et Marie-Ève Pelletier se sont présentés chaque jour cette semaine pour remplir leur rôle à la description de l’Omnium Banque Nationale en sachant que leur journée de travail pourrait être relativement longue. Mais jamais aussi longue que ce qu’ils allaient éventuellement vivre et partager ensemble dans leur studio de retransmission de TVA Sports vendredi.
Environ neuf heures après le dernier échange de l’extraordinaire duel entre Elena Rybakina et Daria Kasatkina, qui a pris fin tôt samedi matin sur le court central du stade IGA, Séguin et Pelletier ont parlé d’une expérience inédite, pour le premier, et inoubliable pour la seconde.
«Sur le coup, c’était très difficile après la très longue journée, mais c’est vraiment un honneur d’avoir eu à commenter ce match, car c’est un match qui va rester à tout jamais gravé dans ma mémoire», a déclaré Pelletier.
«C’était fou à l’heure où ça jouait, et le niveau de jeu des deux filles, la combativité. Franchement passionnée de tennis comme je le suis, je n’en revenais juste pas», a-t-elle ajouté.
En faisant son travail d’analyste, Pelletier a aussi pensé comme la joueuse qu’elle a déjà été.
«Il fallait qu’il y ait une perdante et je me disais à quel point ça allait faire mal, cette défaite-là. C’est un match important dans deux carrières. (…) Et il y a la récompense pour Rybakina d’être allée chercher cette victoire-là. Peut-être qu’elle va l’amener à un autre niveau encore plus élevé. Elle s’est prouvé tellement de choses hier.»
De son côté, Séguin s’est senti transporté dans ce qu’il a surnommé un «monde parallèle».
«J’adore le sport, mais je l’ai vécu comme un gars de télé parce qu’on était en ondes depuis midi. On a passé 15 heures en ondes, et je me suis retrouvé, à un moment donné, dans un monde parallèle. On avait un match extraordinaire en ondes, mais il y avait un niveau de fatigue qui nous envahissait et là, on voulait continuer d’être professionnels, de dire ce qu’on avait à dire. Il y avait ce qui se passait dans ma tête et il y avait ce que je disais. À un moment donné, je ne savais plus si je disais ce que je pensais, ou non», a-t-il relaté pour expliquer sa perception.
«J’ai 22 ans d’expérience, et 15 heures pour du sport en ondes, je ne parle pas d’un téléthon, je ne sais pas si au Québec on a déjà vécu ça», a-t-il ajouté.
Un horaire bouleversé
L’horaire des matchs du vendredi à l’Omnium Banque Nationale réunit normalement les quatre quarts de finale – deux le jour et deux autres en soirée.
À cause des intempéries de jeudi à Montréal, les organisateurs ont dû ajouter deux matchs de huitièmes de finale en début d’après-midi vendredi, un sur le court central et un autre sur le court Rogers.
Ainsi, l’affrontement entre Rybakina et Kasatkina n’a pas commencé avant 23 h 26, devant quelques centaines de spectateurs irréductibles.
Il s’est alors amorcé un duel lors duquel les deux joueuses ont disputé 291 points et créé 45 balles de bris, et qui s’est soldé par une victoire de Rybakina par un score de 5-7, 7-5, 7-6 (8) après trois heures et 27 minutes d’action soutenue et haletante.
Kasatkina a servi pour le match au deuxième set avec une avance de 5-4 et profité d’une balle de match lors du bris décisif. C’est toutefois Rybakina qui l’a emporté, à sa cinquième balle de match, à 2 h 53.
Robert Bettaur, qui a joué à l’Omnium canadien entre 1977 et 1983 et qui a été impliqué à titre d’entraîneur, de directeur du développement des joueurs et à titre de commentateur, a affirmé aussi n’avoir jamais connu une journée se finissant aussi tard.
«C’est dur pour tout le monde. C’est dur pour les joueurs, pour les bénévoles, pour les spectateurs et c’est aussi difficile pour les commentateurs. La préparation normale de Rybakina sera probablement bouleversée. C’est remarquable qu’il y avait encore du monde dans les estrades. C’est juste dommage que pas plus de gens aient pu voir ce match», a-t-il ajouté.
Selon des informations venant de la WTA, le match de vendredi a été le troisième plus long dans l’histoire du tournoi, et le plus long jamais présenté à Montréal.
En 2019, à Toronto, Bianca Andreescu avait battu Kiki Bertens en trois heures 28 minutes. En 2022, à Toronto également, Sara Sorribes Tormo avait vaincu Claire Liu en trois heures 33 minutes.