L’ancien maire Myroslaw Smereka est décédé

Par Louise Bédard
L’ancien maire Myroslaw Smereka est décédé
Myroslaw Smereka a été maire de Saint-Jean-sur-Richelieu de 1994 à 2001. (Photo : (Photo Le Canada Français - Archives))

Myroslaw Smereka, maire de Saint-Jean-sur-Richelieu de 1994 à 2001, est décédé le 22 décembre dernier, à l’âge de 75 ans.

Natif de La Prairie, fils d’immigrants ukrainiens, il a fait des études en économie et a enseigné durant vingt ans dans divers établissements universitaires, dont le Collège militaire royal de Saint-Jean avant de faire le saut en politique municipale.

Impliqué d’abord à la Chambre de commerce du Haut-Richelieu, il en occupe la présidence en 1991 et 1992. Il renforce le rôle de l’organisme comme acteur de la vie régionale. Il travaille à l’abolition de l’interurbain avec Montréal. 

Par la suite, il se fait connaître dans l’organisation de la grande marche de protestation contre la fermeture du Collège militaire, le 13 mars 1994. Élu maire la même année, il veut être le médiateur entre le fédéral et le provincial dans un dossier hautement politisé afin d’assurer une pérennité au site.

Politique municipale

Il demeure cependant peu connu de la majorité des électeurs quand il décide de se lancer en politique municipale en juin 1994. Candidat indépendant, il fait campagne sur la relance économique de Saint-Jean et du centre-ville ainsi que l’assainissement des finances. 

Il est l’outsider dans la course qui oppose Marie Signori-Guérin, Jules Roy et Robert Lanciault qui ont de l’expérience sur la scène municipale. La campagne prend tout un virage en septembre quand M. Lanciault se désiste au profit de Mme Signori-Guérin et que M. Roy se retire de la course. 

M. Smereka ne devait pas être le gagnant, mais il mène une campagne de tous les instants. Ses talents de bon communicateur jouent à son avantage. Le soir du 6 novembre 1994, il succède au maire Delbert Deschambault, l’emportant avec 52,8% des voix. 

Les électeurs ont voulu du changement et ont élu un homme étranger à l’establishment qui trouvera ses appuis avant tout dans le milieu communautaire durant ses deux mandats à l’Hôtel de Ville.

Grand Verglas

Myroslaw Smereka restera le maire du Grand Verglas. Dans une entrevue accordée en janvier 2018, vingt ans plus tard, il dira: « Je pense avoir fait une gestion solidaire de la crise du verglas », entendant par là qu’il a voulu être proche des sinistrés tout au long de ces moments difficiles.

Il n’hésite pas à dénoncer, sur les ondes de Radio-Canada, la lenteur de Québec à réagir à la crise, et ce, au grand déplaisir des autorités provinciales. « L’organisation de la sécurité civile était une bureaucratie centralisée à Québec. Il n’y avait pas de structure locale pour répondre à la situation. En outre, le premier ministre et le président d’Hydro-Québec, André Caillé, présentaient la crise avec des lunettes roses. Lucien Bouchard a fait une gestion lucide de la crise, moi, j’ai fait une gestion solidaire », déclarera-t-il en rétrospective.

L’année du Grand Verglas en est aussi une d’élections municipales et M. Smereka bénéficie de la visibilité acquise pour sa réélection. Si son slogan était « Du neuf à la mairie » en 1994, il adopte celui de « De nouveau à la mairie » en 1998. Cette fois-ci, il tire avantage que la lutte ne soit pas à deux. Malgré la perte d’appuis notamment dans le milieu des affaires et des remous tant au conseil que dans l’administration municipale durant son premier mandat, il l’emporte avec 48% des voix. 

Fusion

Son second mandat ne sera pas de tout repos alors que le processus de fusion est en marche. Le 17 janvier 2001, le conseil des ministres adopte le décret créant la nouvelle ville regroupant Saint-Jean-sur-Richelieu, Iberville, Saint-Luc, Saint-Athanase et L’Acadie. L’élection n’aura lieu qu’en novembre 2002. Entre-temps, un conseil provisoire est formé. C’est le maire de Saint-Luc, Gilles Dolbec, qui en devient le maire et sera élu par la suite aux élections. M. Smereka, qui a renoncé à se présenter comme maire du conseil provisoire, termine sa carrière politique comme conseiller.

Dans son allocution de départ, en octobre 2002, il dira avoir été un maire «social» comme dans «économie sociale». Il identifiera la gestion de la contamination au cyanure de l’ex-usine Longtin Conduits comme le dossier le plus difficile qu’il aura eu à gérer.

« Myro »

Myroslaw Smereka, « Myro » comme les gens l’appelaient familièrement, aimait bien discuter de politique municipale et d’actualité. Il ne craignait pas d’exprimer ses opinions. Fin stratège, il avait aussi le sens de la formule et avait le tour de faire des déclarations pour attirer l’attention.

Son intérêt pour la politique municipale ne l’a jamais quitté. Il sera chroniqueur d’abord au défunt Le Courrier du Haut-Richelieu puis, à compter de juin 2018, au journal Le Canada Français. Il était invité fréquemment à l’émission EricLatour.com sur les ondes de la Télévision du Haut-Richelieu pour commenter l’actualité municipale.

Sa notice nécrologique précise que sa famille se réunira à une date ultérieure et que les témoignages de sympathies peuvent s’exprimer par un don à SLA Québec.

En hommage à Myroslaw Smereka, le drapeau de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu a été mis en berne à l’hôtel de ville le mardi 26 décembre. En accord avec le protocole, le drapeau restera en berne durant une semaine.

NDLR: Le Canada Français remercie Sylvain et Éric Latour, Philippe Lasnier et Gilles Bérubé qui ont généreusement partagé leurs souvenirs de M. Smereka.

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