Un clown humanitaire en mission dans les camps de réfugiés

Daniela Vargas Rojas
drojas@canadafrancais.com

Un clown humanitaire en mission dans les camps de réfugiés
Cette année, le clown humanitaire Guillaume Vermette a participé à une mission en Ukraine et en Jordanie. (Photo : (Photo Canada Français-Laurianne Gervais Courchesne))

«Sincèrement, je veux changer le monde. Je veux me mettre au service des gens marginalisés en faisant ce que je sais faire le mieux », lance Guillaume Vermette. Ce clown humanitaire a parcouru plus de 40 pays en semant de la joie dans des camps de réfugiés, des orphelinats et des hôpitaux, entre autres, avec le légendaire Patch Adams. Le Canada Français l’a rencontré le 2 novembre lors de son passage à Saint-Jean-sur-Richelieu où il a prononcé une conférence relatant son histoire, ses derniers voyages et dans laquelle il présentait l’organisme la Caravane Philanthrope.

« J’ai décidé de devenir clown humanitaire quand j’étais animateur dans un camp de jour à 18 ans. En l’espace d’un été, j’ai créé un lien de confiance avec des jeunes d’Iqaluit. À un moment donné, une dizaine de jeunes m’ont avoué qu’ils voulaient mourir. Ça m’a brisé le cœur. J’ai pris une perruque laide que j’avais pour essayer de les faire rire, mais ça a été un échec. Ils ne riaient pas. Malgré cela, une relation très sincère s’est développée entre nous. Avec le temps, j’ai appris qu’être clown humanitaire, c’est plus que faire rire, c’est pouvoir offrir du réconfort à l’autre », raconte l’homme originaire de Trois-Rivières.

Guillaume Vermette avoue que ce moment a marqué sa vie à jamais. Même si l’idée de devenir clown humanitaire ne s’est pas concrétisée tout de suite, il a commencé à s’improviser clown dans les fêtes pour enfants. «Je ne savais pas qu’il y avait une école pour clowns. J’ai décidé de me lancer en psychologie au cégep et à l’université. Je faisais les deux en parallèle et, un jour, j’ai décidé de changer et d’étudier en théâtre clownesque», ajoute-t-il. 

Guillaume Vermette est entré en contact avec Patch Adams pour la première fois au téléphone par l’entremise d’un ami commun. Après ce premier appel, sa carrière a pris un tout autre tournant. Son vrai rêve de devenir clown humanitaire s’est réalisé en 2011 quand il a accompagné Patch Adams pour une mission dans les orphelinats en Russie. 

Les débuts

C’est grâce à ce premier contact que Guillaume Vermette a pu collaborer avec d’autres grands organismes de clowns à travers le monde, tels que Clowns sans frontières ou Flying Seagull Project. Grâce à cette dernière organisation, il a appris les techniques les plus importantes du métier qui, selon lui, est parmi les plus exigeants du monde humanitaire.

« Il n’y a pas de choses plus précieuses dans l’humanitaire que l’enfance. On contribue à guérir les enfants de leur trauma. Ça ne se fait pas n’importe comment, il y a une méthode et une éthique de travail. À travers le chaos, un enfant a besoin de structure dans un quotidien où ils peuvent se sentir en sécurité. Et nous, c’est ça qu’on amène, de la structure », affirme-t-il.

Guillaume Vermette a été bénévole humanitaire à temps plein entre 2015 et 2022. Il a parcouru de nombreux pays avec un sac à dos et en ayant comme seule paie la rencontre de l’humain. Durant ces années, il a visité les orphelinats en Russie où il a rencontré de nombreux enfants, particulièrement Rouslan, un enfant qui le considère comme son grand frère et avec lequel il reste en contact encore aujourd’hui.

Ce passionné d’êtres humains nous relate sa première visite dans un camp de réfugiés. « Je n’avais jamais vu de choses aussi terribles de toute ma vie. J’étais habitué que les enfants me reçoivent avec le sourire, mais là, ce n’était pas le cas. Les enfants avaient peur. Certains nous donnaient des coups de pied. Avec le temps, on a réussi à installer des routines. On revenait tous les jours à la même heure pour les voir. On a réussi à gagner leur confiance et à présenter un grand spectacle à la fin. Ces années ont été parmi les plus épanouissantes de ma vie et aussi les plus intenses », témoigne-t-il. Le clown raconte devoir travailler dans des conditions difficiles, notamment avec la crainte d’être la cible de tirs ou de bombardements. 

La Caravane philanthrope

Après cinq ans de bénévolat à l’étranger, l’homme de cœur est revenu au Québec en 2019 pour se bâtir une armée de clowns. Il a créé la Caravane philanthrope, un organisme de 40 personnes qui travaillent pour le bien-être des populations marginalisées. Ils interviennent dans les CHSLD, auprès des personnes en situation d’itinérance, dans les communautés autochtones et, bientôt, ils collaboreront avec la DPJ.

L’organisme va également quelques fois par année à l’étranger pour visiter les zones affectées par la guerre et la violence. Cette année, M. Vermette et quatre autres clowns ont participé à une mission en Ukraine et en Jordanie. « En Ukraine, j’ai visité des soldats qui avaient tout perdu. Ce qui m’a marqué, c’est que ma seule présence a suffi pour les faire fondre en larmes dans mes bras. Ils étaient émus de voir qu’un tata venait du Canada leur dire  »Salut, je suis content de te voir ». »

Afin de rendre tous ses projets possibles, le clown, qui possède un doctorat honorifique, offre également des conférences afin de financer le projet de la Caravane philanthrope. L’organisme, lauréat de nombreux prix, existe grâce aux dons de particuliers.

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