Plus d’un millier d’enfants sans garderie

Par meganchampagne
Plus d’un millier d’enfants sans garderie
Le manque de places en services de garde éducatifs à l'enfance amène plusieurs problèmes, dont l'aggravation de la pénurie de main-d'oeuvre et des problèmes de développement chez certains enfants. (Photo : (Photo: Ez Fotos))

Malgré les projets d’agrandissement de certains centres de la petite enfance (CPE) de la région, les listes d’attente pour obtenir une place en services de garde éducatifs à l’enfance ne cessent de s’allonger. Une recension non exhaustive du Canada Français, réalisée auprès de trois CPE du Haut-Richelieu, révèle que les listes d’attente des CPE regroupent plusieurs milliers d’enfants. Une situation qui a de nombreuses répercussions, dont des conséquences sur le développement de l’enfant et l’aggravation de la pénurie de main-d’oeuvre.

Au CPE de Saint-Luc, la liste d’attente compte 1371 enfants, dont 708 poupons (0-18 mois). L’endroit offrira bientôt 25 nou- velles places dans son installation Ô Tournesol, ainsi que 88 autres places grâce à la future construction d’un nouveau bâtiment, mais ce ne sera pas suffisant. « Il manque énormément de places pour le nombre de personnes en demande de nos services. Quand nos travaux seront terminés, nous aurons seulement 318 places, ce qui n’est pas assez », mentionne Joanie Boucher, directrice du CPE de Saint-Luc. 

La liste d’attente du CPE Le petit monde de Caliméro compte 1863 noms, soit 1668 enfants pour ses deux installations à Saint-Jean et 195 pour son établissement de Lacolle. « C’est une situation difficile. Plusieurs parents nous appellent même pour savoir où ils sont situés sur cette liste », commente Isabelle Brodeur, directrice du CPE. La création de 51 nouvelles places à son installation La Maisonnée du quartier à Saint-Jean, ainsi que de 34 autres places à l’installation Lacollade à Lacolle fera en sorte que le CPE aura un total de 241 places. Un nombre qui ne répond pas à la demande.  

En août, le groupe Énergie, qui compte des installations privées totalisant 272 places à Saint-Jean-sur-Richelieu, a ouvert un bâtiment de 80 places à Venise-en-Québec. « Les places se sont comblées en un rien de temps lors de notre ouverture à Venise-en-Québec. On avait 250 enfants en attente juste pour cette installation. J’ai également constaté un grand nombre de parents qui s’inscrivent déjà pour des enfants qui ne sont pas encore nés », indique Nathalie Dumas, directrice du CPE. Elle ne pouvait toutefois pas chiffrer l’attente pour les installations de Saint-Jean. 

Un parent peut inscrire son enfant, via la Place 0-5 ans, à plus d’un CPE, s’il le souhaite. En date du 31 mai dernier, le ministère de la Famille dénombrait 35 549 enfants en attente d’une place dans un service de garde éducatif à l’enfance (SGEE) au Québec, dont 6445 en Montérégie. À noter que ces enfants n’occupaient pas déjà de place en SGEE reconnu.

Problèmes

Le manque de places en services de garde éducatifs à l’enfance amène d’ailleurs plusieurs problèmes, dont l’aggravation de la pénurie de main-d’oeuvre. « Cette situation fait en sorte que de nombreux parents se retrouvent dans l’obligation de rester à la maison pour leurs enfants sans place en garderie. Cela les empêche de retourner sur le marché du travail », déplore Joanie Boucher. 

Nathalie Dumas remarque, quant à elle, des problèmes de développement chez certains enfants n’ayant pas fréquenté de garderie. « Dans notre nouvelle installation, on observe que plusieurs enfants en âge d’être propre ou encore de bien s’exprimer ne sont pas en mesure de le faire. Ces dommages montrent que la garderie est une étape fondamentale chez le développement de l’enfant, entre autres pour sa stimulation », explique-t-elle.  

Développement

Certains CPE témoignent également des lourdeurs administratives qui rendent leur développement et la création de nouvelles places assez difficiles. « Les démarches pour faire des agrandissements sont longues et complexes. L’attente pour recevoir un permis est aussi assez longue. On avance au compte-gouttes », affirme Mme Brodeur. 

« Je crois qu’une partie de la solution serait une plus grande rapidité des étapes pour ouvrir de nouvelles garderies et réaliser des agrandissements. On voit que la volonté est là, mais les démarches sont encore trop compliquées, ce qui est décourageant pour nous et encore plus pour ceux qui débutent dans ce milieu », raconte Mme Dumas. 

Selon le ministère de la Famille, « les places subventionnées en centre de la petite enfance ou en garderie sont attribuées dans le cadre d’appels de projets, qui circonscrivent les besoins par territoire. Ces besoins sont principalement déterminés par le modèle d’estimation de l’offre et de la demande de places en services de garde éducatifs à l’enfance », indique Wendy Whittom, coordonnatrice aux affaires publiques et relationniste de presse.

De nombreuses étapes sont ensuite nécessaires avant la concrétisation d’un tel projet. « Une fois le processus complété pour les demandes provenant de CPE, s’il reste des places à attribuer, les demandes de garderie sont analysées. Il est à noter que les décisions d’attribuer ou non des places subventionnées sont finales et sans appel », de conclure Mme Whittom. 

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